
Visiter Chiang Mai, là où la Thaïlande ralentit enfin
Le mot de la rédaction, mis à jour le 06/10/2025
L'odeur de l'encens des temples se mêle aux effluves de street food qui grillent au coin des ruelles. Des moines en robe safran défilent pieds nus devant des cafés branchés où des nomades digitaux pianotent sur leurs MacBook.
Ici, dans cette ville du nord thaïlandais nichée à 700 mètres d'altitude, le temps semble s'écouler différemment. Pas de gratte-ciels déments comme à Bangkok, pas de plages bondées comme à Phuket. Juste une cité millénaire entourée de douves, cernée par des montagnes brumeuses, où plus de 300 temples dorés ponctuent un quotidien oscillant entre tradition lannaïse et modernité zen.
Le repaire des contemplatifs et des curieux
Cette destination attire un profil bien particulier. Si vous cherchez la fête non-stop et les plages de rêve, vous vous êtes trompés d'adresse. En revanche, les amateurs de culture bouddhiste, de randonnées en montagne, de cuisine authentique et de rythme apaisé tomberont sous le charme. La ville plaît énormément aux familles grâce à son atmosphère sécurisante et ses activités variées, ainsi qu'aux voyageurs solo qui apprécient la communauté d'expatriés et la facilité des rencontres.
Côté budget, comptez 30-50 euros par jour pour vivre confortablement, 15-20 euros en mode backpacker. Pas besoin de voiture en ville, le scooter règne en maître et les songthaews (pick-up rouge transformés en taxi collectif) sillonnent partout pour quelques bahts. Le rythme ? Lent, presque méditatif la journée, animé mais jamais frénétique le soir. Trois jours suffisent pour un aperçu, une semaine permet de vraiment s'imprégner de l'ambiance.
La vieille ville : concentration de temples et d'authenticité
Le cœur historique se découpe en carré parfait de 1,5 km de côté, entouré de douves et de vestiges de remparts. Cette concentration géographique facilite la visite à pied ou à vélo. Le Wat Phra Singh, temple royal du 14e siècle, impressionne par son chedi doré et son ubosot aux fresques murales magnifiquement préservées. Juste à côté, le Wat Chedi Luang abrite un chedi partiellement effondré lors d'un tremblement de terre en 1545, lui conférant un charme de ruine romantique.
Les ruelles entre les temples regorgent de petites échoppes, guesthouses familiales et restaurants sans prétention où les locaux mangent. Le dimanche, la Walking Street transforme Ratchadamnoen Road en immense marché piéton dès 17h : artisanat local, vêtements, bijoux et street food à tous les coins. L'ambiance reste bon enfant, les prix honnêtes si on négocie gentiment.
Le conseil d'ami : louez un vélo chez l'un des nombreux shops pour 50-100 bahts la journée. La vieille ville plate se parcourt idéalement à deux roues, et vous pourrez facilement enchaîner 6-7 temples dans la même matinée avant que la chaleur ne devienne écrasante.
Nimman : le quartier branché des créatifs
Au nord-ouest de la vieille ville s'étend Nimmanhaemin, surnommé affectueusement Nimman par les habitués. Ce quartier hipster concentre cafés design, boutiques créatives, restaurants fusion et street art coloré. Les sois (ruelles) numérotés partant de Nimman Road cachent chacun leurs pépites : le soi 1 pour les bars à cocktails, le soi 3 pour les cafés Instagram-friendly, le soi 17 pour la scène culinaire innovante.
L'immense centre commercial Maya Lifestyle domine le quartier avec ses boutiques internationales et son food court au dernier étage offrant une vue panoramique. Mais l'intérêt de Nimman réside surtout dans ses micro-espaces indépendants : Think Park et ses conteneurs transformés en bars-restos, One Nimman et son architecture contemporaine élégante. La population ? Mélange d'étudiants de l'université toute proche, d'expatriés occidentaux et de jeunes Thaïs aisés.
Le conseil d'ami : le quartier se visite idéalement en fin d'après-midi. Commencez par un café vers 16h dans l'un des nombreux spots cosy, baladez-vous jusqu'au coucher du soleil, puis installez-vous pour dîner. Les terrasses s'animent vraiment à partir de 19h.
Autour du Doi Suthep : temples perchés et nature luxuriante
La montagne Doi Suthep culmine à 1 676 mètres au-dessus de la ville. Son temple éponyme, le Wat Phra That Doi Suthep, représente le site le plus sacré du nord thaïlandais. Après avoir gravi 306 marches bordées de naga (serpents mythologiques), le chedi doré étincelant de 22 mètres apparaît dans toute sa splendeur. La vue sur la ville en contrebas justifie à elle seule l'ascension, surtout au lever ou au coucher du soleil quand les groupes de touristes se font plus rares.
Plus haut sur la route sinueuse, le Bhubing Palace ouvre ses jardins au public quand la famille royale n'y réside pas. Les roses et les hortensias fleurissent magnifiquement entre décembre et février. Pour les randonneurs, plusieurs sentiers partent du parc national de Doi Suthep-Pui vers des cascades cachées et des points de vue panoramiques. Le Hmong Village en chemin permet de découvrir l'artisanat des minorités montagnardes, même si l'aspect touristique a pris le dessus.
Le conseil d'ami : négociez un aller-retour avec un songthaew rouge depuis la vieille ville pour environ 200 bahts par personne. Montez tôt le matin vers 7h pour assister aux chants des moines et éviter la cohue. Prévoyez tenue couvrante (épaules et genoux) sinon location obligatoire de sarong à l'entrée.
Les expériences nature aux alentours
À une trentaine de kilomètres au nord, les sanctuaires d'éléphants éthiques se multiplient. Oubliez les balades à dos d'éléphant et privilégiez des endroits comme Elephant Nature Park ou Patara Elephant Farm où les pachydermes vivent en semi-liberté. La journée consiste à les nourrir, les baigner dans la rivière et observer leurs interactions naturelles. Réservation indispensable plusieurs semaines à l'avance, comptez 2 500-3 500 bahts la journée.
Les cascades comme Mae Sa ou Huay Kaew offrent une échappatoire rafraîchissante à la chaleur urbaine. Les trekkings de plusieurs jours dans les montagnes du Triangle d'Or séduisent les aventuriers : nuits dans des villages Karen ou Akha, marches dans la jungle dense, baignades en rivière. Les agences proposent des formules tout compris de 2 à 5 jours entre 3 000 et 8 000 bahts selon le niveau de confort souhaité.
Où manger et boire à Chiang Mai ?
La cuisine du nord thaïlandais (lanna) se distingue du reste du pays par des saveurs plus douces et moins pimentées. Le khao soi, curry de nouilles aux œufs servi dans un bouillon de lait de coco avec poulet ou bœuf, règne en maître absolu : testez-le chez Khao Soi Lam Duan Fah Ham, institution locale depuis des décennies. Le sai oua (saucisse du nord épicée) et le nam prik ong (sauce tomate-porc-piment) accompagnent parfaitement le riz gluant omniprésent.
Les marchés de nuit concentrent le meilleur de la street food. Le Warorot Market reste le plus authentique pour manger comme les locaux, tandis que le Night Bazaar mise sur le volume touristique avec qualité variable. Pour une expérience gastronomique relevée, David's Kitchen propose une fusion franco-thaïe excellente, The Service 1921 revisite les classiques dans un cadre colonial chic.
Côté cafés, la ville rivalise désormais avec Melbourne ou Portland. Ristr8to a remporté des prix internationaux pour son latte art, Graph Café torréfie ses propres grains, Akamai Coffee attire la communauté créative. Les bars se concentrent dans Nimman et autour de Loi Kroh Road, avec une mention spéciale pour le rooftop du Zoe in Yellow et l'ambiance roots du North Gate Jazz Co-Op.
Où dormir à Chiang Mai et aux alentours ?
La vieille ville séduit ceux qui veulent être au cœur de l'action culturelle avec les temples à portée de main. Les guesthouses familiales y abondent entre 300 et 800 bahts la nuit, souvent avec charme et caractère. Le quartier Nimman attire les voyageurs plus jeunes et connectés, avec auberges de jeunesse design et hôtels boutique entre 400 et 2 000 bahts selon le standing.
Le long de la rivière Ping, à l'est, plusieurs établissements de charme profitent d'un cadre bucolique tout en restant proche du centre : le Tamarind Village ou le Rachamankha incarnent le luxe discret lanna. Pour les budgets serrés, la zone de Tha Phae Gate concentre des dizaines d'options bon marché entre 200 et 500 bahts avec sanitaires partagés.
En périphérie, vers Mae Rim au nord ou Hang Dong au sud, des resorts luxueux nichés dans la nature offrent piscines à débordement et spa pour qui recherche la déconnexion totale. Comptez à partir de 3 000 bahts la nuit dans ces établissements souvent magnifiques.
Comment se rendre et se déplacer à Chiang Mai ?
L'aéroport international de Chiang Mai se situe à seulement 4 km du centre. Les taxis officiels coûtent 150-200 bahts pour rejoindre la vieille ville en 15 minutes. Plusieurs vols quotidiens relient Bangkok (1h15 de vol, 800-2 500 bahts selon la compagnie et la période). Le train de nuit depuis la capitale offre une alternative économique et charmante (10-12h, 500-1 500 bahts selon la classe), mais les retards sont fréquents.
En ville, le scooter règne en maître : location pour 150-250 bahts la journée, permis international théoriquement obligatoire mais rarement contrôlé. Les songthaews rouges fonctionnent comme des taxis collectifs : 30 bahts le trajet dans la vieille ville, prix à négocier pour des courses plus longues. Les applications Grab et Bolt facilitent les déplacements en taxi-moto ou voiture climatisée.
La vieille ville compacte se parcourt aisément à pied. Pour explorer les alentours (Doi Suthep, sanctuaires d'éléphants), soit vous louez un scooter si vous êtes à l'aise sur les routes de montagne, soit vous réservez des excursions organisées qui incluent transport et guide.
Quand y aller ?
La saison fraîche de novembre à février représente la période idéale : températures agréables entre 15 et 28°C, ciel dégagé, humidité basse. C'est aussi la haute saison touristique avec affluence maximale et prix gonflés. Mi-novembre, le festival Yi Peng voit des milliers de lanternes célestes illuminer le ciel nocturne, spectacle magique mais extrêmement fréquenté. Mars à mai correspond à la saison chaude avec mercure grimpant au-delà de 35°C et brume de pollution agricole qui voile les montagnes.
La mousson de juin à octobre apporte pluies quotidiennes en fin d'après-midi mais vidange la ville des touristes et fait chuter drastiquement les prix.






