


Le mot de la rédaction, mis à jour le 19/11/2025
Du haut de sa terrasse, l'Arc de Triomphe domine douze avenues qui rayonnent comme une étoile géante. La pierre blonde capte la lumière du soir tandis que le trafic incessant tourbillonne en contrebas. Napoléon l'a voulu ainsi en 1806, au lendemain d'Austerlitz. Trente ans de chantier ont été nécessaires pour achever ce colosse néoclassique de cinquante mètres de haut.
Le 18 février 1806, un décret lance officiellement la construction. L'architecte Jean-François Chalgrin dessine un arc inspiré de l'Antiquité romaine, mais aux dimensions démesurées. La Grande Armée vient de remporter victoire sur victoire. L'empereur promet à ses soldats qu'ils rentreront chez eux sous des arcs de triomphe.
Les travaux s'étirent. Napoléon abdique en 1814 sans voir son œuvre terminée. L'Arc est finalement inauguré en 1836 par Louis-Philippe, qui le dédie aux armées de la Révolution et de l'Empire. Un geste politique habile pour réconcilier les Français autour d'un symbole partagé.
Sur le pilier nord-est, impossible de manquer ce chef-d'œuvre romantique. Une femme ailée, le visage déformé par un cri de ralliement, brandit son épée vers l'ennemi. Sous elle, des guerriers de tous âges s'élancent au combat. François Rude a sculpté ce haut-relief entre 1833 et 1836. La force du mouvement, l'expressivité des visages font de ce groupe l'une des sculptures les plus puissantes du monument.
Le visage de cette allégorie de la Liberté aurait été inspiré par Sophie, l'épouse de l'artiste. La tête casquée mesure à elle seule près de deux mètres. Ces proportions colossales échappent au regard depuis le sol, mais révèlent toute leur puissance une fois qu'on s'approche.
Face aux Champs-Élysées, Le Triomphe de Napoléon de Jean-Pierre Cortot célèbre l'apogée de l'Empire en 1810. Sur les deux autres piliers, Antoine Etex a sculpté La Résistance et La Paix. Chaque groupe raconte un moment clé de l'épopée française.
Levez les yeux vers les piliers intérieurs. Quarante colonnes de noms s'alignent dans la pénombre. Il y a là 660 généraux, maréchaux et amiraux qui ont servi la France entre 1792 et 1815. Parmi eux, 128 noms sont soulignés : ce sont les morts au combat. La sélection a suscité d'âpres querelles. Victor Hugo lui-même a fulminé dans un poème en 1837, déplorant l'absence du nom de son père.
Le conseil d'ami : arrivez tôt le matin ou en fin d'après-midi pour éviter la foule massive qui envahit la terrasse. Les 284 marches de l'escalier hélicoïdal peuvent sembler interminables, mais un ascenseur existe pour les personnes à mobilité réduite et les femmes enceintes.
Au centre du parvis, une dalle de granit de Vire porte l'inscription : « Ici repose un soldat français mort pour la Patrie, 1914-1918 ». Depuis le 11 novembre 1920, cette sépulture honore tous les soldats tombés pour la France. Trois ans plus tard, une flamme est allumée pour la première fois par André Maginot, ministre de la Guerre.
Chaque soir à 18h30, la flamme est ravivée lors d'une cérémonie publique. Le silence se fait sur le parvis. Les drapeaux s'inclinent, le clairon sonne Aux Morts, une minute de recueillement s'écoule. Ce rituel n'a jamais cessé, même sous l'Occupation allemande.
Depuis le sommet, la perspective est saisissante. L'axe historique se déploie dans toute sa splendeur : les Champs-Élysées descendent vers la Concorde et le Louvre d'un côté, la Grande Arche de la Défense surgit de l'autre. Les douze avenues tracent leur étoile parfaite autour du monument. La Tour Eiffel émerge au loin, le Sacré-Cœur domine Montmartre au nord.
Le musée installé dans les salles intérieures retrace l'histoire du monument à travers maquettes, documents d'archives et sculptures. Un film projeté en continu éclaire la construction et le symbolisme de cet édifice devenu emblème national.
*Informations sujettes à variation