Visiter la Ciudad Perdida Teyuna : avis, tarif 2025 et conseils pratiques

Visiter la Ciudad Perdida, le joyau archéologique oublié de la Sierra Nevada

Le mot de la rédaction, publié le 27/09/2025

Au cœur de l'impénétrable jungle colombienne, là où les brumes matinales s'accrochent aux flancs escarpés de la Sierra Nevada de Santa Marta, se dresse l'une des merveilles archéologiques les plus préservées d'Amérique du Sud : la Ciudada Perdida, la Cité Perdue, également appelée Teyuna. Cette cité de pierre millénaire défie encore aujourd'hui tous ceux qui osent s'aventurer sur ses sentiers ancestraux.

Pourquoi partir à la découverte de Teyuna ?

Construite vers 800 après J.-C. par les Tayronas, Teyuna surpasse le Machu Picchu de 650 années d'ancienneté. Cette métropole précolombienne était le centre politique, économique et spirituel d'un vaste réseau de villages interconnectés qui abritait entre 2 000 et 8 000 habitants à son apogée. Abandonnée au XVIe siècle lors de l'invasion espagnole, elle demeura cachée jusqu'en 1972, quand des pilleurs de tombes découvrirent par hasard ses escaliers de pierre.

Contrairement aux sites touristiques classiques, Teyuna n'est accessible qu'au terme d'un trek de plusieurs jours. Cette inaccessibilité relative préserve son authenticité et limite les visiteurs à 250 personnes par jour maximum, garantissant une expérience intime avec l'histoire.

L'épreuve initiatique de la randonnée

Le trek vers la Ciudad Perdida s'étend sur 47 kilomètres et représente un défi physique autant qu'une aventure spirituelle. Quatre jours de marche à travers la jungle tropicale humide, avec des étapes quotidiennes de 5 à 8 heures selon les conditions. Le sentier serpente à travers la végétation luxuriante, franchit la rivière Buritaca à de multiples reprises et gravit progressivement jusqu'à 1 200 mètres d'altitude.

Les campements rudimentaires jalonnent le parcours, offrant des moments de récupération bienvenue dans ce qu'on surnomme localement l'Infierno Verde (l'Enfer Vert). Les temperatures oscillent autour de 30°C avec un taux d'humidité proche de 100%, tandis que les moustiques constituent un compagnon constant, particulièrement redoutable en saison des pluies.

Le conseil d'ami : Partez léger mais prévoyez un change complet par jour. Dans cette humidité, rien ne sèche vraiment. Les guides recommandent également d'emporter des chaussettes en laine mérinos qui évacuent mieux l'humidité que le coton.

L'architecture mystérieuse des terrasses sacrées

L'arrivée à Teyuna, après l'ascension finale de 1 200 marches de pierre taillées dans la montagne, révèle un spectacle saisissant. Plus de 169 terrasses circulaires et rectangulaires s'étagent sur les flancs abrupts, reliées par un réseau complexe d'escaliers, de canaux d'irrigation et de chemins dallés. Chaque terrasse, mesurant en moyenne 45 mètres de long sur 18 de large, supportait autrefois habitations, greniers ou espaces cérémoniels.

Les murs de soutènement, hauts parfois de 7 mètres, témoignent d'une maîtrise technique remarquable. Sans mortier, ces constructions résistent depuis plus de mille ans aux séismes et aux intempéries tropicales. Au centre du complexe, la Grande Terrasse servait de place principale où se déroulaient les cérémonies dirigées par les mamos, les guides spirituels tayronas.

Un site toujours vivant

Pour les communautés indigènes Kogui, Arhuaco et Wiwa qui descendent des Tayronas, Teyuna demeure un lieu sacré. Ces gardiens contemporains considèrent la Sierra Nevada comme le "Cœur du Monde" et effectuent encore des pèlerinages secrets vers la cité. Leur présence occasionnelle sur le site rappelle que cette "cité perdue" n'a jamais vraiment été abandonnée dans l'imaginaire collectif de ces peuples.

Une fenêtre sur la civilisation tayrona

Teyuna révèle la sophistication d'une société qui maîtrisait l'agriculture en terrasses, l'orfèvrerie et le commerce à longue distance. Les Tayronas excellaient dans le travail de l'or, créant des bijoux rituels d'une finesse extraordinaire selon la technique de la cire perdue. Leurs réseaux commerciaux s'étendaient des côtes caribéennes aux hauts plateaux andins.

Ce que ces vestiges nous apprennent à ce jour sur les Tayrona :

• Plus de 500 terrasses réparties sur 300 000 mètres carrés
• Un système hydraulique sophistiqué avec canaux et drainage
• Des voies de communication reliant la cité aux villages côtiers
• Des ateliers d'artisanat spécialisés dans chaque quartier

Seuls 10% du site ont été fouillés à ce jour, laissant entrevoir l'ampleur des découvertes à venir. Les archéologues estiment que l'ensemble urbain originel s'étendait bien au-delà de la zone actuellement accessible, avec des faubourgs et des sites satellites encore enfouis sous la végétation.