Tarifa, là où l'Europe finit et où le vent ne s'arrête jamais
Quatorze kilomètres. C'est tout ce qui sépare la pointe sud de l'Espagne des côtes marocaines. Par temps clair, depuis l'Isla de las Palomas, on distingue nettement les montagnes du Rif et les lumières de Tanger. Cette proximité avec l'Afrique a façonné l'histoire de la ville, son architecture aux influences arabes, et même son nom : Tarifa vient de Tarif ibn Malik, commandant berbère qui débarqua ici en 710.
Mais ce qui définit vraiment cette petite ville andalouse, c'est le vent. Trois cents jours par an, le Levante souffle de l'est avec des rafales pouvant dépasser 70 km/h, ou le Poniente arrive de l'Atlantique avec une régularité presque prévisible. Ce phénomène a transformé une bourgade de pêcheurs en capitale européenne du kitesurf.
La Mecque du kite, mais pas seulement
Les kitesurfeurs représentent une part importante des visiteurs, et l'économie locale s'est adaptée. Écoles de kite à chaque coin de rue, boutiques spécialisées, bars où l'on parle autant de nœuds que de tapas. Si vous ne pratiquez pas, certains jours peuvent sembler interminables quand le Levante empêche toute activité de plage. Le sable vole, les parasols s'envolent, et les baigneurs désertent.
Mais ceux qui cherchent autre chose qu'un spot de glisse trouveront ici des ruines romaines spectaculaires, une vieille ville aux ruelles blanches, des plages parmi les plus belles d'Espagne, et l'opportunité de sauter en ferry vers le Maroc pour la journée. Une voiture reste très utile pour explorer les plages environnantes et le Parc naturel du Détroit. Le parking en ville devient un calvaire en été : arrivez tôt.
Budget modéré pour l'Andalousie
Comptez entre 60 et 120€ la nuit pour un hébergement correct en saison. Les repas oscillent entre 15 et 30€ dans les restaurants du centre, moins dans les chiringuitos. Un cours d'initiation au kitesurf coûte environ 80€ pour trois heures.
Les plages : dix kilomètres de sable blanc et de vent
La plage de Los Lances s'étire sur près de 10 km depuis la ville jusqu'à la Punta Paloma. C'est le terrain de jeu principal des kitesurfeurs, avec plusieurs zones délimitées en été. Le vent y souffle presque constamment. Pour se baigner tranquillement, préférez les jours de Poniente, plus doux, ou dirigez-vous vers la Playa Chica, petite crique protégée près du port.
À Valdevaqueros, à 10 minutes en voiture, l'ambiance est plus festive. Les chiringuitos comme Tangana ou Tumbao attirent une clientèle internationale qui bronze le jour et fait la fête le soir. La plage de Bolonia, à 20 km, mérite absolument le détour. Sa dune monumentale de 30 mètres de haut domine une anse préservée où les ruines romaines de Baelo Claudia côtoient le sable blanc.
Conseil d'ami : de mi-juin à mi-septembre, le kitesurf est interdit sur la plupart des plages avant 20h. Seuls Los Lances Norte et Valdevaqueros restent accessibles aux riders toute la journée.
Baelo Claudia : des ruines romaines face à l'Afrique
Cette ancienne cité romaine, fondée au IIe siècle avant notre ère, produisait le garum, une sauce de poisson fermenté prisée dans tout l'Empire. Le site archéologique, remarquablement conservé, révèle un forum, des temples, un théâtre, des thermes et les cuves où l'on préparait cette spécialité. Un tsunami au IIIe siècle a précipité son déclin.
Le musée associé expose les objets retrouvés lors des fouilles. L'entrée est gratuite pour les citoyens européens. Le cadre suffit à justifier la visite : les colonnes antiques se découpent sur fond de dune et de mer, avec la côte africaine en arrière-plan.
La vieille ville : ruelles blanches et nuits tardives
La Puerta de Jerez, seule porte médiévale encore debout, marque l'entrée de la vieille ville. Les ruelles s'entrelacent sans logique apparente entre maisons blanchies à la chaux et bougainvilliers débordants. L'église San Mateo, de style gothique tardif, domine la place principale. Le Castillo de Guzmán el Bueno, forteresse du Xe siècle, offre une vue panoramique sur le détroit et le Maroc.
La vie nocturne démarre tard. Les Espagnols dînent vers 22h et sortent en boîte après 3h du matin. La Calle Batalla del Salado concentre boutiques de surf, bars et restaurants. L'ambiance reste décontractée, loin du tourisme de masse de la Costa del Sol voisine.
Observer les cétacés dans le détroit
Le détroit de Gibraltar constitue un couloir de migration pour de nombreuses espèces de cétacés. Entre mars et octobre, des sorties en bateau permettent d'observer dauphins communs, grands dauphins, globicéphales et parfois des orques ou des cachalots. L'association FIRMM, basée sur le port, propose des excursions scientifiques de deux heures. En été, les observations sont quasi garanties.
Où manger et boire à Tarifa ?
Le thon rouge de almadraba, pêché selon une technique millénaire entre avril et juin, est la spécialité locale. On le prépare de multiples façons : encebollado avec des oignons confits, à la plancha, en tataki. Les croquetas de chocos en su tinta, à base de seiche, figurent sur presque toutes les cartes. Les tortillitas de camarones, petites galettes croustillantes aux crevettes, accompagnent parfaitement l'apéritif.
Dans la vieille ville, Bar El Francés propose une cuisine méditerranéenne sur une terrasse minuscule mais charmante. Mandragora sert une excellente cuisine marocaine dans une ambiance orientale. À Bolonia, le Restaurante Otero offre une vue imprenable sur les ruines de Baelo Claudia et prépare une ensaladilla de gambas réputée dans toute la région.
Où dormir à Tarifa et aux alentours ?
La vieille ville offre le charme des maisons traditionnelles reconverties en petits hôtels. Eole Tarifa propose des chambres avec terrasse dans un bâtiment plein de caractère. Les auberges de jeunesse comme Ohana Tarifa attirent les kitesurfeurs à petit budget. L'Hurricane Hotel, sur la plage de Los Lances, combine luxe et accès direct aux spots.
Les campings se succèdent le long de la côte, offrant des emplacements face à la mer pour les vans et camping-cars. En été, réservez plusieurs semaines à l'avance : la petite ville accueille une foule considérable et les hébergements affichent vite complet.
Comment se rendre et se déplacer à Tarifa ?
L'aéroport de Gibraltar se trouve à 45 minutes en voiture, celui de Jerez à 1h30, Malaga et Séville à environ 2h. Des bus relient Tarifa à Cadix, Séville, Malaga et Algeciras plusieurs fois par jour. La gare ferroviaire la plus proche est Algeciras, à 20 km.
Sur place, une voiture facilite grandement l'accès aux différentes plages et à Bolonia. Le stationnement gratuit est quasi inexistant en ville. En été, tentez votre chance vers le quartier de Jesús Nazareno. Le ferry pour Tanger partait historiquement de Tarifa, mais depuis mai 2025, il faut désormais se rendre à Algeciras pour rejoindre le Maroc.
Quand y aller ?
Le printemps et l'automne offrent les meilleures conditions : vent régulier pour les riders, températures agréables pour les autres, et fréquentation raisonnable. L'été apporte la foule, les prix élevés et une chaleur parfois accablante. L'hiver reste praticable pour les kitesurfeurs expérimentés, mais les journées pluvieuses et le vent glacial découragent les autres visiteurs.








J'ai aimé sa situation tout au sud de la péninsule ibérique, face au Maroc et au détroit de Gibraltar.
En plus de la beauté de la vieille ville animée, c'est un bon spot pour rayonner dans le sud andalou.
Ici vous pourrez même partir en croisière à la recherche des baleines!