Le mot de la rédaction, mis à jour le 22/11/2025
Du haut de la colline de la Sabika, l'Alhambra règne sur Grenade depuis huit siècles. Ses murailles rougeâtres renferment le dernier grand palais de la dynastie nasride, ultime royaume musulman d'Europe occidentale. Derrière la sobriété des remparts se cache un univers où l'eau chuchote, où les stucs sculptés transforment les murs en dentelle et où chaque inscription calligraphiée célèbre la gloire divine.
Fondée par Mohammed ben Nazar en 1238, l'Alhambra évolue durant plus d'un siècle sous les règnes de Yusuf Ier et Mohammed V qui y impriment leur génie architectural. Site UNESCO depuis 1984, ce complexe palatial de 26 hectares illustre l'apogée de l'art hispano-mauresque. Son nom, Al-Qalʻat al-Hamra, la citadelle rouge, évoque soit la barbe rousse de son fondateur, soit la teinte de la terre battue employée pour ses murailles.
La chute en 1492 marque un tournant. Les Rois Catholiques préservent miraculeusement les palais nasrides en les choisissant comme résidence, échappant ainsi au sort tragique réservé à tant de monuments arabes. Cette décision garantit la survie du plus précieux témoignage de l'architecture islamique en Europe.
Trois ensembles composent les palais : le Mexuar pour l'administration de la justice, le Palais de Comares pour la résidence officielle, et le Palais des Lions pour les appartements privés. Chaque souverain construisait son propre palais selon la tradition nasride, créant cette succession architecturale unique.
L'immense bassin rectangulaire reflète la Torre de Comares, plus haute tour de l'Alhambra. Les myrtes qui bordent l'eau parfument l'air. Au fond, le Salon des Ambassadeurs éblouit par son plafond à caissons représentant les sept cieux de l'Islam. Yusuf Ier y tenait ses audiences royales, assis sous des inscriptions coraniques dorées.
Cent vingt-quatre colonnes de marbre blanc délimitent cette cour de 35 mètres sur 20. Au centre, douze lions de pierre supportent une vasque depuis le XIVe siècle. L'eau circule par quatre canaux vers les salles adjacentes. La Sala de las Dos Hermanas expose sa coupole à moucharabiehs, prodige de géométrie où plus de cinq mille alvéoles captent la lumière.
Le conseil d'ami : réservez vos billets au moins deux semaines à l'avance. L'horaire d'entrée aux Palais Nasrides est strict et non modifiable. Commencez par le Generalife tôt le matin, visitez l'Alcazaba, puis rejoignez les Palais Nasrides à l'heure indiquée sur votre billet.
L'Alcazaba, forteresse primitive, occupe l'extrémité ouest. Du haut de la Torre de la Vela, le panorama embrasse la Vega de Grenade et la Sierra Nevada enneigée. C'est de là que les Nasrides surveillaient les mouvements ennemis pendant la Reconquista.
À l'est s'étirent les jardins du Generalife, résidence d'été des émirs construite au XIVe siècle. Le Patio de la Acequia aligne cyprès centenaires et jets d'eau le long d'un canal central. Les terrasses étagées offrent des vues sublimes sur l'Albaicín. L'architecture islamique y dialogue avec la nature dans une harmonie parfaite.
Chaque année, le Festival International de Musique et Danse transforme ces jardins en scène magique durant les nuits d'été.
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