


Le mot de la rédaction, publié le 02/11/2025
Dès que l'on franchit le Ponte Vittorio Emanuele I, la silhouette imposante de l'église se détache sur fond de colline. Six colonnes corinthiennes monumentales soutiennent un fronton triangulaire, tandis que la coupole évoque immédiatement le Panthéon romain. Cette église néoclassique, à la fois majestueuse et sobre, est devenue l'une des icônes visuelles de Turin.
Commandée en 1814 par les décurions de Turin pour célébrer le retour de Victor-Emmanuel Ier de Savoie après la défaite de Napoléon, l'église ne fut inaugurée qu'en 1831. L'architecte Ferdinando Bonsignore conçut un édifice qui transcende sa fonction religieuse initiale pour devenir un symbole politique et patriotique.
L'inscription latine gravée sur le tympan ne laisse aucun doute sur cette intention : "ORDO POPVLVSQVE TAVRINVS OB ADVENTVM REGIS" (La noblesse et le peuple de Turin pour le retour du Roi). Mais au-delà de cette dimension historique, c'est surtout l'aura mystérieuse qui entoure l'édifice qui captive les visiteurs du monde entier.
Turin cultive depuis longtemps une réputation de ville magique, partagée entre lumière et ténèbres. La Gran Madre di Dio incarne parfaitement cette dualité, surnommée parfois l'église la plus ésotérique de la ville.
Une première légende affirme que l'église aurait été construite sur l'emplacement d'un ancien temple dédié à Isis, la déesse égyptienne également appelée "Grande Mère". Cette théorie, bien que dépourvue de preuves historiques, alimente les fantasmes autour de ce lieu situé près du fleuve, symbole ancestral de vie.
La légende la plus persistante concerne le Saint Graal. Deux statues monumentales encadrent l'escalier monumental : la Foi, tenant un calice dans sa main gauche, et la Religion, brandissant une croix. Selon la tradition ésotérique, la statue de la Foi regarderait précisément vers l'endroit où serait caché le Graal à Turin.
L'absence d'iris sculpté dans les yeux de la statue laisse cependant planer le doute sur la direction exacte. D'autres interprètes suggèrent que c'est la statue de la Religion qui indique le véritable emplacement. Cette ambiguïté entretient le mystère et attire chaque année des chercheurs de reliques et des curieux du monde entier.
Le conseil d'ami : visitez l'église en fin d'après-midi quand la lumière dorée baigne la façade et que les ombres allongées des colonnes créent des jeux graphiques sur l'escalier. C'est aussi le meilleur moment pour photographier la vue panoramique depuis le parvis, avec la Piazza Vittorio Veneto s'étirant devant vous jusqu'à la Mole Antonelliana.
Contrairement à l'imposante façade, l'intérieur surprend par sa simplicité. La nef circulaire unique crée une atmosphère recueillie et intimiste. Le maître-autel, encadré de deux colonnes en porphyre rouge, accueille une statue lumineuse de la Vierge à l'Enfant sculptée par Andrea Galassi, auréolée de rayons dorés.
La coupole, ornée de guirlandes sculptées et de bas-reliefs représentant des épisodes de la vie de la Vierge, capte la lumière naturelle qui filtre par l'oculus. Dans les niches latérales, quatre statues honorent saint Maurice, la bienheureuse Marguerite de Savoie, le bienheureux Amédée IX de Savoie et saint Jean-Baptiste, patron de Turin.
Sous l'église, une crypte conçue en 1932 par l'architecte Giovanni Ricci abrite l'ossuaire des morts de la Première Guerre mondiale, inauguré en présence de Mussolini. Ce lieu de mémoire ajoute une dimension solennelle à l'ensemble.
Monter les marches du grand escalier vaut autant pour le panorama que pour l'église elle-même. Depuis le parvis, la perspective s'ouvre majestueusement sur la plus grande place d'Europe, la Piazza Vittorio Veneto, puis s'étire le long de la Via Po rectiligne jusqu'au cœur historique de la ville.
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