
Visiter Bari : entre pierres blondes et mer turquoise, le talon de la botte
Le mot de la rédaction, mis à jour le 22/10/2025
L'odeur de la focaccia chaude flotte dans les ruelles étroites. Une nonna façonne des orecchiette sur le pas de sa porte, ses mains farineuses répétant les mêmes gestes depuis cinquante ans. Quelques mètres plus loin, une terrasse déborde de jeunes Barésiois qui sirotent un Aperol spritz. Capitale des Pouilles, Bari vit à son propre rythme, celui d'une métropole portuaire qui refuse de sacrifier son âme méditerranéenne sur l'autel de la modernité.
Une destination qui joue sur deux tableaux
Deuxième pôle économique du sud de l'Italie après Naples, Bari surprend par sa double personnalité. D'un côté, une vieille ville médiévale où le linge sèche entre les façades ocre et où les discussions s'échappent des fenêtres ouvertes. De l'autre, un centre moderne qui ne renie rien de son dynamisme commercial et universitaire.
Cette ville s'adresse aux voyageurs qui cherchent l'authenticité sans renoncer au confort urbain. Les amateurs d'histoire trouveront leur compte dans les monuments romans et byzantins. Les gourmands feront bombance dans une région bénie des dieux culinairement parlant. Les familles apprécieront les 40 kilomètres de plages dorées qui bordent la ville. Par contre, si vous cherchez la carte postale figée ou le village médiéval endormi, passez votre chemin - Bari grouille, bourdonne et vit intensément.
Question budget : comptez 80-100€ par jour en milieu de gamme (hébergement, repas, visites). La ville se parcourt aisément à pied, ce qui limite les frais de transport. L'été amène les prix à la hausse et la foule sur le littoral - à vous de peser le pour et le contre.
Se perdre dans le labyrinthe de Bari Vecchia
Le cœur historique s'étend sur une presqu'île qui avance dans l'Adriatique. Ici, pas d'itinéraire tracé au cordeau - le meilleur conseil reste de vous perdre volontairement. Les ruelles se resserrent, bifurquent, s'ouvrent soudain sur une placette où traînent trois chaises en plastique.
Sur la Via Arco Basso, le spectacle est permanent. Les mamme installent leurs planches à pâte dès le matin pour confectionner les fameuses orecchiette, ces petites pâtes en forme d'oreille. Elles les vendent directement, sans intermédiaire, à 5€ le kilo. Fraîcheur garantie, conservateurs zéro.
Le conseil d'ami : Passez dans cette rue en fin de matinée quand la production bat son plein. Les femmes acceptent généralement les photos avec le sourire, mais demandez toujours avant.
La basilique San Nicola, gardienne des reliques
Impossible de louper cette basilique romane du XIe siècle qui domine la vieille ville. L'édifice abrite les reliques de Saint Nicolas, dérobées à Myre en 1087 pour les soustraire aux Turcs. Depuis, le lieu attire pèlerins orthodoxes et catholiques dans une rare harmonie œcuménique.
L'architecture frappe par sa sobriété normande. La crypte, consacrée en 1089 par le pape Urbain II, vaut le détour pour ses colonnes antiques réemployées.
La cathédrale San Sabino et son secret byzantin
À quelques pas, la cathédrale San Sabino exhibe sa façade en pierre blanche immaculée. Ce qu'on voit moins : elle repose sur les ruines de l'ancien dôme byzantin, dont certains vestiges affleurent encore dans la crypte.
Les monuments qui racontent mille ans d'histoire
Le Château Normand-Souabe plante sa masse imposante entre la vieille ville et la mer. Cette forteresse du XIIe siècle, remaniée par Frédéric II, témoigne du passé militaire défensif de la cité. L'intérieur accueille des expositions temporaires, mais franchement, le spectacle est surtout à l'extérieur - l'austérité du bâtiment en impose.
Amateurs d'art, foncez à la Pinacothèque Provinciale Corrado Giaquinto. Ce musée rassemble des œuvres représentatives de l'histoire artistique des Pouilles, des primitifs italiens aux créations contemporaines. Peintures, sculptures, retables : le parcours dessine une belle fresque régionale.
Le soir, le Théâtre Petruzzelli allume ses lumières rouges. Ce mastodonte, plus grand théâtre privé d'Europe et quatrième d'Italie, a rouvert en 2009 après un incendie dévastateur en 1991. Les prix des représentations restent abordables - une occasion rare de voir un opéra sans exploser son budget.
Le conseil d'ami : Réservez vos places à l'avance sur le site officiel du théâtre. Les dernières rangées offrent une acoustique parfaite pour moitié prix.
Le Borgo Murattiano et ses airs parisiens
Joachim Murat, beau-frère de Napoléon et éphémère roi de Naples, voulait dynamiser le commerce local. Il fit tracer au début du XIXe siècle ce quartier moderne aux rues qui se coupent à angle droit - un contraste saisissant avec le dédale de Bari Vecchia.
La Via Sparano da Bari concentre l'essentiel du shopping, des grandes enseignes internationales aux boutiques locales. En chemin, levez les yeux pour admirer le Palazzo Mincuzzi, joyau Art nouveau reconverti en grand magasin de vêtements. Ses espaces intérieurs valent le coup d'œil même si vous n'achetez rien.
Le Corso Cavour aligne les édifices bourgeois et néoclassiques. C'est là que trône le Théâtre Petruzzelli dont on a déjà parlé, avec sur sa façade les médaillons des trois grands compositeurs italiens : Bellini, Verdi et Rossini.
Le Lungomare et l'appel du large
Impossible de séjourner ici sans longer la promenade du bord de mer. Les Barésiois y font leur jogging matinal, y pédal ent en famille le dimanche, y flânent le soir venu quand la chaleur retombe. Les 40 kilomètres de littoral qui ceinturent la ville offrent des plages urbaines accessibles et des eaux cristallines.
Pour une perspective différente, embarquez pour une sortie en bateau au coucher du soleil. Plusieurs opérateurs proposent des tours d'1h30 avec aperitivo inclus - compter 60€ par personne. La ville vue depuis la mer, avec ses monuments qui se découpent sur le ciel rougeoyant, ça change tout.
Où manger et boire à Bari ?
La gastronomie locale ne plaisante pas avec la qualité. La burrata, née dans les Pouilles, atteint ici des sommets de crémeux. Les orecchiette con cime di rapa (pâtes aux fanes de navet et anchois) sont une institution. La focaccia barese, moelleuse et généreuse en huile d'olive, se grignote à toute heure.
Ne loupez pas les spaghetti all'assassina, spécialité locale méconnue : les pâtes sont rissolées directement dans la sauce tomate relevée jusqu'à obtenir des bords légèrement carbonisés. Le restaurant Urban l'Assassineria Urbana en a fait sa signature et décline le plat en neuf versions.
Pour une expérience plus traditionnelle, Terranima sublime les recettes populaires barésiennes dans une atmosphère rustique et chaleureuse. Tout vient du coin, de la terre comme de la mer. PerBacco, dans la vieille ville, marie tradition et innovation avec une carte des vins qui met en valeur les crus régionaux.
Amateurs de fruits de mer, filez chez La Tana del Polpo pour leur poulpe grillé légendaire. L'atmosphère décontractée en fait une adresse parfaite pour un dîner convivial.
Le conseil d'ami : Pour la focaccia, oubliez les boulangeries touristiques près de la basilique. Prenez celle de la boulangerie Chez Magda, via Pasquale Villari - les locaux y font la queue.
Où dormir à Bari et aux alentours ?
Pour être au cœur de l'action, privilégiez le Borgo Murattiano, à équidistance de la vieille ville et de la gare. Les hébergements y sont nombreux, du B&B familial à l'hôtel boutique. Comptez 70-120€ la nuit en moyenne gamme.
Bari Vecchia offre une immersion totale mais attention aux ruelles bruyantes - vérifiez l'emplacement exact avant de réserver. Les chambres d'hôtes y fleurissent, souvent aménagées dans de vieilles demeures en pierre.
Si vous cherchez le calme avec un accès facile à la ville, regardez du côté de Torre a Mare ou San Spirito, quartiers résidentiels en bord de mer à 10-15 km du centre. Location de voiture recommandée dans ce cas.
Comment se rendre et se déplacer à Bari ?
L'aéroport international Karol Wojtyla se trouve à 20 minutes du centre-ville. Les vols directs depuis Paris prennent 2h20 et démarrent autour de 40-120€ selon la saison. Le bus 16 relie l'aéroport à la gare centrale en 45 minutes pour 1,50€ - option la plus économique.
En train depuis Naples, comptez 2h50 de trajet. La gare Bari Centrale est bien connectée au reste de l'Italie.
Sur place, le centre se parcourt entièrement à pied. Les principales attractions se concentrent entre Bari Vecchia et le Borgo Murattiano, deux quartiers adjacents. Pour les plages excentrées ou les excursions dans la région, louez une voiture (30-50€/jour) ou utilisez les trains régionaux qui desservent bien les villes côtières.
Quand y aller ?
La belle saison s'étend d'avril à septembre, avec un pic de chaleur et d'affluence en juillet-août. Les températures frôlent alors les 35°C et les plages saturent. Mai-juin et septembre-octobre offrent le meilleur compromis : climat agréable (22-28°C), mer encore chaude, infrastructures touristiques opérationnelles sans la cohue estivale.
L'hiver reste doux (10-15°C) mais plusieurs établissements ferment leurs portes. Vous y gagnerez en tranquillité et en authenticité - les Barésiois reprennent possession de leur ville. La fête de San Nicola début mai attire les foules mais vaut le détour pour son folklore intense.








