Visiter Louxor, au cœur de l'ancienne Thèbes

Le mot de la rédaction, mis à jour le 19/10/2025

La poussière ocre se soulève sous vos pas. Le soleil tape fort sur les colonnes géantes qui percent le ciel depuis 3 400 ans. Une felouque glisse sur le Nil en silence. D'un côté du fleuve, la vie moderne bouillonne dans les souks et le long de la corniche. De l'autre, les montagnes thébaines cachent les tombes de soixante-trois pharaons. Bienvenue à Louxor, le plus grand musée à ciel ouvert de la planète, là où chaque pierre raconte une épopée millénaire.

Louxor, le pèlerinage incontournable des passionnés d'histoire

Soyons francs : si les vestiges antiques vous ennuient, passez votre chemin. Mais si l'idée de marcher là où Ramsès II a régné vous donne des frissons, alors Louxor est votre Graal.

C'est l'ancienne Thèbes, capitale de l'Égypte pendant mille ans, et aujourd'hui la concentration la plus dense de temples et de tombeaux pharaoniques au monde. Un tiers des monuments antiques de la planète se trouve ici. Cette destination s'adresse aux amoureux d'archéologie, aux familles curieuses, aux voyageurs en quête de dépaysement culturel total.

Le budget reste modéré : les entrées de sites oscillent entre 8 et 15 euros, les restaurants locaux servent des festins pour moins de 10 euros. Les moins patients pourraient trouver les visites répétitives, et ceux qui fuient la chaleur devront composer avec des températures dépassant régulièrement 40 degrés en été. La ville vit exclusivement du tourisme, ce qui peut générer des sollicitations fréquentes dans les zones touristiques de la rive est.

Explorer la rive est, le cœur battant moderne

La rive est concentre la vie urbaine et deux sites majeurs accessibles à pied. Le temple de Louxor émerge au milieu de la ville, ses colonnes illuminées la nuit créant un spectacle saisissant. Devant l'entrée, un seul obélisque monte la garde : son jumeau trône place de la Concorde à Paris depuis 1836. À l'intérieur, la grande cour de Ramsès II et la colonnade vous plongent dans l'atmosphère des processions religieuses antiques. Une mosquée du XIVe siècle s'accroche au temple, construite sur une église elle-même érigée sur les ruines, témoignage des strates historiques qui s'empilent ici.

Trois kilomètres plus au nord, le complexe de Karnak vous attend. C'est le plus vaste site religieux d'Égypte, un dédale de pylônes, cours et salles qui nécessite au minimum trois heures de visite. La salle hypostyle est vertigineuse : 134 colonnes de 23 mètres de haut, certaines encore couvertes de couleurs éclatantes. Les hiéroglyphes gravés racontent les exploits militaires des pharaons. L'allée des sphinx à tête de bélier qui reliait autrefois Karnak au temple de Louxor a été restaurée sur toute sa longueur.

Le conseil d'ami : visitez Karnak en fin d'après-midi vers 15h-16h. Les groupes touristiques sont partis, la lumière rasante sublime les reliefs des colonnes, et la chaleur devient supportable. Le site ferme à 17h30 en hiver, profitez de cette fenêtre dorée.

La rive ouest, royaume des morts et des merveilles

Traversez le Nil en ferry local pour 50 centimes ou en motorboat pour quelques euros. La rive ouest déroule le tapis rouge des pharaons défunts. La Vallée des Rois cache 63 tombes creusées dans la montagne thébaine entre 1500 et 1000 avant notre ère. Votre billet donne accès à trois tombes au choix parmi celles ouvertes ce jour-là. Les fresques murales aux couleurs préservées défient le temps : scènes du Livre des Morts, barques solaires, divinités à tête de chacal ou de faucon.

La tombe de Toutankhamon se visite avec un supplément. Celle de Ramsès VI, plus spectaculaire avec son plafond astronomique intact, mérite aussi l'investissement. Arrivez avant 8h du matin pour éviter la cohue et la fournaise qui transforme la vallée en étuve à midi.

Le temple d'Hatshepsout s'accroche à la falaise de Deir el-Bahari sur trois niveaux de terrasses. Cette femme pharaon, l'une des rares de l'histoire égyptienne, a commandité ce chef-d'œuvre architectural dédié à Amon. Les colosses de Memnon, deux statues de 18 mètres pesant 700 tonnes chacune, montent la garde à l'entrée de ce qui fut le temple funéraire d'Amenhotep III. Le site moins visité de Médinet Habou, temple de Ramsès III, offre des reliefs exceptionnels et une tranquillité bienvenue.

Le Musée de Louxor, l'écrin méconnu

Sur la corniche de la rive est, le Musée de Louxor expose une collection remarquable de statues et d'objets découverts dans les temples environnants. L'éclairage soigné et la climatisation en font un refuge idéal en milieu d'après-midi. La momie de Ramsès Ier et les statues de Toutankhamon y sont présentées avec élégance. Ouvert jusqu'à 20h, il permet d'admirer le coucher de soleil avant d'entrer.

S'immerger dans la vie locale loin des circuits

Le souk de la rive est s'étend derrière la corniche, un labyrinthe coloré d'épices, de tissus et d'artisanat. Négociez avec le sourire, les prix de départ sont souvent trois fois supérieurs au prix réel. Le quartier de Gourna sur la rive ouest, conçu dans les années 1940 par l'architecte Hassan Fathy, présente une architecture de terre crue fascinante. Les villages agricoles entre les sites archéologiques révèlent une Égypte rurale authentique : champs de canne à sucre, plantations de bananiers, paysans au travail.

Une balade à vélo dans l'île de la Bananeraie, accessible en felouque, offre un contraste saisissant avec l'agitation touristique. Les sentiers serpentent entre les cultures, les enfants jouent dans les canaux d'irrigation, le temps semble suspendu.

Le conseil d'ami : prenez le ferry local qui relie les deux rives pour 20 centimes égyptiens. C'est le moyen de transport des habitants, une expérience authentique où vous croiserez fermiers, écoliers et vendeuses de marché. Le départ se fait toutes les 15 minutes près du temple de Louxor.

Où manger et boire à Louxor ?

La cuisine égyptienne déploie ses trésors dans les petits restaurants locaux. Le koshary, plat national composé de lentilles, pâtes, riz, oignons frits et sauce tomate épicée, constitue un repas complet pour 2 euros. Le foul, purée de fèves agrémentée d'huile d'olive, citron et cumin, se déguste au petit-déjeuner dans du pain pita chaud. Le pigeon farci au riz ou au boulgour est une spécialité raffinée des tables plus élaborées.

Sur la rive est, le restaurant Sofra propose une cuisine égyptienne authentique dans un décor traditionnel. El Kababgy près du souk sert des grillades généreuses et le meilleur mahshi (légumes farcis) de la ville. Pour un dîner face au Nil, les terrasses des hôtels offrent des vues spectaculaires au coucher du soleil. Sur la rive ouest, le Nile View est plébiscité pour son accueil chaleureux et ses prix doux. Le om ali, pudding crémeux aux noix et raisins secs, clôture parfaitement un repas.

Où dormir à Louxor et aux alentours ?

La rive est concentre l'essentiel de l'offre hôtelière, des petites guesthouses aux palaces historiques. Le quartier entre le temple de Louxor et Karnak offre un bon compromis entre proximité des sites et calme relatif. Le mythique Sofitel Winter Palace, avec son architecture coloniale et ses jardins luxuriants, propose des chambres à moins de 100 euros, un tarif imbattable pour ce standing. Les hôtels en bord de Nil affichent des prix plus élevés mais offrent des vues imprenables.

La rive ouest séduit ceux qui cherchent l'authenticité et la tranquillité. Séjourner à Gezira ou dans les villages près de la Vallée des Rois permet de vivre au rythme local et d'accéder rapidement aux sites dès l'ouverture. Les guesthouses tenues par des familles proposent chambres confortables et petits-déjeuners copieux pour 20 à 40 euros la nuit.

Comment se rendre et se déplacer à Louxor ?

L'aéroport international de Louxor accueille peu de vols directs depuis l'Europe. La solution la plus courante consiste à atterrir au Caire puis prendre un vol intérieur avec EgyptAir ou Nile Air pour 50 à 90 euros, durée 1h15. Le train de nuit depuis Le Caire offre une alternative économique mais épuisante (10h de trajet). Depuis Assouan au sud, comptez 3h de train ou de bus.

Sur place, les taxis négociés à la journée (200-300 livres égyptiennes soit 10-15 euros) permettent de visiter tous les sites de la rive ouest confortablement. Les calèches à chevaux sillonnent la rive est mais vérifiez les tarifs avant de monter. La marche reste le meilleur moyen d'explorer le centre entre les deux temples. Pour la rive ouest, louez un vélo dans les villages près du ferry (50 livres la journée) et pédalez entre les sites au milieu des champs.

Quand y aller ?

Les mois de mars à mai et novembre offrent les meilleures conditions : températures agréables entre 25 et 30 degrés, ciel constamment bleu, affluence touristique modérée. L'hiver (décembre-février) voit des matinées fraîches mais des journées idéales pour visiter. Fuyez absolument l'été de juin à septembre où le mercure dépasse régulièrement 45 degrés, transformant la moindre visite en épreuve d'endurance. Les sites ferment en milieu d'après-midi et la vie s'arrête jusqu'au soir.