Visiter Staletti : mer turquoise et vestiges oubliés en Calabre

Le mot de la rédaction, mis à jour le 25/10/2025

Avez-vous déjà rêvé d'un coin d'Italie où les eaux de la mer Ionienne rivalisent avec celles des Caraïbes, sans la foule de Tropea ou l'effervescence de la côte amalfitaine ? Niché sur un promontoire dominant le golfe de Squillace, ce petit village de la province de Catanzaro cultive une forme de discrétion qui fait tout son charme. Ici, pas de selfie sticks ni de files d'attente devant les monuments.

Le parfum d'iode se mêle à celui du basilic frais qui déborde des balcons, tandis que les vieilles pierres racontent des histoires que personne ne prend plus le temps d'écouter. Entre deux siestes à l'ombre des oliviers centenaires, vous découvrirez des plages qui font rougir les magazines de voyage et des ruines d'églises qui ont résisté aux tremblements de terre et à l'oubli.

Pour qui cette destination est-elle faite ?

Si vous cherchez l'animation nocturne et les boutiques de luxe, oubliez Staletti. En revanche, si l'idée de plonger dans une eau cristalline le matin, d'explorer des vestiges byzantins l'après-midi et de déguster des pâtes artisanales le soir vous fait vibrer, vous êtes au bon endroit.

Cette destination s'adresse aux amoureux de la Calabre authentique, à ceux qui apprécient le rythme lent des villages du sud de l'Italie. Les familles trouveront des plages adaptées aux enfants, les couples en quête de romantisme profiteront du cadre intimiste, et les amateurs d'histoire auront de quoi satisfaire leur curiosité.

Budget modéré nécessaire : comptez 70-100 € par jour pour deux personnes, hébergement et repas inclus. Une voiture est fortement recommandée pour explorer les environs, même si quelques sentiers côtiers permettent de rejoindre certaines plages à pied.

Le joyau caché : la plage de Caminia et ses eaux émeraude

À dix minutes de voiture du village, la plage de Caminia mérite à elle seule le détour. Coincée entre deux falaises comme un secret bien gardé, cette langue de sable doré donne sur une eau dont les nuances de turquoise défient toute description rationnelle. Les locaux affirment que c'est l'une des plus belles plages de Calabre, et pour une fois, ce n'est pas de l'exagération marketing.

L'eau y est peu profonde sur plusieurs mètres, parfaite pour la baignade et le snorkeling. Apportez votre masque : les fonds rocheux abritent une vie marine colorée. La plage mélange zones libres et établissements avec transats, vous laissant le choix entre confort et authenticité.

Si vous êtes courageux, empruntez le sentier côtier depuis le village : une marche de 40 minutes à travers les broussailles méditerranéennes, entre figuiers de Barbarie et mastic, qui récompense vos efforts par des points de vue spectaculaires.

Le conseil d'ami : arrivez avant 9h30 en juillet-août pour trouver une place de parking. Après, c'est la jungle urbaine version italienne, avec les voitures garées dans tous les sens. Sinon, marchez depuis le village au petit matin quand la lumière est magique.

La grotte de San Gregorio

Au bout de la plage, du côté du promontoire rocheux surnommé Torrazzo, deux ouvertures dans la falaise signalent l'entrée de la grotte de San Gregorio. Selon la tradition locale, les reliques de Saint Grégoire le Thaumaturge y auraient été cachées. Par mer calme, vous pouvez vous y aventurer en snorkeling, mais attention aux courants. La falaise abrite également des hirondelles de mer et des faucons pèlerins qui nichent dans les cavités rocheuses.

Flânerie dans le village et trésors patrimoniaux

Le centre historique se parcourt en une heure de marche tranquille. L'essentiel se joue dans l'art de ralentir : s'asseoir en terrasse pour observer le ballet des habitants, suivre le tracé des ruelles pavées qui grimpent vers le promontoire, sentir l'odeur du café qui s'échappe des bars minuscules.

Sur la place principale, les vestiges de la Chiesa Madre racontent une histoire de survie architecturale. Seul l'arc d'entrée tient encore debout, défiant les séismes qui ont secoué la région. Les pierres érodées témoignent d'une époque où ce lieu était le cœur battant du village. Non loin, l'église byzantine de Panaja se dresse avec sa silhouette trapue caractéristique de l'architecture orientale qui a marqué la Calabre.

Le patrimoine religieux autour de Copanello

Sur la route vers Caminia, faites une halte aux ruines de l'église de San Martino di Copanello. Ces murs effondrés, envahis par la végétation sauvage, possèdent un charme mélancolique. Plus intact, le Covento di San Gregorio Taumaturgo mérite également une visite pour son architecture préservée et sa vue panoramique sur la mer Ionienne.

Le conseil d'ami : les amateurs d'archéologie peuvent partir à la recherche des vestiges de la villa de Cassiodore, célèbre homme d'État romain qui vécut dans la région au VIe siècle. Les traces sont discrètes, mais le site offre un prétexte parfait pour une randonnée dans l'arrière-pays.

Autres plages à découvrir dans les environs

La plage de Pietragrande, accessible en vingt minutes à pied depuis Caminia, attire les amateurs de windsurf grâce à ses vents favorables. Son sable argenté contraste avec les eaux turquoise de la mer Ionienne. Moins bondée que sa voisine, elle offre un cadre plus sauvage avec quelques établissements balnéaires pour ceux qui recherchent un minimum de confort.

Plus au sud, la plage de Pizzo vaut le détour si vous êtes motorisé. Comptez 45 minutes de route pour rejoindre cette station balnéaire plus animée, célèbre pour son tartufo, cette glace artisanale au chocolat et à la noisette qui a conquis l'Italie entière.

Où manger et boire à Staletti ?

La scène culinaire reste modeste mais authentique. Les trattorias familiales servent une cuisine calabraise sans fioritures : pâtes fraîches à la 'nduja (cette saucisse de porc épicée et tartinable qui fait la fierté de la région), espadon grillé pêché le matin même dans la mer Ionienne, melanzane alla parmigiana qui n'a rien à voir avec la version surgelée des supermarchés.

À Caminia, le restaurant Blanca Cruz, les pieds dans le sable, propose des plats de poissons fraîchement débarqués. Le chef Massimo sublime les produits locaux avec simplicité. Ne manquez pas le pesce spada alla ghiotta, l'espadon mijoté aux tomates, câpres et olives. Pour une granita artisanale qui rivalise avec celles de Sicile, grimpez jusqu'au Bar Jolly dans les hauteurs du village. Traversez l'entrée sombre et installez-vous sur la terrasse arrière : la vue compense largement l'effort.

Si vous êtes à Catanzaro, goûtez absolument au morzello, ce ragoût d'abats de veau mijoté à la tomate et au piment, traditionnellement servi dans une pitta (pain rond et plat). Ça ne paie pas de mine, mais c'est l'âme culinaire de la province.

Où dormir à Staletti et aux alentours ?

L'offre hôtelière reste limitée dans le village même, avec quelques bed & breakfast tenus par des familles locales. Les tarifs oscillent entre 50 et 80 € la nuit pour une chambre double en haute saison. Pour plus de choix, regardez du côté de Copanello, à cinq minutes en voiture, qui propose des villas avec vue sur mer et des appartements de vacances.

Les amateurs de confort opteront pour les établissements de Soverato (15 minutes au sud) ou Catanzaro Lido (20 minutes au nord), deux stations balnéaires avec davantage d'infrastructures touristiques. L'avantage ? Plus de restaurants et de services. L'inconvénient ? Vous perdez le charme intimiste du petit village calabrais.

Pour une expérience authentique, privilégiez les agriturismi dans l'arrière-pays. Ces fermes-auberges proposent des chambres rustiques, une cuisine maison préparée avec les produits de la propriété, et une immersion totale dans le mode de vie rural calabrais. Comptez 60-90 € pour deux avec demi-pension.

Comment se rendre et se déplacer à Staletti ?

L'aéroport le plus proche se trouve à Lamezia Terme, à 45 minutes de route via la SP87. Plusieurs compagnies low-cost desservent cette plateforme depuis les grandes villes européennes. Location de voiture indispensable : les transports publics dans cette partie de la Calabre relèvent davantage du vœu pieux que de la réalité pratique.

Depuis Catanzaro, le chef-lieu de la province, comptez 30 minutes par la SS106. Cette route côtière offre des panoramas spectaculaires sur la mer Ionienne, même si elle est parfois sinueuse. En train, rejoignez la gare de Catanzaro Lido ou Montepaone-Montauro, puis prenez un taxi (environ 15-20 €) ou louez une voiture sur place.

Une fois sur place, le village se parcourt entièrement à pied. En revanche, pour accéder aux plages et aux sites historiques éparpillés dans les environs, la voiture s'impose. Prévoyez de la monnaie pour les parkings en bord de mer en été.

Quand y aller ?

La période idéale s'étend de mai à septembre, avec un pic de fréquentation en juillet-août quand les Italiens envahissent la côte. Pour profiter de la tranquillité et d'une eau encore chaude, privilégiez juin ou septembre : températures agréables autour de 25-28°C, moins de monde sur les plages, et tarifs d'hébergement plus doux.

En hiver, le village hiberne. La plupart des restaurants et hôtels ferment leurs portes, transformant l'endroit en village fantôme. Si vous cherchez l'authenticité radicale et que la baignade ne vous intéresse pas, cette saison offre un visage mélancolique et poétique de la Calabre rurale. Évitez toutefois novembre et février, les mois les plus pluvieux de l'année.