
Oaxaca, là où le Mexique révèle son âme secrète
Le mot de la rédaction, mis à jour le 03/12/2025
L'odeur vous saisit avant même que vous ne posiez le pied sur les pavés : un mélange de cacao torréfié, de fumée de copal et de maïs grillé qui flotte dans l'air des montagnes. Oaxaca ne se visite pas, elle s'inhale.
Cette ville coloniale lovée dans une vallée à 1 500 mètres d'altitude, cernée de crêtes arides et de champs d'agaves bleutés, concentre à elle seule seize des soixante-huit cultures indigènes du Mexique. Ici, les traditions zapotèques ne sont pas des reliques de musée mais le quotidien de marchands, de tisserands, de maîtres mezcaliers qui perpétuent des gestes millénaires.
Une destination faite pour les âmes curieuses
Oaxaca s'adresse d'abord aux voyageurs en quête d'authenticité : amateurs de gastronomie audacieuse, passionnés d'artisanat, explorateurs d'histoires préhispaniques. Les couples et voyageurs solo y trouveront une ambiance détendue et sûre, loin du tourisme de masse des stations balnéaires. Les familles apprécieront l'accueil chaleureux et les activités variées.
En revanche, ceux qui recherchent des plages à portée de main devront prévoir une demi-journée de route sinueuse pour atteindre la côte Pacifique. La ville connaît aussi des manifestations fréquentes qui bloquent parfois la circulation, et l'altitude peut fatiguer les premiers jours. Pas de voiture nécessaire dans le centre, mais indispensable pour explorer les villages alentour.
Un budget très doux pour le Mexique
Comptez environ 50 à 70 € par jour pour un séjour confortable : 25-40 € pour une chambre dans un hôtel de charme, 10-15 € pour manger copieusement dans les comedores et marchés, et quelques pesos pour les collectivos. En auberge de jeunesse et street food, vous pouvez descendre sous les 35 € quotidiens sans effort.
Le Centro Histórico : un labyrinthe de couleurs classé à l'UNESCO
Le cœur battant de la ville pulse autour du Zócalo, place ombragée de lauriers où les mariachis côtoient les vendeurs de nieves artesanales (glaces artisanales). Les terrasses des cafés débordent jusque sur les pavés, et l'animation se prolonge tard dans la nuit. Tout autour, les rues piétonnes comme Macedonio Alcalá alignent galeries d'art, boutiques de textiles brodés et chocolateries où l'on moud le cacao devant vous.
Ne manquez pas l'église Santo Domingo de Guzmán, chef-d'œuvre baroque dont l'intérieur recouvert de feuilles d'or coupe le souffle. Le monastère attenant abrite le Museo de las Culturas, où les trésors de la tombe 7 de Monte Albán, dont un crâne incrusté de turquoise, témoignent de la splendeur mixtèque.
Le conseil d'ami : le Jardín Etnobotánico, accessible uniquement en visite guidée, vaut l'effort d'arriver tôt. La visite en anglais à 11h (100 MXN) affiche complet rapidement ; sinon, optez pour celle en espagnol (50 MXN) plus intime et plus fréquente.
Les trésors préhispaniques des alentours
Monte Albán, l'ancienne capitale zapotèque
À trente minutes en navette du centre, le site archéologique de Monte Albán domine la vallée depuis 500 avant J.-C. Classé au patrimoine mondial, ce plateau artificiel parsemé de pyramides, de temples et d'un imposant juego de pelota offre une immersion physique dans l'histoire. Le musée gratuit à la sortie contextualise admirablement les pièces découvertes sur place.
Le conseil d'ami : prenez la navette depuis la Calle Minas (environ 70 MXN aller-retour) plutôt qu'un taxi, et arrivez dès l'ouverture pour profiter du site sans la foule et avant la chaleur de midi.
Hierve el Agua et l'arbre de Tule
À une heure et demie de route, les piscines naturelles de Hierve el Agua offrent un spectacle surréaliste : des cascades pétrifiées formées par les dépôts minéraux surplombent la vallée et les champs d'agaves. Vous pouvez vous baigner dans les bassins d'eau fraîche en contemplant les montagnes à perte de vue.
Sur la route, arrêtez-vous à Santa María del Tule pour admirer l'arbre le plus large du monde : un cyprès de Montezuma vieux de 1 500 à 3 000 ans dont le tronc atteint 14 mètres de diamètre. Un géant silencieux qui relativise notre rapport au temps.
L'artisanat vivant des villages
La vallée d'Oaxaca est un atelier à ciel ouvert. À San Bartolo Coyotepec, les potiers façonnent le barro negro, céramique noire lustrée unique au monde. À Teotitlán del Valle, les tisserands zapotèques créent des tapis de laine teinte aux colorants naturels, cochenille et indigo, selon des techniques ancestrales.
Pour les fameuses figurines multicolores, direction San Martín Tilcajete, berceau des alebrijes, ces créatures fantastiques sculptées dans du bois de copal. Les ateliers familiaux ouvrent leurs portes aux visiteurs et proposent même des sessions de peinture.
Le conseil d'ami : visitez le marché de Tlacolula le dimanche matin, le plus grand marché hebdomadaire de la région. Une expérience sensorielle totale où goûter le barbacoa cuit sous terre et les chicharrones croustillants.
La côte Pacifique : une escapade à prévoir
Si le temps vous le permet, franchissez la Sierra Madre del Sur pour rejoindre les plages sauvages de l'État. Mazunte, Puerto Escondido et Huatulco offrent des baies turquoise, du surf de classe mondiale et une atmosphère bohème. Prévoyez une demi-journée en taxi collectif ou une journée entière en bus pour traverser les montagnes couvertes de caféiers.
Où manger et boire à Oaxaca ?
Oaxaca est considérée comme la capitale gastronomique du Mexique, et chaque repas le confirme. La star locale reste le mole negro, sauce complexe où se mêlent piments, épices et chocolat, servie sur du poulet. Plus audacieux, les chapulines (criquets grillés) se croquent à l'apéritif avec un shot de mezcal artisanal.
Ne quittez pas la ville sans goûter aux tlayudas, grandes tortillas croustillantes garnies de haricots, fromage Oaxaca et tasajo (viande séchée), ni aux tamales enveloppés dans des feuilles de bananier. Le Mercado 20 de Noviembre est le temple de la street food : choisissez votre viande dans les étals, faites-la griller sur place et accompagnez-la de memelitas et de salsas brûlantes.
Où dormir à Oaxaca et aux alentours ?
Le Centro Histórico concentre l'essentiel de l'offre, des auberges de jeunesse animées aux hôtels-boutiques installés dans d'anciennes demeures coloniales. Le quartier de Jalatlaco, avec ses ruelles pavées et ses façades pastel, offre une alternative plus calme et légèrement moins chère, à dix minutes à pied du Zócalo.
Pour une ambiance bohème, le quartier de Xochimilco séduit les voyageurs créatifs avec ses cafés branchés et ses ateliers d'artistes. Les budgets serrés trouveront des dortoirs à partir de 15-18 € la nuit, tandis que les amateurs de charme pourront s'offrir une chambre dans un ancien couvent pour 80-150 € la nuit.
Comment se rendre et se déplacer à Oaxaca ?
L'aéroport international Xoxocotlán reçoit des vols quotidiens depuis Mexico et quelques liaisons depuis les États-Unis. Comptez 1h de vol depuis la capitale ou environ 7 heures de bus (20 à 60 € selon la compagnie et le confort). Les bus ADO offrent des sièges inclinables et le wifi, rendant le trajet agréable.
Depuis l'aéroport, les colectivos partagés coûtent environ 85-140 MXN jusqu'au centre selon la zone. En ville, tout se fait à pied. Pour les excursions, les colectivos partent des terminaux périphériques, ou vous pouvez louer les services d'un guide-chauffeur à la journée (compter 1 500-2 000 MXN). L'application Didi fonctionne parfaitement pour les trajets urbains.
Quand y aller ?
La saison idéale s'étend d'octobre à mars : ciel bleu, températures douces entre 20 et 28°C, et festivités exceptionnelles. Le Día de Muertos (fin octobre-début novembre) transforme la ville en un théâtre à ciel ouvert, mais les hébergements se réservent des mois à l'avance. La Guelaguetza (juillet) célèbre les seize cultures indigènes dans un festival de danses et de couleurs.
Évitez la saison des pluies (juin-septembre) : les averses torrentielles de fin d'après-midi peuvent gâcher les excursions, et la chaleur devient étouffante en mai.








Et si vous avez l'occasion de faire le chemin qui va de la côte Pacifique vers Oaxaca, superbes montagnes couvertes de forêt, de plantations de café !