
Quand les papes ont délaissé Rome pour cette cité provençale
Le mot de la rédaction, mis à jour le 26/11/2025
On raconte que lorsque le vent du mistral souffle entre les remparts, il charrie encore les échos des intrigues pontificales du XIVe siècle. Ici, durant soixante-dix ans, neuf papes ont préféré l'air du Rhône à celui du Tibre, bâtissant le plus grand palais gothique jamais édifié. Aujourd'hui, les ruelles pavées intramuros murmurent toujours ces histoires, tandis que chaque juillet, la ville se métamorphose en gigantesque scène de théâtre, attirant 100 000 spectateurs venus du monde entier.
Une ville-musée qui peut vite tourner au four en été
Si vous aimez l'histoire médiévale, l'architecture monumentale et l'effervescence culturelle, cette cité pontificale est votre terrain de jeu idéal. Les amateurs d'art, les passionnés de théâtre et les flâneurs en quête d'authenticité provençale y trouveront leur compte. En revanche, si vous fuyez la foule, zappez juillet : le Festival d'Avignon transforme la ville en fourmilière humaine avec des prix multipliés par deux. De même, si vous rêvez de nature sauvage ou de plages, passez votre chemin.
Le centre historique se parcourt entièrement à pied. Pas besoin de voiture ici, elle serait même un handicap vu le dédale de ruelles et le stationnement cauchemardesque. Les principaux monuments sont concentrés sur 500 mètres, mais attention : en juillet-août, les températures grimpent facilement à 35°C et le mistral peut souffler à décorner les papes.
Un budget raisonnable pour la Provence
Comptez 80-120 € par jour et par personne tout compris en période normale. L'hébergement oscille entre 70 € (hôtel correct) et 150 € (charme bourgeois), les restos de 15 € (bistrot local) à 40 € (table raffinée). L'entrée au Palais des Papes coûte 13 € en ligne avec le pont, et la plupart des églises sont gratuites.
Le Palais des Papes et son écrin médiéval
Le Palais des Papes écrase tout de sa masse gothique : 15 000 m², quatre tours d'angle, des salles aux voûtes vertigineuses. La visite inclut un HistoPad, tablette numérique qui ressuscite le faste du XIVe siècle en réalité augmentée. Vous verrez le Grand Tinel long de 48 mètres où festoyaient 3 000 convives, les fresques de Matteo Giovannetti dans les chapelles privées, et les appartements pontificaux dépouillés mais impressionnants. Depuis les terrasses, le panorama embrasse le Rhône, le Pont Saint-Bénézet et tout le centre historique.
Juste à côté, la Cathédrale Notre-Dame des Doms avec sa Vierge dorée domine le Rocher des Doms. Ce jardin public à l'anglaise, perché 30 mètres au-dessus du fleuve, offre une vue splendide mais attention : en travaux jusqu'en 2027, seul le belvédère reste accessible. Le Musée du Petit Palais (5 minutes à pied) abrite une collection d'art médiéval et Renaissance de premier plan, souvent boudée des touristes pressés.
Le conseil d'ami : arrivez au palais dès l'ouverture à 10h pour éviter les groupes. L'après-midi en plein été, c'est un enfer. Et ne ratez pas l'exposition Othoniel Cosmos (jusqu'en janvier 2026), installation artistique monumentale dans les salles historiques.
Le Pont d'Avignon et les berges du Rhône
Le Pont Saint-Bénézet s'arrête au milieu du Rhône, cassé par les crues successives. Ces quatre arches inachevées sur les vingt-deux d'origine font de lui l'emblème de la ville. La visite permet de monter sur le pont, d'accéder à la chapelle Saint-Nicolas et de comprendre l'exploit technique du XIIe siècle. Depuis le pont, la perspective sur le palais et les remparts est magnifique.
En contrebas, l'Île de la Barthelasse, plus grande île fluviale d'Europe, propose guinguettes, pistes cyclables et locations de kayak. C'est le poumon vert des Avignonnais, idéal pour pique-niquer face à la cité. La rive droite à Villeneuve-lès-Avignon mérite aussi le détour : le Fort Saint-André et sa Chartreuse offrent un point de vue imprenable sur la ville pontificale.
Le conseil d'ami : louez un vélo sur l'île de la Barthelasse et suivez la ViaRhôna jusqu'au Pont du Gard (25 km). Départ matinal, pique-nique, retour en TER avec le vélo. Journée parfaite.
Les ruelles secrètes et les quartiers vivants
La Rue des Teinturiers reste la plus photogénique : pavés anciens, platanes centenaires, roues à aubes encore visibles et petit canal qui coule le long de la rue. C'était le quartier des teinturiers qui utilisaient l'eau de la Sorgue pour leurs tissus. Aujourd'hui, bars branchés, restos sympas et terrasses ombragées en font le repaire des bobos avignonnais. L'ambiance y est particulièrement festive en soirée.
La Place des Corps-Saints, quasi inconnue des guides, concentre plusieurs bonnes tables autour d'une placette fleurie. Les habitants s'y retrouvent pour l'apéro, loin des terrasses bondées de la Place de l'Horloge. La Rue de la Peyrolerie et la Place Saint-Pierre offrent d'autres coins de calme avec leurs façades Renaissance.
Les Halles d'Avignon, marché couvert sur Place Pie, débordent de produits du terroir : tapenade d'olives noires, fromages de chèvre du Ventoux, melons de Cavaillon, tomates anciennes, saucisson d'Arles. Les étals de fruits confits et de berlingots multicolores régalent l'œil autant que le palais. Ambiance authentique, zéro chichis, que des vrais producteurs locaux.
Le conseil d'ami : le dimanche matin, prenez un café en terrasse Place des Corps-Saints, puis grimpez au sommet des remparts (accès libre à plusieurs endroits). Balade circulaire de 4 km avec vue plongeante sur les toits et les cours intérieures.
Le Festival d'Avignon, mère de toutes les effervescences
Chaque juillet depuis 1947, la ville vibre au rythme du Festival d'Avignon, plus grand festival de théâtre au monde. La Cour d'honneur du Palais des Papes accueille les spectacles les plus prestigieux, tandis que le Off (1 500 spectacles !) envahit églises, cours, caves et ruelles. L'atmosphère est électrique : acteurs en costume distribuant des flyers, affiches placardées sur chaque mur, terrasses qui ne désemplissent pas jusqu'à 2h du matin.
Si vous venez pour le festival, réservez hébergement et billets au moins trois mois à l'avance. Les prix flambent : une nuitée passe de 80 € à 150-200 €, les restos affichent complet dès 19h. Mais l'énergie culturelle compense largement les désagréments : on croise des légendes du théâtre au marché, des danseurs répètent sur les places, l'art déborde de partout.
Le conseil d'ami : en juillet, privilégiez les spectacles de rue gratuits et les représentations Off à 10-15 €. Ambiance plus intimiste, découvertes de jeunes talents, moins de pression. Et profitez des terrasses à partir de 22h quand la chaleur retombe enfin.
Où manger et boire dans la cité des papes ?
La cuisine avignonnaise mêle tradition provençale et terroir rhodanien. Les spécialités font la part belle aux légumes gorgés de soleil : tian de légumes, ratatouille, artichauts à la barigoule. La daube avignonnaise mijote des heures dans un vin des Côtes du Rhône. Côté fromages, le banon enveloppé dans sa feuille de châtaignier parfume les assiettes.
Pour une table étoilée, La Vieille Fontaine à l'Hôtel d'Europe sublime les produits locaux dans un décor Renaissance. Comptez 90 € le menu. Plus abordable, Fou de Fafa (rue des Trois Faucons) sert une cuisine méditerranéenne créative dans une ambiance intimiste : 35 € le menu, réservation indispensable. Sur Place des Corps-Saints, L'Épicerie de Ginette propose tartines généreuses et planches de charcuterie à partager, terrasse aux lampions, ambiance décontractée.
Le Restaurant Bar à Vin Le 46 séduit par ses tapas provençales et sa carte de 200 références. Le Marché des Halles reste incontournable le matin pour croquer dans une fougasse à l'huile d'olive encore tiède ou déguster un verre de rosé en observant les locaux faire leurs courses.
Où dormir à l'intérieur et aux alentours des remparts ?
L'idéal est de loger intra-muros, dans les ruelles du centre historique. Tout se fait à pied, l'ambiance est authentique, vous êtes au cœur de l'action. La Mirande, ancien palais de cardinal devenu hôtel 5 étoiles, incarne le luxe discret (250-400 €). Plus abordable, Hôtel Le Magnan (70-120 €) offre un excellent rapport qualité-prix à deux pas des remparts.
Les chambres d'hôtes comme Le Limas ou La Banasterie séduisent par leur charme et leurs petits-déjeuners copieux (100-150 €). Pour les budgets serrés, Hôtel Mignon (75-90 €) tient la route avec ses chambres simples mais propres près du Palais des Papes. L'Auberge de Jeunesse HI Avignon (22-40 €) propose dortoirs et chambres privées dans un bâtiment historique avec terrasse.
Hors les murs, le quartier Saint-Ruf offre calme et prix doux, à 15 minutes à pied du centre. Villeneuve-lès-Avignon, sur l'autre rive du Rhône, séduit par son atmosphère de village provençal avec vue sur la cité pontificale. Bus réguliers en 10 minutes.
Comment se rendre et se déplacer en cité papale ?
Le TGV depuis Paris met 2h40 jusqu'à la gare TGV d'Avignon, située 6 km au sud du centre. De là, prenez la navette La Virgule (TER) qui rejoint Avignon-Centre en 6 minutes pour 4 €, départs toutes les 20-30 minutes. Alternative : bus ligne 10 en 20 minutes pour 2 €. Un taxi coûte 25-30 €.
La gare Avignon-Centre se trouve à 10 minutes à pied des remparts, bien plus pratique. Depuis Lyon, comptez 1h de TGV. Marseille et Montpellier sont à 30 minutes. En voiture, l'A7 traverse la ville mais se garer intra-muros relève du casse-tête. Privilégiez les parkings Palais des Papes ou Gare Centre (15-20 €/jour).
Une fois sur place, oubliez la voiture. Le centre historique se parcourt en 15 minutes d'un bout à l'autre. Les bus TCRA desservent les quartiers périphériques et Villeneuve (1,50 € le ticket). Location de vélos possible pour explorer l'Île de la Barthelasse et la ViaRhôna, piste cyclable qui longe le Rhône.
Quand y aller ?
Les périodes idéales sont avril-mai et septembre-octobre : températures agréables (20-25°C), affluence raisonnable, lumière provençale éclatante. Le printemps fait éclore les glycines sur les façades, l'automne teinte les platanes de cuivre. Évitez juillet-août si vous supportez mal la chaleur (souvent 35°C) et la foule du festival. En hiver, novembre-février voient les prix chuter mais le mistral souffle fort et certains monuments ferment tôt.
Le Festival d'Avignon se tient tout le mois de juillet : expérience culturelle unique mais réservations impératives et budget gonflé. Si vous y allez, anticipez quatre mois minimum pour l'hébergement.











Le Palais des Papes, est imposant et majestueux. C’est un incontournable, autant pour son architecture que pour son histoire.
Et si l’on veut s’éloigner un peu de la ville, il y a de belles balades à faire. Je conseille Barbentane avec son charme provençal, ou l’abbaye de Frigolet, nichée dans la garrigue, en pleine nature.