Cryptoportiques d'Arles : avis et conseils pratiques

Les Cryptoportiques d'Arles : dans les entrailles du forum romain

Le mot de la rédaction, publié le 05/11/2025

Descendez les marches de l'hôtel de ville et le temps bascule. La température chute de plusieurs degrés. L'air devient humide, presque palpable. Sous vos pieds, le sol antique sur lequel marchaient les habitants d'Arelate il y a deux mille ans. Les Cryptoportiques d'Arles ne ressemblent à aucune autre visite : c'est un voyage souterrain au cœur de l'ingénierie romaine.

Pourquoi ces galeries sont-elles si fascinantes ?

Édifiées à la fin du 1er siècle avant notre ère, ces galeries voûtées constituaient les fondations invisibles du forum, le cœur battant de la ville romaine. Le défi était de taille : construire une vaste place publique sur un terrain naturellement en pente vers le Rhône. Les ingénieurs romains ont résolu l'équation avec une élégance redoutable.

Trois galeries monumentales disposées en U forment une terrasse artificielle de 90 mètres de long. Chaque branche se compose d'une double galerie de 8,5 mètres de large, soutenue par des piliers rectangulaires en grand appareil. Les voûtes en berceau retombent sur des arcades au cintre surbaissé. Un chef-d'œuvre d'architecture qui a traversé vingt siècles, classé au Patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1981.

L'expérience de la visite : une plongée dans l'obscurité

Ne vous attendez pas à une visite aseptisée. Les cryptoportiques conservent leur caractère brut et mystérieux. La fraîcheur qui règne en permanence (particulièrement appréciable en plein été provençal) contraste avec la chaleur écrasante de la surface. Vos yeux s'habituent progressivement à la pénombre.

Le parcours serpente à travers les trois galeries principales. La galerie sud est directement creusée dans le rocher de la colline. Au nord, le terrain fut remblayé de plusieurs mètres, préservant ainsi des vestiges de la ville préromaine. Des soupiraux permettaient autrefois la ventilation et l'éclairage naturel. Les piliers massifs se succèdent dans une perspective troublante, créant un jeu d'ombres et de lumières.

La quatrième galerie : témoin d'une autre époque

Une galerie supplémentaire se distingue par l'emploi de briques dans ses murs et ses voûtes. Elle témoigne d'une restructuration complète du centre-ville à l'Antiquité tardive, probablement au 4ème siècle après J.-C. Cette partie accolée aux anciennes boutiques de l'état augustéen révèle les différentes strates de l'histoire urbaine d'Arles.

Ce que les galeries racontent

Contrairement à ce qu'on pourrait imaginer, ces galeries n'étaient pas accessibles au grand public à l'époque romaine. Seules deux entrées de service étroites permettaient d'y accéder. Elles servaient probablement d'espaces de stockage et de services pour les activités du forum situé au-dessus.

Au début du 5ème siècle, alors que le forum commençait à être démantelé, les cryptoportiques furent cloisonnés pour servir de caves à des particuliers. Plus tard, certaines sections furent même utilisées comme cellules de prison. Chaque pierre porte en elle les traces de ces usages successifs.

Le conseil d'ami : la visite dure environ 30 minutes et peut sembler spartiate (peu de panneaux explicatifs). Prenez le temps de vous arrêter dans chaque galerie pour observer les détails architecturaux. Regardez attentivement les piliers : leur construction en grand appareil, avec d'énormes blocs parfaitement ajustés sans mortier, illustre la maîtrise technique romaine. Venez plutôt en fin de matinée ou début d'après-midi quand la lumière naturelle des soupiraux est optimale.

Important : le site n'est pas accessible aux personnes à mobilité réduite en raison des nombreux escaliers. L'atmosphère peut être oppressante pour les personnes claustrophobes. Le sol est parfois humide et glissant, prévoyez des chaussures adaptées.