
Visiter Dublin, là où l'âme irlandaise bat au rythme des pubs
Le mot de la rédaction, mis à jour le 26/11/2025
À peine débarqué dans les rues pavées de cette capitale à taille humaine, une odeur de bière maltée mêlée aux effluves de tourbe vous saisit. Les façades géorgiennes colorées défilent tandis qu'un violoneux entame un air traditionnel au coin d'une rue.
Bienvenue dans une ville où l'on trinque autant qu'on philosophe, où James Joyce et Oscar Wilde ont laissé leur empreinte, et où chaque pub cache une histoire millénaire. Mais attention : sous ses airs de ville-musée chaleureux, la capitale irlandaise réserve aussi son lot de réalités moins romantiques, entre prix élevés et affluence touristique qui peut transformer certains quartiers en parcs d'attractions.
Une destination pour les amoureux d'ambiance festive et d'histoire
Cette ville s'adresse avant tout aux amateurs de culture celte authentique, à ceux qui rêvent d'arpenter les mêmes pavés que les écrivains légendaires et de s'immerger dans l'atmosphère unique des pubs irlandais. Les passionnés d'histoire y trouveront leur bonheur entre châteaux médiévaux, cathédrales millénaires et musées gratuits.
En revanche, si vous recherchez le soleil garanti, des plages paradisiaques ou le calme absolu, vous vous trompez d'adresse. Le climat capricieux et la foule dans les zones touristiques comme Temple Bar peuvent rebuter les voyageurs en quête de tranquillité.
La ville convient parfaitement aux séjours de courte durée, idéalement un long week-end ou quatre jours. Le centre compact se parcourt facilement à pied, ce qui évite de multiplier les frais de transport. Les familles apprécieront les nombreux parcs et les musées accessibles, tandis que les groupes d'amis trouveront leur bonheur dans la vie nocturne débridée. Côté pratique : une voiture n'est absolument pas nécessaire, voire encombrante. Les transports en commun suffisent amplement.
Un budget qui pique un peu
La capitale irlandaise figure parmi les villes européennes les plus chères. Comptez entre 60 et 75€ par jour en mode routard (auberge de jeunesse, repas de pub) et plutôt 100 à 130€ pour un confort correct avec un hôtel deux étoiles et des restaurants décents. Les hébergements doublent de prix les vendredis et samedis. Bonne nouvelle toutefois : la plupart des musées nationaux sont gratuits.
Temple Bar et le cœur historique : entre authenticité et piège à touristes
Le quartier de Temple Bar incarne à lui seul toute l'ambiguïté dublinoise. Ses ruelles pavées bordées de pubs colorés offrent l'image carte postale parfaite, mais la réalité peut décevoir. Les prix y sont astronomiques (comptez 8€ la pinte au lieu de 5€ ailleurs), et l'atmosphère ressemble davantage à une fête étudiante internationale qu'à une expérience irlandaise authentique. Pourtant, impossible de faire l'impasse : les sessions de musique live valent le détour, surtout en fin d'après-midi avant l'arrivée des hordes de fêtards.
Juste à côté, le centre historique recèle les véritables trésors de la ville. La cathédrale Saint-Patrick, la plus grande d'Irlande, impressionne par ses proportions gothiques et abrite la tombe de Jonathan Swift. À quelques pas, Christ Church offre une crypte médiévale fascinante. Le château de Dublin, ancienne forteresse normande devenue siège du pouvoir britannique pendant huit siècles, dévoile ses appartements d'État somptueux et ses fondations vikings dans le sous-sol.
Le conseil d'ami : visitez Temple Bar en journée pour les galeries d'art et le marché du samedi, puis filez dans des pubs plus authentiques du quartier des Liberties en soirée, comme le Gravediggers, où les locaux se retrouvent vraiment.
Entre Grafton Street et les quartiers géorgiens : le Dublin élégant
L'artère piétonne de Grafton Street vibre au son des buskers, ces musiciens de rue dont certains sont devenus des stars internationales. On y déambule entre boutiques chics et cafés historiques, notamment le mythique Bewley's, institution dublinoise depuis 1927. Au bout de la rue, le parc St Stephen's Green offre une parenthèse verte bienvenue, parfaite pour un pique-nique improvisé.
Le Trinity College, fondé en 1592, constitue l'étape incontournable. Sa Old Library, avec sa salle démesurée aux rayonnages de chêne sur deux étages, figure parmi les plus belles bibliothèques au monde. C'est ici que repose le Livre de Kells, manuscrit enluminé du IXe siècle d'une finesse époustouflante. Une seule page est exposée chaque jour, ce qui rend chaque visite unique.
En poursuivant vers l'est, le quartier géorgien de Merrion Square dévoile ses façades pastel aux portes colorées encadrées de colonnes. C'est ici que se concentrent les musées nationaux, tous gratuits : archéologie, arts décoratifs, histoire naturelle. Le square lui-même, avec sa statue d'Oscar Wilde nonchalamment allongée, invite à la flânerie.
Le conseil d'ami : réservez votre billet pour Trinity College à la première heure du matin (8h) pour admirer le Livre de Kells avant la cohue. L'atmosphère contemplative de la bibliothèque vaut largement le réveil matinal.
Les Liberties et la Guinness Storehouse : l'âme ouvrière de Dublin
Le quartier populaire des Liberties au sud-ouest du centre offre un visage plus brut et authentique. C'est ici que trône la Guinness Storehouse, attraction touristique numéro un d'Irlande. Cette ancienne malterie reconvertie en musée retrace sur sept étages l'histoire de la célèbre bière brune. Le clou du spectacle ? Le Gravity Bar au sommet, qui offre une vue à 360° sur la ville tout en dégustant une pinte parfaitement tirée, comprise dans le billet d'entrée de 26€.
Mais les Liberties ne se résument pas à la Guinness. Les distilleries artisanales comme Teeling proposent des visites plus intimistes avec dégustation de whiskey irlandais. L'ambiance du quartier reste populaire, avec ses marchés de rue et ses pubs de quartier où l'on croise davantage de Dublinois que de touristes. La distillerie Roe & Co, récemment réhabilitée, allie tradition et modernité avec ses ateliers de cocktails au whiskey.
Le conseil d'ami : si la Guinness Storehouse vous semble trop touristique et chère, optez pour une visite à la distillerie Teeling (25€), plus petite, plus authentique, et où vous repartirez avec trois whiskies à déguster plutôt qu'une simple pinte.
La rive nord et les escapades aux alentours : sortir des sentiers battus
De l'autre côté de la Liffey, la rive nord a longtemps souffert d'une réputation moins reluisante. Pourtant, O'Connell Street, l'artère principale, recèle des monuments chargés d'histoire comme le General Post Office, théâtre du soulèvement de Pâques 1916. Le Spire, flèche d'acier de 120 mètres, s'élance vers le ciel comme un point d'exclamation moderne. Le quartier de Smithfield monte en gamme avec ses nouvelles galeries et son marché bio.
À une trentaine de minutes en train DART, le village de pêcheurs de Howth mérite largement l'excursion. La balade sur les falaises offre des panoramas spectaculaires sur la baie, et le port accueille d'excellents restaurants de fruits de mer où l'on déguste du poisson fraîchement pêché à prix raisonnables. Autre option : Dún Laoghaire et sa promenade en bord de mer, moins sauvage mais tout aussi charmante.
Le Phoenix Park, l'un des plus grands parcs urbains d'Europe avec ses 700 hectares, abrite des daims en liberté, le zoo de Dublin et la résidence du président irlandais. Une bouffée d'oxygène à dix minutes du centre, parfaite pour un jogging matinal ou un pique-nique loin de l'agitation.
Le conseil d'ami : prenez le DART jusqu'à Howth en fin de matinée, faites la randonnière des falaises (2h), déjeunez de fish and chips au port, et revenez en milieu d'après-midi. Évitez les week-ends où les Dublinois affluent également.
Où manger et boire à Dublin ?
La scène culinaire dublinoise a explosé ces dernières années, oscillant entre tradition réconfortante et créativité gastronomique. Dans les pubs, on trouve l'Irish stew, ce ragoût d'agneau mijoté avec pommes de terre et légumes, ou le coddle, plat typiquement dublinois à base de saucisses, bacon et pommes de terre cuits lentement dans un bouillon. Le boxty, cette crêpe de pomme de terre croustillante à l'extérieur et moelleuse à l'intérieur, accompagne délicieusement les plats en sauce.
Pour une expérience authentique sans se ruiner, direction les pubs comme le Gravediggers près des jardins botaniques, Sheehan's à Portobello ou O'Shea's Merchant près de Christ Church. Le midi, comptez 12 à 15€ pour un plat copieux. Les adresses plus gastronomiques comme Delahunt à Portobello revisitent les classiques irlandais avec finesse : essayez leurs joues de porc braisées au cidre ou leur poisson pêché localement.
Côté boisson, impossible d'échapper à la Guinness, mais goûtez aussi les bières artisanales irlandaises qui fleurissent dans les bars tendance de Camden Street. L'Irish coffee, ce mélange de café, sucre, whiskey et crème fouettée, fut inventé pour réchauffer des passagers transis d'un vol retardé. Le fish and chips de chez Leo Burdock's, institution depuis 1913, reste un classique indétrônable à déguster sur le pouce pour moins de 10€.
Où dormir à Dublin et aux alentours ?
Le choix du quartier influence fortement l'expérience. Pour être au cœur de l'action, Temple Bar et ses environs placent à deux pas de tout, mais le bruit nocturne et les prix élevés peuvent rebuter. Préférez les rues adjacentes plus calmes comme Dame Street ou autour de Trinity College pour un meilleur compromis qualité-prix.
Les quartiers résidentiels de Ranelagh ou Rathmines, à quinze minutes en bus du centre, offrent des hébergements moins onéreux dans une ambiance locale authentique. Les auberges de jeunesse dublinoises sont de très bonne qualité, avec des lits en dortoir dès 20-25€ la nuit. Formule Bed & Breakfast chez l'habitant autour de 50-70€ par personne. Les hôtels de catégorie moyenne tournent autour de 100-120€ la chambre double en semaine, le double le week-end.
Astuce : les prix grimpent vertigineusement lors de la Saint-Patrick mi-mars et les weekends de concerts à l'Aviva Stadium. Réservez plusieurs mois à l'avance durant ces périodes. Le quartier de Ballsbridge, sûr et bien desservi, constitue une alternative intéressante pour les familles recherchant le calme.
Comment se rendre et se déplacer à Dublin ?
L'aéroport de Dublin se situe à 13 km au nord du centre. Les navettes Airlink (lignes 747 et 757) relient le centre en 30-40 minutes pour 7€. Le bus public 16 coûte seulement 2,60€ mais s'arrête à tous les arrêts. En taxi, comptez 25-30€ selon le trafic. Aucun train ni tramway ne dessert encore l'aéroport.
En ville, le réseau se compose de bus Dublin Bus, du tramway Luas (deux lignes rouge et verte) et du train de banlieue DART le long de la côte. La Leap Visitor Card (tarifs de 19,50€ pour trois jours à 40€ pour sept jours) permet des trajets illimités sur l'ensemble du réseau et s'achète à l'aéroport. Alternative : la Leap Card rechargeable à 5€ offre 20% de réduction sur chaque trajet.
Le centre compact se parcourt idéalement à pied. De O'Connell Bridge au nord jusqu'à St Stephen's Green au sud, quinze minutes suffisent. Le vélo partagé Dublinbikes (ticket 3 jours à 5€) convient aux habitués du vélo urbain, mais attention à la circulation à gauche et aux pavés glissants quand il pleut.
Quand y aller ?
La période idéale s'étend de mai à septembre, avec un avantage particulier pour juin et début septembre : températures agréables autour de 18-20°C, longues journées lumineuses et affluence touristique moins oppressante qu'en plein été. Juillet-août attirent le plus de monde, avec des prix qui s'envolent et des attractions bondées.
L'automne, notamment septembre et début octobre, offre un excellent compromis : moins de foule, tarifs plus doux et festivals culturels comme le Dublin Theatre Festival. Le climat reste clément malgré des averses plus fréquentes. Le festival de la Saint-Patrick, le 17 mars, transforme la ville en une fête géante pendant quatre jours, mais nécessite de réserver des mois à l'avance.
En revanche, évitez décembre et janvier, les mois les plus sombres et pluvieux où certaines attractions ferment ou réduisent leurs horaires. Le temps change rapidement : emportez toujours un coupe-vent imperméable et un parapluie, quelle que soit la saison.













