Château de Gordes : avis et conseils pratiques

La sentinelle millénaire du Luberon

Le mot de la rédaction, publié le 07/10/2025

Les pierres dorées du Château de Gordes flamboient sous le soleil provençal depuis bientôt mille ans. Perché au sommet du village classé parmi les Plus Beaux Villages de France, cet édifice massif aux tours rondes couronnées de mâchicoulis domine la vallée d'Apt dans une posture à la fois défensive et majestueuse. La façade nord dresse ses hautes murailles austères tandis que côté sud, les fenêtres à croisillon Renaissance laissent entrer la lumière dans une élégance toute méditerranéenne.

Pourquoi ce château fascine-t-il autant ?

Mentionné dès 1031 par Guillaume d'Agoult, l'un des seigneurs féodaux les plus puissants de Provence, le château devient rapidement un nobile castrum, le seul ainsi désigné parmi tous les châteaux voisins. Renforcé au XIVe siècle face aux pillages de Raymond de Turenne et des Grandes Compagnies, il résiste même aux assauts des guerres de religion.

Entre 1525 et 1541, Bertrand Rambaud de Simiane métamorphose la forteresse médiévale en demeure Renaissance sans renier son passé militaire. Cette double identité fait tout le charme du lieu : un château-fort qui s'ouvre aux arts et à la lumière.

L'escalier et la cheminée : deux prouesses sculptées

Dès l'entrée par la cour intérieure, l'escalier monumental à vis impose le respect. Chaque marche a été taillée dans une seule pierre extraite des carrières de Ménerbes, Oppède et Saint-Pantaléon. Les sculpteurs y ont ciselé des détails d'une finesse étonnante : cygnes élégants, blasons, corbeaux, chardons stylisés, angelots joufflus et coquilles délicates ponctuent l'ascension.

Au premier étage, la grande salle de 23 mètres de long abrite un trésor classé Monument Historique depuis 1902 : une cheminée colossale de 7,20 mètres de long et 4,50 mètres de haut. Portant le millésime 1541, elle témoigne de l'achèvement des travaux de Simiane. Ses douze niches abritaient jadis les statuettes des apôtres avec le Christ au centre, toutes détruites à la Révolution qui martela également le blason familial. Les acanthes stylisées, les chardons sculptés et les caissons à rosaces rivalisent de délicatesse dans la pierre ocre.

Un panorama exceptionnel et un secret de connaisseur

Depuis les terrasses, le regard embrasse le Comtat Venaissin et toute la vallée jusqu'aux Alpilles. Les vignobles, oliveraies et champs de lavande dessinent une mosaïque changeante selon les saisons : vert tendre au printemps, or et violet l'été, rouge et ocre à l'automne.

Le conseil d'ami : pour comprendre d'un seul coup d'œil l'évolution architecturale du château, rendez-vous à l'entrée du jardin de l'hôtel Simiane, face à la façade nord. De gauche à droite se dévoilent : la tour sarrasine du XIIe siècle avec ses créneaux médiévaux, la tour "découronnée" du XIVe coiffée de tuiles, et les tours Renaissance du XVIe commandées par Bertrand de Simiane. C'est le meilleur spot photo et un cours d'histoire gratuit.

Un écrin pour l'art contemporain

Racheté pour un franc symbolique par Victor Vasarely à la fin des années 1960, le château renaît après sa restauration. De 1970 à 1996, les œuvres géométriques de l'artiste dialoguent avec les voûtes médiévales dans un contraste saisissant. Aujourd'hui, le château poursuit sa vocation culturelle avec des expositions renouvelées chaque année. En 2025, les photographies de Hans Silvester investissent les salles voûtées.

Une salle dédiée retrace l'histoire de Gordes et rend hommage aux artistes qui ont élu domicile dans le village : Marc Chagall, André Lhote, Jean Deyrolle. Le château n'est plus une simple forteresse figée dans le passé, mais un lieu vivant où patrimoine et création se nourrissent mutuellement.

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