
Le mot de la rédaction, publié le 30/09/2025
Dressé sur une falaise de grès rose qui surplombe la Rivière Ness, le château d'Inverness veille sur la capitale des Highlands écossais depuis près d'un millénaire. Cette silhouette victorienne aux tourelles crénelées cache mille histoires tumultueuses : sièges sanglants, trahisons royales et rebellions jacobites. Un site occupé sans interruption depuis 1057, témoin privilégié des luttes de pouvoir qui ont forgé l'Écosse.
L'histoire commence en 1057 lorsque Malcolm III construit une première forteresse sur ce promontoire stratégique, après avoir détruit le château rival de Macbeth à Crown Hill. Le lieu devient rapidement le théâtre de drames shakespeariens bien réels. En 1428, le roi Jacques Ier y tend un piège redoutable en convoquant cinquante chefs de clans sous prétexte de négociations, avant de les arrêter et d'en exécuter plusieurs sur place.
Le château actuel date de 1836, conçu par l'architecte William Burn dans un style néo-gothique romantique qui célèbre le passé tumultueux des Highlands. Ce grès rouge sang remplace une forteresse médiévale pulvérisée en 1746 sur ordre de Bonnie Prince Charlie, juste avant la bataille de Culloden, pour empêcher les troupes gouvernementales de s'en emparer. Cette décision marque la fin d'une longue succession de destructions et de reconstructions qui ont rythmé l'existence du site pendant sept siècles.
Le premier château, en terre et bois avec fossés et remparts, évolue vers une imposante structure de pierre au XVᵉ siècle. Le comte de Mar inaugure cette transformation en 1412, créant une forteresse capable de résister aux attaques des puissants seigneurs des Îles. En 1548, le comte de Huntly achève une tour massive de cinq étages avec grand hall et chapelle.
L'épisode le plus dramatique survient en septembre 1562 : Marie Stuart, reine d'Écosse, se voit refuser l'entrée de son propre château par le gouverneur Gordon, fidèle au comte de Huntly. La souveraine furieuse mobilise les clans Fraser et Munro qui assiègent le château pendant trois jours. Victoire royale : Gordon est pendu pour trahison sur ordre de la reine.
Le bâtiment actuel, construit entre 1833 et 1848, fonctionne d'abord comme tribunal et prison. Burn s'inspire du romantisme écossais popularisé par Walter Scott, créant une architecture théâtrale avec tours octogonales, créneaux et mâchicoulis. Le grès rose local, extrait des carrières environnantes, confère au château sa couleur distinctive qui flamboie au coucher du soleil.
La Rose Window, magnifique vitrail de 1867 provenant d'une ancienne église de la ville, trône désormais à l'intérieur après une restauration minutieuse. La statue de Flora MacDonald, héroïne des Highlands qui aida Bonnie Prince Charlie à s'échapper après Culloden, veille sur l'esplanade depuis 1896, le regard tourné vers l'ouest.
Le conseil d'ami : pour apprécier pleinement le château, approchez-le d'abord depuis le pont Ness Bridge, côté opposé de la rivière. La vue frontale sur la falaise de grès rose dominant les eaux sombres reste la plus spectaculaire, surtout en fin d'après-midi quand le soleil embrase la pierre. Une fois à l'intérieur, montez directement à la terrasse panoramique avant d'explorer les expositions : comprendre la géographie des Highlands depuis les hauteurs enrichit considérablement la visite.
Le château se situe à quinze minutes à pied de la gare d'Inverness, terminus de la ligne ferroviaire venant d'Édimbourg. Le centre-ville historique déploie ses charmes à proximité immédiate : le musée et galerie d'art d'Inverness, l'Old High Church médiévale et les paisibles îles Ness accessibles par des passerelles victoriennes suspendues au-dessus de la rivière.
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