
Visiter Guanajuato, une ville baroque perchée dans les montagnes mexicaines
Le mot de la rédaction, mis à jour le 27/10/2025
Imaginez une cascade de maisons aux couleurs vives dévalant les flancs d'une vallée étroite, tandis qu'un réseau de tunnels souterrains ronronne sous vos pieds. Bienvenue dans l'une des cités coloniales les plus singulières du Mexique, où l'architecture baroque côtoie des ruelles si étroites qu'on peut y embrasser son amoureux d'un balcon à l'autre.
Cette ancienne capitale du minerai d'argent, inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco depuis 1988, a transformé sa géographie contraignante en atout : impossible de circuler en voiture dans le centre historique, ce qui offre aux piétons une liberté totale pour explorer ses callejones pavés et ses places ombragées.
Une destination pour les amoureux d'authenticité et de culture
Cette cité universitaire animée séduira ceux qui recherchent une expérience mexicaine authentique, loin des clichés touristiques de plage. Les passionnés d'histoire se régaleront devant ses églises baroques et ses musées dédiés à l'indépendance du pays, tandis que les flâneurs apprécieront l'ambiance bohème des places et des terrasses qui s'animent dès le crépuscule.
En revanche, si vous êtes du genre à apprécier le confort moderne et les infrastructures ultramodernes, sachez que certaines rues pentues exigent de bonnes jambes et que le charme pittoresque de la ville implique parfois des hôtels dans des bâtiments anciens sans ascenseur. Les familles avec poussettes devront s'armer de patience face aux nombreux escaliers et pavés. Quant aux amateurs de soleil et de plage, mieux vaut continuer votre route vers les côtes.
Un budget raisonnable pour une destination de caractère
Comptez entre 50 et 80 € par jour et par personne pour profiter confortablement de la ville : une chambre double dans un hôtel de charme se négocie autour de 40-70 €, un excellent repas coûte 8-15 € et la plupart des musées affichent des tarifs dérisoires (2-5 €). Les hébergements du centre historique sont certes plus onéreux, mais ils vous évitent les frais de taxi et vous plongent directement dans l'atmosphère unique de la cité.
Plonger dans l'histoire minière et révolutionnaire
Au XVIe siècle, la découverte de filons d'argent transforme ce bout de montagne en l'une des villes les plus prospères de la Nouvelle-Espagne. Cette richesse attire les colons espagnols qui bâtissent églises et palais somptueux, mais elle nourrit aussi les tensions qui culminent en 1810 avec la prise de l'Alhóndiga de Granaditas. Ce jour-là, les insurgés menés par Miguel Hidalgo remportent leur première victoire significative contre les royalistes, marquant le début de l'indépendance mexicaine.
Aujourd'hui, cet imposant bâtiment néoclassique abrite le Musée régional, où une salle entière rend hommage aux héros de la révolution. Pour comprendre d'où venait toute cette fortune, descendez jusqu'à 70 mètres sous terre dans le Museo Mina la Valenciana, l'une des mines d'argent les plus productives du pays. Équipé d'un casque, vous marcherez dans les pas des 10 000 ouvriers qui extrayaient quotidiennement le précieux métal.
Le conseil d'ami : visitez la mine le matin pour éviter la chaleur étouffante qui règne dans les galeries l'après-midi. Prévoyez un pull léger, la température chute brusquement une fois sous terre.
Grimper jusqu'aux plus beaux points de vue
Pour saisir toute la beauté kaléidoscopique de la ville, prenez le funiculaire depuis le théâtre Juárez jusqu'au Monumento al Pípila. Cette statue monumentale rend hommage au mineur qui facilita la prise de l'Alhóndiga en incendiant sa porte d'entrée. Mais c'est surtout le panorama à 360 degrés sur les toits colorés, les clochers baroques et les montagnes environnantes qui justifie l'ascension.
Le théâtre Juárez lui-même mérite qu'on s'y attarde : son péristyle néoclassique orné de colonnes doriques contraste avec l'intérieur mauresque aux ors et velours rouges. Si vous avez de la chance, assistez à un concert de l'orchestre symphonique pour quelques euros seulement.
Le Callejón del Beso et ses légendes
Dans le dédale des callejones, ne manquez pas la plus étroite ruelle de la ville : le Callejón del Beso. Large d'à peine 68 centimètres, elle doit son nom romantique à une légende tragique d'amour impossible. Aujourd'hui, les couples s'y embrassent sur la troisième marche pour s'assurer sept années de bonheur. Kitsch ? Peut-être, mais l'atmosphère y est délicieusement mélancolique au coucher du soleil.
Le conseil d'ami : évitez cette ruelle entre 11h et 15h quand les groupes de touristes s'y agglutinent. Privilégiez la fin d'après-midi pour une photo sans cohue.
Explorer les musées insolites et les églises baroques
Parmi les curiosités de la ville, le Musée des Momies occupe une place à part. Ces 111 corps naturellement momifiés grâce aux propriétés du sol ont été exhumés du cimetière municipal au XIXe siècle. Certains visiteurs trouvent l'expérience fascinante, d'autres légèrement macabre : à vous de juger si cette plongée dans la culture mexicaine de la mort vous tente.
Pour les amateurs d'art, le Musée iconographique Don Quichotte rassemble une impressionnante collection de peintures, vitraux et sculptures inspirés par Cervantès. La ville voue en effet un culte à l'écrivain espagnol et organise chaque automne le Festival International Cervantino, qui attire des troupes de théâtre du monde entier.
Les églises qui racontent l'âge d'or
La Basilique de Notre-Dame, avec sa façade jaune vif visible de loin, abrite une statue de la Vierge du VIIe siècle offerte par Philippe II d'Espagne. Plus discrète mais tout aussi belle, l'église San Diego séduit par son dôme rouge et sa façade churrigueresque aux ornements foisonnants. Au village de La Valenciana, à quelques kilomètres du centre, l'église du même nom témoigne de la munificence des propriétaires de mines : dorures à profusion, autels baroques et retables sculptés rivalisent d'opulence.
Le conseil d'ami : assistez à la messe du dimanche matin à la Basilique pour vivre l'expérience dans son contexte authentique, entre chants et ferveur locale.
Se perdre dans les marchés et flâner le soir venu
Le Mercado Hidalgo, construit en 1910 dans une ancienne gare ferroviaire, déploie sa structure métallique Art nouveau sur deux étages. Entre les étals de fruits exotiques, d'artisanat local et de street food, l'animation bat son plein dès le matin. C'est ici qu'il faut goûter les fameuses enchiladas mineras dans l'un des stands de restauration : ces tortillas nappées de sauce rouge et garnies de pommes de terre et carottes étaient le plat des mineurs avant leur journée de labeur.
Quand le soir tombe, tout converge vers le Jardín de la Unión, cœur battant de la ville. Cette place triangulaire bordée de lauriers taillés se transforme en scène à ciel ouvert : mariachis, étudiants déguisés en troubadours médiévaux pour les callejoneadas (balades chantées nocturnes), couples qui dansent... Installez-vous en terrasse avec un mezcal et laissez-vous porter par l'ambiance festive qui règne jusqu'à tard dans la nuit.
Le conseil d'ami : réservez votre place pour une callejoneada dès votre arrivée. Ces promenades musicales dans les ruelles, ponctuées d'anecdotes légendaires et de tequila, sont un incontournable de la vie nocturne locale.
Où manger et boire à Guanajuato ?
La scène culinaire locale mêle traditions minières et créativité contemporaine. Outre les enchiladas mineras déjà mentionnées, goûtez absolument la guacamaya : ce sandwich gargantesque fourré de porc effiloché, chicharrón croustillant et avocat écrasé se déguste debout dans les stands du Mercado Hidalgo. Pour une version plus raffinée de la cuisine mexicaine, Mestizo propose des plats fusion où le poisson au pipian vert côtoie des raviolis farcis au fromage cotija.
Côté ambiance, Casa Valadez offre la plus belle terrasse donnant sur le Jardín de la Unión : parfait pour un brunch dominical en observant le ballet des passants. Les amateurs de rooftops préféreront Antigua Trece et ses canapés moelleux avec vue panoramique sur les toits colorés. Pour un café et une pâtisserie, La Vie en Rose tenue par des Français expatriés sert de délicieux croques-madame et tartes aux fruits dans un cadre bohème. Enfin, ne quittez pas la ville sans avoir testé un verre au Bar Luna sur le Jardín : leurs ailes de poulet surprendront les plus sceptiques.
Où dormir à Guanajuato et aux alentours ?
Le Zona Centro concentre l'essentiel de l'offre hôtelière et reste le choix le plus judicieux pour profiter pleinement de la ville à pied. Les établissements comme l'Hotel 1850 ou le Casa del Rector marient charme colonial et confort moderne, avec parfois piscine sur le toit et restaurant gastronomique. Comptez 50-100 € la nuit pour une chambre double dans ces adresses de caractère.
Pour les budgets plus serrés, l'Hotel San Diego et l'Hotel Posada Santa Fe offrent des chambres propres et bien situées à partir de 30-40 €. Si vous recherchez le calme et ne craignez pas une courte course en taxi (10-15 minutes), les hôtels du quartier résidentiel de La Presa de la Olla comme Villa María Cristina ou Quinta las Acacias proposent jardins luxuriants et atmosphère reposante, à 5-10 km du centre. L'aéroport international du Bajío se trouve à 30 minutes en taxi (environ 25 €), ce qui facilite les arrivées tardives.
Comment se rendre et se déplacer à Guanajuato ?
Depuis la France, vous atterrirez à Mexico puis prendrez un vol intérieur jusqu'à l'aéroport du Bajío (BJX), situé entre León et Silao. Autre option : un bus direct depuis Mexico (4h30-5h de trajet, 15-25 €). Les compagnies Primera Plus et ETN assurent des liaisons confortables et fréquentes.
Une fois sur place, oubliez la voiture : le dédale de ruelles piétonnes et de tunnels souterrains rend la conduite cauchemardesque. La plupart des hôtels du centre ne disposent d'ailleurs pas de parking. Vos pieds seront vos meilleurs alliés, éventuellement complétés par le funiculaire (5 € aller-retour) pour grimper au Pípila. Pour les sites excentrés comme le Musée des Momies ou La Valenciana, Uber fonctionne parfaitement et reste très abordable (3-5 € la course). Si vous souhaitez explorer les environs comme San Miguel de Allende à une heure de route, louez plutôt une voiture pour la journée depuis l'aéroport.
Quand y aller ?
La saison sèche d'octobre à avril offre les meilleures conditions : ciel bleu, températures agréables autour de 20-25°C en journée et peu de précipitations. Octobre se distingue particulièrement avec le Festival International Cervantino, qui transforme la ville en immense scène de théâtre et attire artistes du monde entier. Réservez très en avance si vous visez cette période, les hébergements affichent complet des mois à l'avance.
De mai à septembre, les averses de fin d'après-midi sont fréquentes mais brèves : elles rafraîchissent l'atmosphère sans gâcher les journées. L'été reste une option valable pour éviter l'affluence de la haute saison. Janvier et février peuvent être frais en soirée (10-15°C), pensez à emporter un pull léger pour profiter des terrasses nocturnes sans grelotter.






