Bormes-les-Mimosas, quand la Côte d'Azur refuse de jouer les stars
C'est l'odeur qui frappe d'abord. Un parfum poudreux, presque sucré, qui flotte dans l'air de janvier à mars : le mimosa. Cette fleur importée d'Australie au XIXe siècle s'est tellement plu ici qu'elle a fini par donner son nom au village. Les pêcheurs qui ont fondé ce bourg au IXe siècle, lassés des attaques de pirates venus de la mer, l'ont perché sur une colline pour surveiller l'horizon. Mille ans plus tard, on comprend leur choix en découvrant le panorama sur les îles d'Or depuis les ruelles escarpées.
Un village provençal qui ne cherche pas à rivaliser avec Saint-Tropez
Bormes-les-Mimosas s'adresse à ceux qui veulent la Côte d'Azur sans son cirque médiatique. Le village séduit les amateurs de botanique, les randonneurs attirés par le massif des Maures, et les familles en quête de plages préservées. Les noctambules seront frustrés : après 22 heures, le village dort. Les amateurs de bling-bling aussi.
La voiture reste quasi indispensable pour profiter des 17 kilomètres de littoral. Les plages les plus belles, comme l'Estagnol ou Cabasson, se méritent par quelques kilomètres de route sinueuse. Le village perché se visite à pied, mais le va-et-vient entre mer et colline demande un véhicule.
Un budget Côte d'Azur, mais sans les excès tropéziens
Comptez 90 à 150 euros la nuit en chambre d'hôtes ou petit hôtel de charme, 20 à 35 euros pour un repas correct. Le parking au village est gratuit aux abords du Parc Gonzalez. Les plages les plus prisées facturent le stationnement autour de 10 euros la journée en été.
Remonter les ruelles du vieux village
Le cœur médiéval de Bormes-les-Mimosas grimpe en lacets depuis la place Gambetta, où siège l'office de tourisme, jusqu'aux ruines du château des Seigneurs de Fos. Entre les deux, un labyrinthe de venelles aux noms évocateurs : la rue Rompi Cuou et ses 83 marches, la Venelle des Amoureux où des artistes ont installé leurs ateliers, les cuberts qui sont ces passages voûtés typiques du Var.
L'église Saint-Trophyme, bâtie au XVIIIe siècle dans un style roman tardif, accueille parfois les présidents de la République en villégiature au fort voisin. Plus haut, la petite chapelle Saint-François de Paule rappelle le passage d'un moine calabrais qui aurait sauvé le village de la peste au XVe siècle.
Conseil d'ami : montez jusqu'à la chapelle Notre-Dame de Constance, perchée à 324 mètres. L'ancien chemin de croix qui y mène offre une vue imprenable sur la côte, les îles et l'arrière-pays. Prévoyez 45 minutes aller-retour depuis le château.
Plus de 700 espèces végétales à portée de main
Le village détient le label « quatre fleurs » et le titre de « plus beau village fleuri de France ». Ce n'est pas une exagération marketing : 90 variétés de mimosas et plus de 700 espèces végétales y sont répertoriées. Le Parc Gonzalez, classé Jardin Remarquable, rassemble des essences d'Australie et du monde entier sur un flanc de colline dominant la Méditerranée.
Pour aller plus loin, la pépinière Julien Cavatore conserve la plus belle collection nationale de mimosas, avec 180 espèces et variétés rares. L'office de tourisme organise des visites botaniques guidées tous les mardis matin du printemps. Le Domaine du Rayol, à 15 kilomètres, prolonge l'expérience avec un conservatoire de la biodiversité méditerranéenne.
Douze kilomètres de plages entre criques sauvages et sable fin
Le littoral de Bormes-les-Mimosas se divise en deux ambiances. La plage de la Favière, longue de 680 mètres, concentre les familles, les écoles de plongée et le port de plaisance. C'est la plus accessible et la mieux équipée. Le port de la Favière fut d'ailleurs le premier en Europe certifié « Port Propre », avec des nurseries artificielles pour protéger les poissons juvéniles.
Les plages de l'Estagnol et de Cabasson offrent un tout autre visage. Sable blanc, eaux turquoise, pinèdes ombragées pour pique-niquer : on se croirait presque aux Caraïbes. La plage de Cabasson donne sur le Fort de Brégançon, cette résidence présidentielle perchée sur son îlot rocheux, ouverte au public depuis 2014.
Conseil d'ami : le sentier du littoral relie les plages entre elles à pied. Prévoyez de bonnes chaussures et de l'eau. Le tronçon entre Cabasson et Brégançon reste sauvage et peu fréquenté, même en août.
Le Fort de Brégançon et les excursions maritimes
Construit au XIe siècle sur un piton rocheux, le Fort de Brégançon est devenu résidence d'été présidentielle en 1968 sous de Gaulle. François Hollande l'a ouvert aux visites en 2012. Les visites guidées de 2h30 se réservent sur le site de l'office de tourisme, en juillet et septembre uniquement.
Depuis le port de la Favière, des navettes rejoignent les îles d'Or : Porquerolles, Port-Cros et Le Levant. Comptez une journée entière pour Porquerolles, qui mérite largement le détour avec ses plages paradisiaques et ses sentiers balisés. Des sorties en bateau hybride permettent aussi d'observer les dauphins au large.
Où manger et boire à Bormes-les-Mimosas ?
La cuisine locale puise dans le terroir provençal et la mer. Les Côtes de Provence produits par les neuf domaines viticoles de la commune accompagnent parfaitement les poissons grillés. Le Château Malherbe, face au fort, propose des dégustations dans un cadre historique.
Le Restaurant Lou Portaou, dont le nom désigne l'entrée principale du village en provençal, sert une cuisine traditionnelle dans une ambiance sans chichis. Le Jardin mise sur une carte provençale raffinée sous une terrasse ombragée par les plantes méditerranéennes. Eden Flow, avec sa vue sur la mer et son brunch dominical, attire une clientèle plus branchée.
Le marché du mercredi matin sur la place Saint-François reste le meilleur endroit pour dénicher huile d'olive au romarin, miel de mimosa, fromages de chèvre et charcuteries locales. En juillet et août, un marché nocturne anime le village le mardi soir à partir de 18 heures.
Où dormir à Bormes-les-Mimosas et aux alentours ?
Le vieux village compte quelques maisons d'hôtes et petits hôtels de charme. L'Eden Rose Grand Hôtel, construit au début du XXe siècle sur les hauteurs, combine spa, piscine à débordement et vue sur la Méditerranée. L'Hôtel Bellevue, sur la place Gambetta, offre un accès direct au cœur du village.
Le quartier de La Favière, en bord de mer, concentre les locations saisonnières et les campings. C'est le choix logique pour les familles qui veulent alterner plage et visites. Le Lavandou, station balnéaire voisine, multiplie les options d'hébergement avec une ambiance plus animée le soir.
Comment se rendre et se déplacer à Bormes-les-Mimosas ?
L'aéroport de Toulon-Hyères se trouve à 25 minutes en voiture. Celui de Nice est à 1h30, celui de Marseille-Provence à 1h15. En voiture depuis Paris, comptez 8 heures par l'A6 puis l'A7. Depuis Lyon, 4 heures suffisent.
La gare TGV la plus proche est celle d'Hyères, à 20 minutes. Des navettes locales relient la gare au village, mais les horaires restent limités. La voiture demeure le moyen le plus pratique pour explorer le littoral et le massif des Maures. Le stationnement au village est gratuit près du parking Saint-François, à l'entrée est.
Quand y aller ?
La floraison des mimosas, de janvier à mars, transforme le village en explosion jaune et parfumée. Le dernier week-end de février, le Grand Corso du Mimosa fait défiler des chars fleuris dans les rues. Le printemps et le début de l'automne offrent des températures idéales pour randonner sans la cohue estivale.
L'été reste la haute saison avec son lot de foule sur les plages et ses tarifs gonflés. Août peut être étouffant. Si vous venez pour la baignade, privilégiez juin ou septembre : l'eau est chaude et les parkings accessibles.






