Visiter Corfou, l'île grecque au parfum vénitien

Le mot de la rédaction, mis à jour le 21/10/2025

Vous attendez-vous à croiser une gondole en pleine mer Ionienne ? L'idée peut sembler saugrenue, et pourtant : déambuler dans les ruelles étroites de la vieille ville de Corfou donne cette étrange sensation d'avoir traversé l'Adriatique pour se retrouver dans un dédale italien. Les façades ocre, les volets verts, le linge qui sèche aux fenêtres...

Ici, la Grèce flirte avec la Sérénissime, et cette identité hybride fait tout le charme de cette île de 592 kilomètres carrés, classée au patrimoine mondial de l'Unesco.

Corfou : la destination méditerranéenne parfaite pour les amoureux de diversité

Corfou s'adresse aux voyageurs qui refusent de choisir entre culture et farniente. Vous êtes du genre à alterner visite de monastère le matin et plongée l'après-midi ? Vous tomberez sous le charme. Les familles apprécieront la douceur de vivre, les plages accessibles et la facilité des déplacements. Les couples en quête de romantisme trouveront leur bonheur dans les villages perchés et les criques isolées.

Attention toutefois : juillet et août transforment les sites emblématiques en fourmilières touristiques. Si vous fuyez la cohue, privilégiez mai-juin ou septembre-octobre.

Côté budget, comptez une fourchette moyenne pour la Grèce : un repas correct coûte 15-20 euros par personne, une chambre double environ 60-100 euros selon la saison. Louer une voiture devient quasi indispensable pour explorer l'île au-delà de la capitale (40-60 euros par jour).

La vieille ville et ses trésors architecturaux

Commencez votre exploration par le cœur historique, cette vieille ville qui ressemble davantage à une cité toscane qu'à une bourgade des Cyclades. Perdez-vous dans le dédale de la Campiello, le quartier médiéval aux ruelles si étroites qu'on peut presque toucher les deux murs en écartant les bras. Les escaliers usés, les passages voûtés et les placettes ombragées créent une atmosphère hors du temps.

Le palais Saint-Michel et Saint-Georges, ancienne résidence des gouverneurs britanniques, impose sa silhouette néoclassique au nord de l'esplanade. Ses arcades majestueuses abritent aujourd'hui le musée d'Art asiatique, une collection étonnante en plein cœur de la Méditerranée. Non loin, l'église Saint-Spyridon se repère à son dôme rouge vif qui domine les toits. À l'intérieur, les fresques de Panagiotos Doxaras valent le détour, tout comme le sarcophage en argent du saint patron de l'île.

Le conseil d'ami : installez-vous en terrasse sur la Liston, cette élégante promenade à arcades inspirée de la rue de Rivoli, pour observer le ballet des Corfiotes lors de la volta du soir. Commandez un kumquat frappé, la spécialité locale, et profitez du spectacle gratuit.

Sur les traces des impératrices et des héros antiques

À une dizaine de kilomètres au sud de la ville se dresse le palais de l'Achilleion, caprice architectural de l'impératrice Sissi d'Autriche. Cette villa néoclassique, construite à la fin du XIXe siècle, témoigne de l'amour fou de l'impératrice pour la Grèce et la mythologie. Les jardins en terrasses offrent une vue spectaculaire sur la mer et les collines environnantes. Les statues monumentales d'Achille parsèment le parc, rappelant l'obsession de Sissi pour le héros grec.

Dans un tout autre registre, embarquez pour l'îlot de Pontikonissi, accessible en bateau depuis le monastère de Vlachernes pour quelques euros. Ce rocher minuscule coiffé d'une chapelle blanche serait, selon la légende homérique, le vaisseau d'Ulysse pétrifié par Poséidon. Le site offre l'un des panoramas les plus photographiés de Corfou, surtout au coucher du soleil.

Le conseil d'ami : évitez l'Achilleion en milieu de journée quand les cars de touristes débarquent en masse. Préférez une visite en fin d'après-midi, vers 17h, quand la lumière dorée magnifie les jardins et que la foule s'est dissipée.

Plages et merveilles naturelles

Les incontournables du littoral

La plage de Paléokastritsa, sur la côte ouest, mérite amplement sa réputation. Cette succession de criques aux eaux turquoise enchâssées entre des falaises verdoyantes constitue un terrain de jeu idéal pour les plongeurs. Les fonds marins regorgent de grottes sous-marines et de vie aquatique. Plusieurs centres de plongée proposent des baptêmes et des sorties pour tous niveaux.

Au sud, Agios Georgios déroule son long ruban de sable doré sur près de trois kilomètres. Les dunes qui bordent la plage offrent une ombre naturelle bienvenue en plein été. L'eau peu profonde sur plusieurs dizaines de mètres en fait un paradis pour les familles avec jeunes enfants.

Le lac de Korission, sanctuaire sauvage

À deux pas d'Agios Georgios, le lac de Korission change radicalement d'ambiance. Cette lagune de 6000 hectares, séparée de la mer par une mince bande de dunes, abrite une réserve ornithologique exceptionnelle. Flamants roses, hérons, aigrettes et dizaines d'espèces migratrices s'y donnent rendez-vous. Louez un kayak pour explorer ce milieu préservé en douceur, loin de l'agitation balnéaire.

Le conseil d'ami : pour découvrir Paléokastritsa sans la cohue, prenez un bateau-taxi tôt le matin vers les criques isolées du nord. Vous aurez ces petits paradis pour vous seuls jusqu'à 11h, avant l'arrivée des excursions organisées.

Villages perchés et Corfou intérieure

L'intérieur montagneux de l'île, tapissé d'oliviers et de cyprès, cache des villages traditionnels où le temps semble suspendu. Pelekas se perche sur une colline et offre depuis son trône du Kaiser un panorama à 360 degrés sur l'île. Lakones et Makrades, accrochés aux flancs des montagnes dominant Paléokastritsa, valent le détour pour leurs tavernes familiales et leurs vues vertigineuses.

Au nord-est, les villages de Kassiopi et Kouloura ont conservé leur authenticité de ports de pêche, malgré l'afflux estival. Les barques colorées se balancent dans de minuscules baies protégées, où vous pourrez déguster du poisson grillé les pieds dans l'eau.

Où manger et boire à Corfou ?

La cuisine corfiote mélange influences vénitiennes et traditions grecques. Ne manquez pas le sofrito, plat emblématique de viande de bœuf mijotée dans une sauce à l'ail et au vinaigre blanc, héritage direct de la domination vénitienne. Le bourdeto, ragoût de poisson épicé au paprika, réchauffe les soirées fraîches. Côté douceurs, le kumquat règne en maître : cet agrume miniature se décline en liqueur, confiture et fruits confits.

Dans la vieille ville, fuyez les pièges à touristes de l'esplanade et aventurez-vous dans les ruelles de la Campiello pour dénicher les tavernes familiales authentiques. Le marché couvert, près du nouveau port, propose fruits, légumes et fromages locaux tous les matins sauf dimanche. Le graviera de Corfou, fromage de brebis à pâte dure, se marie parfaitement avec un verre de vin blanc local.

Où dormir à Corfou et aux alentours ?

Pour s'immerger dans l'atmosphère unique de l'île, privilégiez un hébergement dans la vieille ville. Plusieurs maisons traditionnelles rénovées proposent chambres d'hôtes et petits appartements dans le dédale des ruelles. Vous serez au cœur de l'animation le soir, tout en profitant du calme matinal avant l'arrivée des excursionnistes.

Si vous recherchez la plage, la côte ouest offre le meilleur compromis entre beauté naturelle et infrastructures touristiques. Les environs de Paléokastritsa et Ermones proposent des hôtels et appartements avec vue mer. Les familles apprécieront le secteur d'Agios Gordios, plus calme et moins cher que les stations balnéaires du nord.

Pour une expérience plus authentique, optez pour un hébergement dans les villages de l'intérieur comme Pelekas ou Sinarades. Vous économiserez sur le logement et découvrirez la vraie vie corfiote, loin des circuits touristiques.

Comment se rendre et se déplacer à Corfou ?

L'aéroport international de Corfou se situe à seulement 3 kilomètres au sud de la ville. Plusieurs compagnies low-cost proposent des vols directs depuis Paris, Marseille, Lyon ou Nantes entre avril et octobre, pour 80 à 150 euros l'aller-retour selon la période. Comptez environ 2h45 de vol. En dehors de la haute saison, passez par Athènes puis prenez un vol intérieur (1 heure, 40-70 euros) ou un ferry depuis Igoumenitsa (1h30).

Sur place, la location de voiture s'impose pour explorer l'île en profondeur. Les routes sont correctes, bien que sinueuses dans les zones montagneuses. Comptez 40 à 60 euros par jour selon la saison. Des bus locaux relient la capitale aux principales plages et villages, mais les horaires limités compliquent les explorations spontanées.

Le centre-ville historique se parcourt uniquement à pied : les ruelles étroites et les escaliers interdisent la circulation. Prévoyez de bonnes chaussures et laissez la voiture dans l'un des parkings payants en périphérie (environ 2 euros l'heure).

Quand y aller ?

Le climat exceptionnellement doux de Corfou permet des séjours toute l'année. Pour profiter pleinement des plages sans subir la foule et les températures écrasantes, visez mai-juin ou septembre-octobre : vous bénéficierez d'une mer à 22-24 degrés, d'un soleil généreux et de tarifs plus doux. Les mois de juillet-août affichent régulièrement 28-32 degrés et transforment les sites touristiques en fourmilières humaines.

L'hiver corfiote reste clément avec des températures rarement inférieures à 10 degrés. Cette période convient aux amateurs de randonnée et de découvertes culturelles, mais la plupart des infrastructures touristiques ferment de novembre à mars. Si vous venez pour Pâques orthodoxe, vous assisterez aux processions spectaculaires de Saint-Spyridon dans la vieille ville.