


Le mot de la rédaction, publié le 24/10/2025
Derrière l'imposant Palais Royal, s'étendent sept hectares de jardins où la nature dialogue avec l'architecture depuis le XVIe siècle. Ces jardins ne sont pas qu'une simple promenade verte : ils incarnent l'histoire d'une dynastie et les métamorphoses du goût européen.
Voulus initialement par Emanuele Filiberto à la fin du XVIe siècle, ces jardins marquaient alors l'extrême périphérie de Turin, nouvelle capitale du duché guerrier. C'est à la fin du XVIIe siècle qu'André Le Nôtre, l'architecte paysagiste créateur des jardins de Versailles, leur donna leur caractère actuel. Les jardins témoignent ainsi de l'influence française sur la cour des Savoie et de leur volonté d'égaler les grandes cours européennes.
Délimités par l'ancienne enceinte de la ville, ils représentent le cœur de la cour de Savoie, symbole du pouvoir de la dynastie. Aujourd'hui accessibles gratuitement au public, ils offrent une parenthèse inattendue dans l'effervescence du centre historique turinois.
Les jardins royaux se décomposent en plusieurs zones, chacune avec son caractère propre. Le premier secteur est le Giardino Ducale, un espace de forme régulaire caractérisé par la présence d'une moderne fontaine à zampilli.
Le secteur le plus ample des jardins est celui de Levante, avec un système de viales qui créent des perspectives scénographiques. La légère pente de l'avenue centrale crée une spectaculaire fuite de perspective qui mène vers la charmante fontaine des Néréides et des Tritons, réalisée en 1755 par le sculpteur Simone Martinez. Les figures mythologiques jouent avec l'eau dans un déluge de jaillissements voulus par le roi.
Les statues des Quatre Saisons, sculptées en marbre de Frabosa entre 1740 et 1753 par Simone Martinez, ont été réintégrées sur leurs socles dans l'exèdre en 2024 après un parcours mouvementé à travers l'histoire. Ces allégories proviennent de la Reggia di Venaria et furent installées ici au début du XIXe siècle.
Le secteur nord-est des jardins, connu comme le "Boschetto", est de matrice XIXe siècle. Une série d'arbres et arbustes collaborent à créer un jeu d'ombres et motifs sauvages en contraste avec les jardins à l'italienne. C'est ici que l'art contemporain s'invite : l'installation de Giulio Paolini "Pietre Preziose" est réalisée avec les restes marmoréens de la coupole de la Chapelle de la Sainte Suaire, endommagée par un incendie en 1997.
Le Bastion Verde est le dernier tracé resté de l'ancienne fortification de la ville. Ce petit pavillon au toit spiovente caractéristique fut érigé à la fin du XVIIe siècle à des fins défensives. Avec l'arrivée de Napoléon à Turin et le progressif démantèlement des murs au début du XIXe siècle, on perdit les références des vieilles fortifications défensives. Ce bastion survécut et témoigne aujourd'hui du passé militaire de Turin.
Le conseil d'ami : les volontaires du Touring Club accueillent les visiteurs tous les jours de 10h à 17h, sauf le mercredi. N'hésitez pas à leur poser vos questions : ils connaissent chaque recoin des jardins et partagent volontiers anecdotes et détails historiques invisibles au premier regard.
Avec l'achèvement des Serre Reali (serres royales) et le réaménagement des Giardini Reali, prévu pour la fin de l'année 2025, Turin se prépare à offrir une expérience encore plus complète. Le protocole signé entre les Musées Royaux et la Fondation Compagnia di San Paolo vise à transformer l'ensemble en un point de rencontre entre art, nature et archéologie.
*Informations sujettes à variation