


Le mot de la rédaction, mis à jour le 22/09/2025
Depuis près de neuf siècles, le minaret de grès rose de 77 mètres transperce le ciel ocre de Marrakech comme une prière de pierre. La mosquée de la Koutoubia dresse sa silhouette monumentale à deux pas de la place Jemaa el-Fna, veillant sur la cité impériale avec la sérénité d'un gardien éternel. Cet édifice almohade du XIIe siècle demeure l'emblème spirituel et architectural de la ville rouge.
Son nom évoque les kutubiyyin, les libraires qui vendaient leurs ouvrages au pied de ses murs, transformant les alentours en véritable quartier du livre. Érigée par le sultan almohade Abd al-Mu'min vers 1158, puis achevée sous Yacoub al-Mansour, elle incarne l'apogée de l'art islamique occidental. Plus grande mosquée de Marrakech avec ses 90 mètres sur 60, elle peut accueillir 25 000 fidèles.
Son minaret révolutionnaire inspira directement la Giralda de Séville et la tour Hassan de Rabat. Cette influence architecturale témoigne du rayonnement de l'empire almohade qui s'étendait de l'Andalousie au Sahara. Restaurée dans les années 1990, elle bénéficie depuis 2016 d'équipements solaires avant-gardistes.
Non, les non-musulmans ne peuvent pas visiter l'intérieur de la mosquée de la Koutoubia. C'est une règle stricte qui s'applique à cette mosquée active.
Cependant, tout le monde est libre de pouvoir :
Le minaret carré, caractéristique de l'architecture berbère, s'élève sans escalier intérieur mais par une rampe hélicoïdale que les muezzins gravissaient autrefois à cheval. Ses façades ornées de motifs géométriques en relief créent un jeu d'ombres et de lumières qui évolue selon les heures. Les arcs polylobés et les merlons dentelés couronnent cette symphonie de pierre.
Au sommet, trois orbes de cuivre appelées jamour symbolisent la Mecque, Médine et Jérusalem. La légende raconte qu'elles furent forgées avec les bijoux de l'épouse du sultan, surprise à rompre le jeûne du Ramadan. Aujourd'hui remplies de sel minéral de l'Atlas, elles conservent leur éclat doré grâce à ce mélange de nitrate et de magnésium renouvelé annuellement.
L'actuelle Koutoubia succède en réalité à une première mosquée démolie pour corriger l'orientation de la qibla vers la Mecque. Les vestiges de cette première construction demeurent visibles sur l'esplanade, révélant l'évolution architecturale du site et la quête de perfection spirituelle des bâtisseurs almohades.
Les jardins de la Koutoubia, aménagés au XXe siècle, offrent un havre de paix aux visiteurs non-musulmans interdits d'accès à l'intérieur. Palmiers dattiers, orangers amers et rosiers de Damas créent une oasis urbaine où se mêlent parfums et murmures des fontaines. Les allées pavées invitent à la contemplation du minaret sous tous ses angles.
L'esplanade révèle d'autres trésors : la koubba de Lalla Zohra, mausolée blanc de la mystique du XVIIe siècle, et les ruines du palais d'Ali ibn Yusuf. Chaque pierre raconte un chapitre de l'histoire marocaine, de l'époque almoravide aux dynasties almohades.
Le conseil d'ami : Venez en fin d'après-midi pour saisir la lumière dorée qui embrase le grès rose du minaret. L'appel du muezzin au coucher du soleil, diffusé par haut-parleurs, transforme ce moment en expérience spirituelle unique, même pour les non-croyants.
A ne pas louper :
*Informations sujettes à variation
Dominant les toits et les terrasses de la cité historique, vous serez ébahis par la finesse de son architecture.
Prenez le temps de déambuler dans les jardins au pied du minaret, j'ai pu faire de belles photos avec les palmiers penchés qui
enserrent la Koutoubia.