
Le mot de la rédaction, publié le 24/10/2025
Deux millénaires après sa construction, l'amphithéâtre d'Arles continue de dominer la ville de ses 21 mètres de hauteur. Ses 120 arcades en pierre dorée témoignent d'une époque où la petite Rome des Gaules rivalisait avec les plus grandes cités de l'Empire. Ce géant de pierre a survécu aux invasions, aux transformations, aux siècles, pour devenir aujourd'hui le monument le plus visité d'Arles.
Édifié en 90 après J-C sous le règne de l'empereur Domitien, cet amphithéâtre incarnait la puissance de la colonie romaine d'Arelate. Avec ses dimensions impressionnantes de 136 mètres sur 107 mètres, il surpasse même celui de Nîmes et se classe au vingtième rang mondial des amphithéâtres romains. Inspiré du Colisée de Rome achevé dix ans plus tôt, sa conception permettait d'accueillir jusqu'à 21 000 spectateurs répartis sur deux niveaux de gradins.
Son inscription au patrimoine mondial de l'UNESCO en 1981 consacre son importance architecturale exceptionnelle. L'édifice témoigne du génie romain avec son réseau ingénieux de galeries, d'escaliers et de passages permettant une circulation fluide des foules.
La façade elliptique déploie 60 arcades à deux niveaux. Le premier étage, sobre, adopte l'ordre dorique tandis que le second arbore des colonnes corinthiennes aux chapiteaux ornés de feuilles d'acanthe. Cette dualité reflétait la hiérarchie sociale romaine. Les galeries souterraines, fraîchement restaurées et ouvertes au public depuis 2025, dévoilent les coulisses des spectacles antiques.
Sous l'arène, un plancher de bois aujourd'hui disparu dissimulait la machinerie, les cages aux fauves et les coulisses où les gladiateurs se préparaient. Ces espaces techniques révèlent la sophistication des mises en scène romaines.
Au Ve siècle, l'amphithéâtre se métamorphose en forteresse. Des tours de guet s'érigent, et plus de 200 maisons envahissent progressivement les gradins, transformant l'édifice en village fortifié avec ses deux chapelles. Cette occupation médiévale, bien que destructrice, contribue paradoxalement à la préservation de la structure. Les restaurateurs du XIXe siècle choisiront judicieusement de conserver ces tours médiévales, offrant au monument son profil unique actuel.
L'amphithéâtre n'est pas qu'un musée à ciel ouvert. Il vibre au rythme des spectacles contemporains et perpétue sa fonction originelle de lieu de rassemblement populaire :
Le conseil d'ami : montez jusqu'aux gradins supérieurs en fin d'après-midi. La lumière dorée du soleil couchant embrase la pierre blonde des arcades et offre une vue panoramique exceptionnelle sur les toits d'Arles et la vallée du Rhône. Vous comprendrez pourquoi Van Gogh tomba sous le charme de cette ville.
Depuis avril 2025, les galeries souterraines restaurées se visitent enfin. Ces passages labyrinthiques abritaient autrefois infirmerie et morgue, témoignant de la violence des spectacles. Une dizaine d'alcôves servaient de cages aux bêtes sauvages. Cette plongée dans les entrailles de l'amphithéâtre complète magnifiquement la visite et fait revivre l'ambiance électrique des jeux antiques.
*Informations sujettes à variation
Dommage, le site mériterait d’être un peu plus mis en valeur !