
Le mot de la rédaction, publié le 25/10/2025
Dans la pénombre climatisée de la Casa de la Aduana, l'or tairona capture la lumière comme il le faisait il y a mille ans au sommet de la Sierra Nevada. Ce bâtiment colonial du XVIIIe siècle, l'un des plus anciens encore debout en Colombie, abrite aujourd'hui l'une des collections archéologiques les plus précieuses du pays. Chaque pièce raconte l'histoire d'une civilisation sophistiquée qui maîtrisait l'or avec une dextérité inégalée.
Ce musée inauguré en 2014 après une restauration minutieuse n'est pas un simple réceptacle d'objets anciens. Il constitue un pont vivant entre le passé précolombien et le présent caribéen, un dialogue entre les cultures Nahuange et Tairona qui prospérèrent entre 200 et 1600 après J.-C., et leurs descendants actuels, les Koguis, Wiwas, Arhuacos et Kankuamos qui habitent encore la Sierra.
La Casa de la Aduana elle-même possède une histoire riche en rebondissements. Palais, hôtel, bureau de l'United Fruit Company, elle fut surtout le lieu où reposa Simón Bolívar après sa mort en 1830. Ses murs ont absorbé trois siècles de transformations urbaines, de batailles contre les pirates, de commerce bananier et de tourisme moderne.
Les 207 pièces d'orfèvrerie exposées révèlent la maîtrise technique des Tairona. Figurines anthropomorphes, ornements pour hommes et femmes, représentations d'animaux sacrés : chaque objet servait un but rituel ou de pouvoir. Les hommes-chauves-souris, considérés comme extrêmement puissants, apparaissent fréquemment dans les vitrines aux côtés de grenouilles, félins et oiseaux.
L'or n'était pas qu'une parure. Il constituait un métal sacré utilisé dans les cérémonies religieuses et pour accompagner les défunts vers l'au-delà. Les chamans et caciques portaient ces pièces pour affirmer leur autorité spirituelle et politique.
Le musée expose également 86 céramiques, 151 objets en pierre, 18 en coquillage et 9 en os. Ces pièces témoignent du quotidien des sociétés qui peuplèrent la Sierra Nevada pendant deux millénaires. Les techniques de fabrication évoluèrent considérablement entre la période Nahuange (200-900 ap. J.-C.) et la période Tairona proprement dite (900-1600 ap. J.-C.).
Le parcours muséographique s'articule autour de quatre espaces narratifs qui dialoguent intelligemment :
Le conseil d'ami : arrivez tôt le matin, dès l'ouverture à 9h en semaine. Vous profiterez d'une visite plus intime et des meilleures conditions de lumière pour photographier (là où c'est autorisé). Le musée peut limiter l'accès en cas d'affluence pour préserver les collections. Les descriptions sont bilingues espagnol-anglais, ce qui facilite la compréhension pour les visiteurs internationaux.
Des visites guidées gratuites sont proposées chaque mardi et mercredi en milieu d'après-midi. Le jeudi, des visites adaptées en langue des signes colombienne accueillent les visiteurs sourds. Le bâtiment est entièrement accessible en fauteuil roulant grâce à un ascenseur desservant le second étage.
La programmation culturelle s'enrichit régulièrement de conférences, ateliers et conversations sur l'anthropologie et l'archéologie du nord de la Colombie. Ces événements sont souvent retransmis en direct sur les réseaux sociaux du Banco de la República. Le musée abrite aussi un vivero (pépinière) dédié aux espèces menacées des forêts tropicales, dans le cadre d'un partenariat avec la Fondation Station Biologique.
Situé en plein cœur du centre historique de Santa Marta, sur la Plaza de Bolívar, le musée s'intègre parfaitement dans un circuit piétonnier incluant la cathédrale et les rues coloniales pavées. Cette gratuité totale, rare pour un musée de ce calibre, le rend accessible à tous et en fait une étape incontournable avant ou après une visite du Parc National Tayrona.
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