Médina de Tunis : avis, tarif 2025 et conseils pratiques

La médina de Tunis : 13 siècles d'histoire vivante au coeur de la ville

Le mot de la rédaction, publié le 25/10/2025

Dans le labyrinthe ocre de la Médina de Tunis, le temps semble avoir suspendu son vol. Depuis 1979, l'UNESCO protège ce joyau où 700 monuments racontent l'épopée d'une ville qui fut, du XIIe au XVIe siècle, l'une des plus puissantes cités du monde islamique. Ici, 110 000 habitants perpétuent un art de vivre millénaire dans un dédale de ruelles où chaque pierre murmure une histoire.

Pourquoi la Médina de Tunis fascine-t-elle autant ?

Fondée en 698 autour de la mosquée Zitouna, cette cité fortifiée s'étend sur 280 hectares et demeure l'un des exemples les mieux conservés d'urbanisme arabo-musulman en Afrique du Nord. Sous les dynasties almohade et hafside, Tunis rayonnait comme capitale intellectuelle et commerciale de l'Ifriqiya.

Les palais somptueux, les madrasas prestigieuses et les caravansérails témoignent de cette grandeur passée. L'architecture elle-même épouse le climat : ruelles étroites qui protègent du soleil en été et conservent la chaleur en hiver, maisons à patio qui créent des havres de fraîcheur.

Ce qui rend la Médina exceptionnelle, c'est qu'elle reste un organisme vivant. Les artisans travaillent dans leurs ateliers ancestraux, les familles habitent les demeures séculaires, et les souks bruissent d'une activité commerciale ininterrompue depuis des siècles.

Les souks, un voyage sensoriel entre tradition et savoir-faire

Chaque corporation artisanale possède son propre souk, organisé selon une hiérarchie précise depuis l'époque médiévale. Près de la mosquée Zitouna se concentrent les métiers nobles : libraires et parfumeurs au Souk el-Attarine, où les effluves d'huiles essentielles embaument l'air. Plus loin, le Souk des Chéchias présente un spectacle unique avec ses bonnets de laine rouge traditionnels suspendus par centaines dans des boutiques aux vitrines travaillées.

Le Souk des Étoffes déploie ses tissus chatoyants, tandis que le Souk El Birka abrite aujourd'hui joailliers et brodeurs dans les échoppes qui servaient autrefois de marché aux esclaves jusqu'en 1841. Les artisans travaillent à ciel ouvert : tisserands, céramistes, dinandiers et maroquiniers perpétuent des techniques séculaires sous les regards des passants.

Le conseil d'ami : évitez les vendredis et dimanches, jours où de nombreuses boutiques ferment. Pour échapper aux circuits touristiques, aventurez-vous dans les ruelles adjacentes aux axes principaux. Vous y découvrirez des ateliers familiaux où les artisans acceptent volontiers d'expliquer leur métier. Le marchandage fait partie de l'expérience culturelle, mais dans le respect mutuel.

Les trésors architecturaux à ne pas manquer

La mosquée Zitouna, cœur spirituel de la cité

Édifiée en 732 sur les vestiges d'une église, la mosquée de l'Olivier tire son nom de l'arbre qui ornait jadis sa cour. Reconstruite au IXe siècle, elle servit pendant des siècles d'université islamique prestigieuse. Son minaret carré de style almohade domine le paysage de la médina. Les non-musulmans peuvent admirer la cour et l'architecture extérieure du samedi au jeudi, de 9h à 12h et de 14h à 17h.

Palais et demeures d'exception

Le Dar el-Bey, palais du gouvernement, mélange harmonieusement les styles architecturaux de différentes époques sur les ruines présumées d'un théâtre romain. Dar Hussein et Dar Lasram illustrent l'art de vivre des notables tunisois avec leurs patios ornés de zellige, leurs plafonds peints et leurs stucs ciselés. Le Tourbet el Bey, construit au XVIIIe siècle, constitue le plus vaste mausolée de Tunis avec ses salles aux murs recouverts de carreaux de faïence polychromes et ses tombes de marbre.

L'expérience authentique de la médina

Flâner dans la médina exige du temps et une certaine dose d'égarement volontaire. Les portes monumentales comme Bab el-Bhar (la porte de la mer) marquent l'entrée depuis la ville nouvelle. À l'intérieur, laissez-vous guider par les sons : appels à la prière, martelage des dinandiers, conversations animées dans les cafés traditionnels où le thé à la menthe coule à flots.

Les terrasses panoramiques offrent des perspectives insoupçonnées. Grimpez au Café M'Rabet, face à la mosquée Zitouna, pour embrasser du regard le dédale de toits en terrasse ponctués de minarets. Ces toits constituent d'ailleurs un lieu de vie à part entière, comme l'a immortalisé le film "Halfaouine" de Férid Boughedir.

Quelques conseils personnalisés :

• Pour les amateurs d'artisanat : recherchez les ateliers de calligraphie arabe au Centre des Arts Calligraphiques dans Dar El Monastiri
• Pour les gourmands : goûtez aux pâtisseries traditionnelles et au brik dans les échoppes familiales des quartiers résidentiels
• Pour les photographes : les portes peintes en jaune safran (couleur sacrée dans le Coran) avec leurs clous décoratifs apotropaïques constituent des sujets magnifiques