Edimbourg : une capitale médiévale où les fantômes croisent les cornemuses

Le mot de la rédaction, mis à jour le 26/11/2025

Imaginez une cité perchée sur des collines volcaniques, où un château de pierre noire surveille des ruelles pavées tortueuses depuis neuf siècles. Ajoutez le son lointain d'une cornemuse qui résonne entre les immeubles géorgiens, l'odeur du whisky tourbé qui s'échappe des distilleries, et cette brume mystérieuse qui enveloppe la ville à la tombée du soir.

C'est là, coincée entre mer et montagnes, que bat le cœur de l'Écosse. Une ville où l'histoire se respire à chaque coin de rue, où les légendes de fantômes rivalisent avec les festivals d'art contemporain, et où l'on peut gravir un volcan éteint avant de s'attabler dans un pub séculaire.

Une destination pour les âmes romantiques et les passionnés d'histoire

Si vous cherchez le soleil et la dolce vita, vous n'êtes au bon endroit. Ici, on embrasse la pluie, le vent et les ciels changeants quatre fois par jour. Mais pour les amoureux d'architecture médiévale, de littérature et d'ambiance gothique, c'est le nirvana. La ville séduit les couples en quête de week-ends romantiques, les familles curieuses d'explorer châteaux et musées gratuits, et les festivaliers qui débarquent par milliers en août. Les routards apprécieront le réseau d'auberges de jeunesse bien développé et les nombreux musées à entrée libre.

Par contre, si vous fuyez les foules, évitez absolument le mois d'août. Le festival du Fringe transforme la ville en ruche géante avec plus de 50 000 spectacles et des rues bondées du matin au soir. Niveau pratique, tout se fait à pied dans le centre historique. Pas besoin de voiture, les bus et le tramway suffisent amplement. Sachez aussi que les Écossais mangent tôt : la plupart des cuisines ferment vers 21h, alors programmez vos dîners en conséquence.

Un budget plus salé qu'en France

Préparez-vous : la livre sterling pèse lourd sur le portefeuille. Comptez 120-150 euros par jour et par personne pour un séjour confortable avec hôtel trois étoiles, repas au restaurant et quelques entrées payantes. Un déjeuner dans un pub coûte 12-18 livres, une pinte de bière 4-5 livres. Côté logement, les auberges démarrent à 25 livres la nuit en dortoir, les hôtels milieu de gamme entre 80 et 150 livres la chambre. La bonne nouvelle : beaucoup de musées sont gratuits, dont le superbe National Museum of Scotland.

Old Town, le cœur médiéval qui palpite encore

Le labyrinthe de ruelles pavées qui descend du château jusqu'au palais de Holyrood concentre tout ce qui fait battre le cœur historique de la ville. Royal Mile, l'artère principale, déroule son kilomètre de pavés entre boutiques de tartans, pubs traditionnels et closes mystérieux. Ces passages étroits qui s'enfoncent entre les immeubles cachent des cours secrètes et des histoires de peste noire. Mary King's Close, cette rue souterraine du XVIIe siècle, révèle lors de visites guidées théâtralisées la vie quotidienne (et les tragédies) du vieux Édimbourg.

Dominant tout ce chaos médiéval, le château d'Édimbourg trône sur son rocher volcanique comme un gardien de pierre. À l'intérieur, les joyaux de la couronne étincelant dans la pénombre, la chapelle Sainte-Marguerite du XIIe siècle, et le canon d'une heure qui tonne tous les jours à 13h précises. La vue depuis les remparts embrasse toute la ville et la mer au loin. Réservez vos billets en ligne pour éviter la queue, surtout en haute saison.

Ne manquez pas St Giles' Cathedral avec sa flèche en forme de couronne qui perce le ciel. L'entrée est gratuite mais une donation est appréciée. À l'intérieur, la chapelle de l'Ordre du Chardon éblouit avec ses sculptures de bois et ses vitraux. Et pour les amateurs de sensations fortes, le cimetière de Greyfriars organise des visites nocturnes dans les caveaux. C'est aussi là que Bobby, le chien fidèle, a gardé la tombe de son maître pendant 14 ans.

Le conseil d'ami : visitez le château tôt le matin, dès l'ouverture à 9h30, avant l'arrivée des bus touristiques. Vous aurez les lieux quasi pour vous tout seul et la lumière est magnifique sur les bâtiments.

New Town, l'élégance géorgienne incarnée

Franchissez les Princes Street Gardens et vous voilà propulsés deux siècles plus tard. La nouvelle ville, construite au XVIIIe siècle, déploie ses rues tirées au cordeau, ses places harmonieuses et ses façades néoclassiques impeccables. Princes Street, l'avenue commerçante principale, aligne ses grands magasins face aux jardins avec le château en toile de fond. Le contraste avec Old Town est saisissant.

George Street et Rose Street concentrent boutiques chics, bars à cocktails et restaurants branchés. L'atmosphère est plus aérée, plus bourgeoise aussi. Charlotte Square, avec sa Georgian House transformée en musée, permet de plonger dans le quotidien des familles aisées du XVIIIe. Les guides en costume d'époque racontent la vie dans ces demeures avec force détails croustillants.

Calton Hill, le belvédère qui vaut le détour

Grimpez cette colline à l'est de Princes Street pour l'un des plus beaux panoramas sur la ville. Le Monument national d'Écosse, ce Parthénon inachevé, se dresse au sommet avec des allures de ruine antique. C'est le spot préféré des Édimbourgeois pour admirer le coucher de soleil. En prime, le monument Nelson et l'observatoire parsèment le sommet. La montée ne prend que dix minutes depuis la gare de Waverley.

Le conseil d'ami : pour éviter les foules de Calton Hill, testez Blackford Hill au sud de la ville. La vue est tout aussi spectaculaire et vous croiserez surtout des locaux promenant leur chien.

Arthur's Seat et Holyrood, la nature en pleine ville

Qui aurait cru qu'on pouvait escalader un volcan éteint de 251 mètres au cœur d'une capitale européenne ? Holyrood Park offre ce luxe inouï. Arthur's Seat, sommet de cet ancien volcan, se grimpe en 45 minutes par plusieurs chemins. Les plus sportifs attaquent par les Salisbury Crags, ces falaises vertigineuses qui surplombent la ville. La vue à 360 degrés depuis le sommet embrasse toute la cité, la mer et les collines environnantes.

Au pied du volcan, le palais de Holyroodhouse déploie son architecture Renaissance. Résidence officielle de la famille royale lors de ses séjours écossais, il se visite hors de leurs présences. Les appartements de Marie Stuart méritent le détour, notamment la chambre où son secrétaire fut assassiné sous ses yeux. Les jardins, rarement bondés, invitent à la flânerie.

Juste à côté, le Parlement écossais détonne avec son architecture contemporaine controversée. Certains trouvent le bâtiment audacieux, d'autres le qualifient d'horreur béton. Les visites guidées gratuites permettent de se faire sa propre opinion tout en découvrant le fonctionnement des institutions écossaises.

Le conseil d'ami : partez tôt le matin ou en fin de journée pour Arthur's Seat. À midi, c'est l'embouteillage sur les sentiers. Et par temps de brouillard épais, laissez tomber, vous ne verrez rien d'en haut.

Leith, le port qui monte

À quatre kilomètres du centre, l'ancien quartier portuaire s'est métamorphosé en repaire branché. The Shore, le quai historique, aligne bars à huîtres, restaurants gastronomiques et pubs marins authentiques. L'ambiance est plus décontractée qu'en centre-ville, moins touristique aussi. Le Royal Yacht Britannia, l'ancien navire royal transformé en musée flottant, raconte 44 ans de voyages royaux avec moult détails sur la vie à bord.

Le dimanche, ne ratez pas le marché aux puces où dénicher tartans vintage et curiosités écossaises. Et pour les amateurs de street art, les entrepôts le long de la Water of Leith arborent des fresques impressionnantes. Le coin est parfait pour sortir des sentiers battus et côtoyer la vraie vie édimbourgeoise.

Où manger et boire dans la capitale écossaise ?

La gastronomie écossaise dépasse largement le cliché du haggis, cette panse de brebis farcie qui terrorise les touristes. Certes, le plat national mérite d'être goûté au moins une fois, servi avec ses neeps and tatties (purée de navets et pommes de terre). Mais la scène culinaire a explosé ces dernières années. Le cullen skink, soupe crémeuse au haddock fumé, réchauffe les âmes les jours de pluie. Le Scottish breakfast copieux inclut œufs, bacon, boudin noir, haricots en sauce et parfois du haddock fumé.

Pour tester ces spécialités dans un cadre traditionnel, direction The White Hart Inn à Grassmarket, l'un des plus vieux pubs de la ville où Cromwell lui-même aurait levé le coude. The Scran & Scallie revisite la cuisine écossaise avec brio dans une ambiance gastropub décontractée. Comptez 20-40 livres par personne. Les fins gourmets se tourneront vers Timberyard, où les produits locaux sont sublimés dans un ancien entrepôt de bois. Menu dégustation autour de 70 livres.

Côté boissons, le whisky règne évidemment en maître. Les Whiski Rooms proposent plus de 300 références dans un décor chaleureux. La Scotch Whisky Experience sur Royal Mile offre des dégustations guidées pour comprendre les différences entre les régions. Une pinte de bière locale tourne autour de 4-5 livres dans les pubs traditionnels. Et pour les amateurs de gin, Edinburgh Gin Distillery organise des visites suivies de dégustations dans leurs locaux de Rutland Place.

Où dormir dans la ville aux sept collines ?

Old Town place toutes les attractions à portée de pied mais l'ambiance peut être bruyante, surtout en été avec les fêtards qui sortent des pubs. Les hôtels y sont généralement plus chers. New Town offre un excellent compromis : calme, central, bien desservi par les transports. Les quartiers de Stockbridge et Dean Village, au nord-ouest, séduisent avec leurs maisons géorgiennes, leurs cafés indépendants et leur atmosphère villageoise. Comptez 80-150 livres la nuit pour un hôtel de charme.

Les petits budgets trouveront des auberges de jeunesse excellentes comme Castle Rock Hostel ou Code Pod Hostel, entre 20 et 35 livres la nuit en dortoir. Leith propose des tarifs plus doux dans ses boutique-hôtels avec vue sur le port. Pour une expérience unique, testez les B&B géorgiens de New Town où les propriétaires servent le petit-déjeuner écossais complet dans des salles à manger d'époque.

Pendant le festival en août, les prix s'envolent et tout est complet des mois à l'avance. Réservez au minimum six mois avant ou cherchez un hébergement dans les villes alentours comme Leith ou Portobello, bien desservies par les bus.

Comment se rendre et se déplacer dans la capitale écossaise ?

L'aéroport d'Édimbourg se trouve à 13 km du centre. Le tramway relie l'aéroport à Princes Street en 35 minutes pour 6 livres l'aller simple (8,50 livres l'aller-retour). Départs toutes les 8-10 minutes de 6h à 23h. Le bus Airlink 100 dessert aussi le centre en 30 minutes pour 4,50 livres, avec l'avantage de fonctionner 24h/24. Un taxi coûte environ 20-25 livres et met 20-25 minutes.

En ville, marchez ! Old Town et New Town se parcourent entièrement à pied. Pour rejoindre des sites excentrés comme le Royal Yacht Britannia à Leith ou le jardin botanique, les bus Lothian maillent parfaitement la ville. Un trajet coûte 1,70 livre, un pass journée 4 livres. Les taxis noirs se hèlent facilement dans la rue, comptez 6-7 livres pour une course en centre-ville.

Depuis la France, Air France, EasyJet et Transavia proposent des vols directs depuis Paris. Comptez 2h de vol et à partir de 60 euros si vous réservez à l'avance. Le train depuis Londres met 4h30 avec des paysages côtiers magnifiques une fois passée la frontière écossaise.

Quand y aller ?

Mai, juin et septembre offrent le meilleur compromis : températures douces (15-18°C), pluie moins fréquente qu'en été, journées longues et foules supportables. Juillet-août connaissent ironiquement plus de précipitations malgré des températures clémentes autour de 19°C. Mais c'est aussi la période du festival du Fringe, une expérience unique si vous supportez la cohue et les prix gonflés.

L'hiver (décembre-février) est froid et humide avec des températures frôlant les 5-8°C, mais Hogmanay, le réveillon écossais, transforme la ville en gigantesque fête de rue. Évitez novembre, mois le plus gris et pluvieux, sauf si vous aimez l'ambiance gothique poussée à son paroxysme.