
Visiter Tunis : entre traditions orientales et modernité méditerranéenne
Le mot de la rédaction, mis à jour le 25/10/2025
Le parfum du jasmin flotte dans l'air tandis que l'appel du muezzin résonne depuis les minarets de la médina. Dans les souks, le cliquetis des couteaux des marchands de kafteji se mêle au brouhaha des négociations. Puis, quelques rues plus loin, les immeubles haussmanniens bordent une avenue où les tunisois sirotent leur café en terrasse.
Cette dualité n'est pas un paradoxe : c'est l'essence même de la capitale tunisienne. Bâtie sur des collines dominant le golfe méditerranéen et les vestiges de Carthage, elle s'est réinventée après la révolution de 2011 en valorisant un patrimoine qui fascine autant qu'il surprend.
La destination des amoureux d'histoire et de contrastes culturels
Cette ville s'adresse avant tout aux passionnés d'archéologie qui veulent marcher sur les traces des Phéniciens et des Romains, aux flâneurs qui aiment se perdre dans les dédales des médinas millénaires, et aux curieux avides de découvrir une société où traditions et modernité cohabitent. Les familles apprécieront également la facilité d'accès et l'accueil chaleureux des habitants.
En revanche, si vous recherchez des plages paradisiaques ou une vie nocturne endiablée, mieux vaut vous tourner vers les stations balnéaires du littoral. La capitale reste avant tout une expérience culturelle et urbaine. Question pratique : la marche reste le meilleur moyen de découvrir la ville, complétée par le tramway qu'on appelle ici métro. Attention aux vendredis et dimanches où la plupart des sites ferment leurs portes.
Un budget accessible comparé au reste de la Méditerranée
La capitale tunisienne affiche un coût de la vie environ 50% moins élevé qu'en France. Comptez entre 25 et 35 euros par jour pour un voyageur routard en auberge de jeunesse, 50 à 80 euros pour un confort moyen avec hôtels trois étoiles, et 120 à 200 euros pour un séjour haut de gamme. Les repas locaux coûtent entre 5 et 10 euros, les transports publics restent dérisoires avec des tickets de bus à 0,25 euro, et l'hébergement varie de 10 à 100 euros la nuit selon le standing.
La Médina : labyrinthe vivant au cœur de l'histoire
12 siècles d'histoire
Classée au patrimoine mondial de l'UNESCO, la médina de Tunis dévoile 12 siècles d'histoire sur un territoire compact où vivent encore plus de 100 000 personnes. On y accède par Bab El-Bahr, littéralement la porte de la mer. Le contraste entre ruelles tranquilles bordées de palais centenaires et l'effervescence des quarante souks organisés par corporations forge le caractère unique de ce quartier oriental.
Les monuments à découvrir
Au centre, la mosquée El-Zitouna impose ses 5 000 mètres carrés. Si vous n'êtes pas musulman, consolez-vous avec la vue depuis la terrasse du Café Panorama qui surplombe les toits. À proximité, la medersa du Palmier reste la plus ancienne école coranique de la ville. Caché dans le souk El Blat, le palais Dar Bach Hamba d'inspiration ottomane accueille désormais le centre culturel des arts méditerranéens où résonnent régulièrement concerts d'oud et maalouf, cette poésie chantée si particulière.
Les hôtels particuliers méritent qu'on s'y attarde : Dar El Haddad, Dar Hussein qui abrite le musée du patrimoine, ou encore Dar Lasram où une association œuvre pour la sauvegarde de ce trésor architectural. Vérifiez toutefois les horaires d'ouverture avant de vous déplacer, car certains palais comme Dar Othman et Dar Ben Abdallah ferment parfois sans préavis.
Le conseil d'ami : visitez la médina le matin pour éviter la chaleur de l'après-midi et profiter de la lumière dorée qui sublime les façades. Une visite guidée s'avère judicieuse tant le dédale peut dérouter.
La ville coloniale : élégance haussmannienne sous le soleil tunisien
L'avenue Habib-Bourguiba, surnommée les Champs-Élysées de la capitale, étire ses immeubles haussmanniens témoins de l'époque du protectorat français. Les vendeurs de jasmin y côtoient les tunisois installés en terrasse, créant une atmosphère à la fois élégante et décontractée. Au numéro 1002, le théâtre municipal d'architecture Art Déco propose toute l'année opéras, concerts et spectacles de qualité.
La cathédrale Saint-Vincent de Paul se dresse fièrement non loin, rappelant la diversité religieuse du pays. Si vous avez le temps, prolongez la promenade vers les avenues Habib-Thameur, de la Liberté, de Carthage et de Paris où l'architecture coloniale rivalise de splendeur. Ces boulevards constituent un musée à ciel ouvert de l'Art nouveau et de l'Art déco, avec des façades signées par des architectes italiens et français du début du XXe siècle.
Pour une pause verdoyante, le parc du Belvédère offre un havre de fraîcheur avec son zoo attenant, parfait pour les familles. Les quartiers modernes des Berges du Lac représentent quant à eux la vision contemporaine de la ville, avec leurs buildings et leurs centres commerciaux.
Le conseil d'ami : flânez sur l'avenue Bourguiba en fin d'après-midi quand les terrasses s'animent et que la lumière rasante magnifie l'architecture.
Carthage et Sidi Bou Saïd : escapades sur les hauteurs
À quelques kilomètres du centre, Carthage déploie ses ruines éparpillées sur un site classé à l'UNESCO parmi les plus importants de Méditerranée. Fondée il y a plus de 3 000 ans, l'ancienne capitale punique maintes fois détruite et reconstruite livre encore ses secrets. L'amphithéâtre romain, les fondations de la basilique de Damous El Karita et les thermes d'Antonin constituent les incontournables.
Si le temps le permet, le musée national de Carthage complète parfaitement la visite avec ses collections de mosaïques romaines exceptionnelles.
Juste au-dessus, Sidi Bou Saïd suspend ses maisons blanches et bleues sur les falaises dominant la mer. Ce village pittoresque, souvent comparé aux Cyclades, dégage une atmosphère unique. Les ruelles pavées bordées de bougainvilliers mènent aux terrasses légendaires du Café Sidi Chabaane (aussi appelé Café des Délices) ou du café des Nattes.
Le cadre, entre ciel azur et mer scintillante, petites maisons typiques et galeries d'art, forge l'identité de ce lieu prisé des artistes depuis des décennies.
Le conseil d'ami : prenez le TGM (train de banlieue) depuis le centre de la capitale pour rejoindre ces deux sites. Économique et pratique, il évite les tracas de stationnement.
Le musée du Bardo : trésor de mosaïques
Installé dans un ancien palais beylical, le musée du Bardo mérite qu'on lui consacre une demi-journée entière. Il abrite l'une des plus belles collections de mosaïques romaines au monde, avec des pièces exceptionnelles représentant des scènes mythologiques, de chasse et de la vie quotidienne antique. Les plafonds décorés et l'architecture du bâtiment ajoutent au charme de la visite. Malgré les événements tragiques de 2015, le musée a su se relever et reste une étape essentielle pour comprendre l'histoire millénaire du pays.
Où manger et boire à Tunis ?
La scène culinaire tunisoise mêle influences méditerranéennes, orientales et africaines. Le brik, ce chausson croustillant farci d'œuf, thon ou viande hachée, constitue l'entrée star de tous les restaurants. Le couscous, plat national du pays, se décline ici au poisson dans les zones côtières ou à l'agneau dans sa version plus traditionnelle. Ne manquez pas le kafteji, mélange de légumes frits et d'œufs préparé sous vos yeux dans une chorégraphie de couteaux impressionnante.
Pour une expérience gastronomique, Dar El Jeld dans la médina propose une cuisine raffinée dans un décor somptueux. Les gargotes locales du marché servent des repas copieux pour quelques dinars seulement. Côté douceurs, les pâtisseries tunisiennes - makroud, ghareiba et samsa - s'accompagnent traditionnellement d'un thé aux pignons. À La Goulette, quartier portuaire réputé, les restaurants de poissons et fruits de mer servent selon les locaux le meilleur couscous au poisson de la ville.
Le conseil d'ami : testez le kaskrout tounsi, sandwich local au thon et harissa, dans une échoppe de la médina pour un déjeuner sur le pouce authentique à moins de 3 euros.
Où dormir à Tunis et aux alentours ?
La ville moderne autour de l'avenue Bourguiba concentre l'essentiel de l'offre hôtelière avec des établissements allant du deux au cinq étoiles. Les tarifs restent accessibles comparés aux standards européens. Pour une immersion totale, optez pour un riad traditionnel dans la médina, ces maisons d'hôtes de charme aménagées dans d'anciens palais rénovés. Dar Ben Gacem représente l'une des meilleures adresses du genre.
Les quartiers de Carthage et La Marsa offrent des alternatives balnéaires huppées avec vue sur la Méditerranée, parfaites pour combiner visites culturelles et détente en bord de mer. Les auberges de jeunesse et petits hôtels locaux proposent quant à eux des chambres à partir de 10 euros la nuit pour les budgets serrés.
Comment se rendre et se déplacer à Tunis ?
Tunis Air et Air France assurent plusieurs vols directs quotidiens depuis Paris, Marseille et Toulouse vers l'aéroport Tunis-Carthage, situé à seulement 8 km du centre. Le vol dure environ 2h15. Nouvel Air et Air Europa complètent l'offre avec des tarifs souvent compétitifs.
Une fois sur place, le bus n°35 relie l'aéroport au centre-ville en 30 minutes pour moins d'un euro. Les taxis officiels jaunes facturent environ 10 dinars tunisiens (3 euros) pour la même course - attention, quand la lumière est verte ils sont occupés, rouge ils sont libres. Le tramway traverse la ville du nord au sud et permet de rallier facilement les principaux sites. La marche reste cependant le meilleur moyen d'appréhender l'atmosphère unique des quartiers.
Quand y aller ?
Le printemps (mars à mai) et l'automne (septembre à octobre) représentent les fenêtres climatiques idéales avec des températures oscillant entre 20 et 26°C et un ensoleillement généreux. Ces inter-saisons évitent la chaleur écrasante de l'été où le mercure grimpe facilement au-dessus de 35°C, tout en profitant d'une affluence touristique réduite et de tarifs avantageux.
L'hiver tunisois reste doux avec des moyennes autour de 15°C en journée, mais les pluies peuvent être fréquentes entre décembre et février. Évitez absolument juillet-août si vous craignez les fortes chaleurs et préférez la foule limitée. Le climat méditerranéen de la capitale permet toutefois de la visiter toute l'année, chaque saison offrant son lot de découvertes.




