

Le mot de la rédaction, mis à jour le 27/10/2025
Le marbre blanc rosit à l'aube, vire au doré en fin d'après-midi, puis se teinte de bleu sous la lune. Cette pierre vivante raconte depuis près de quatre siècles la même histoire : celle d'un amour absolu transformé en architecture. Vingt-deux ans de travaux, vingt mille artisans, et le plus beau mausolée jamais construit.
Construit entre 1632 et 1648 à Agra, dans l'Uttar Pradesh, ce chef-d'œuvre de l'art indo-islamique trouve son origine dans une tragédie. L'empereur moghol Shah Jahan perdit son épouse adorée Mumtaz Mahal en 1631, morte en donnant naissance à leur quatorzième enfant. Le souverain, inconsolable, décida d'ériger un monument qui défierait le temps lui-même.
Résultat : une symétrie parfaite qui marie influences persanes, ottomanes et indiennes. Le dôme central en forme de bulbe culmine à 73 mètres, encadré de quatre minarets identiques légèrement inclinés vers l'extérieur (pour éviter qu'ils ne s'effondrent sur le mausolée en cas de séisme). La mosquée et le pavillon des invités, en marbre blanc, créent un équilibre architectural dont l'harmonie sidère encore les ingénieurs contemporains.
Le marbre de Makrana, extrait à 400 kilomètres d'Agra, possède une propriété unique : sa translucidité. La lumière pénètre la pierre sur quelques millimètres, créant ces variations chromatiques qui font du monument un caméléon architectural. Au lever du soleil, les tons roses évoquent l'espoir. À midi, le blanc éclatant symbolise la pureté. Au crépuscule, l'or et l'orange rappellent la chaleur d'une vie partagée.
Vingt-huit types de pierres ornent les murs : lapis-lazuli d'Afghanistan, turquoise du Tibet, jade de Chine, cornaline d'Arabie. Les artisans maîtrisaient le pietra dura, technique d'incrustation florentine, pour créer des motifs floraux d'une finesse stupéfiante. Les pétales de lotus, les roses, les tulipes semblent flotter sur le marbre.
Le conseil d'ami : observez les murs de près avec une lampe de poche. Les pierres semi-précieuses créent des reflets colorés invisibles à l'œil nu sous la lumière naturelle. Cette technique d'incrustation demandait des mois de travail pour quelques centimètres carrés.
Le monument attire entre 7 et 8 millions de visiteurs par an. L'affluence peut gâcher complètement l'expérience si vous arrivez entre 10h et 16h. Deux créneaux sauvent la mise : l'ouverture à 6h (billets coupe-file indispensables) ou les deux dernières heures avant la fermeture.
Depuis la porte d'entrée monumentale, l'allée de 300 mètres bordée de cyprès mène au bassin central. C'est ici que se masse la foule pour la photo classique du reflet. Contournez-les et dirigez-vous directement vers le mausolée : vous reviendrez au bassin plus tard, quand les groupes seront partis.
À l'intérieur règne une pénombre fraîche. Les cénotaphes de Shah Jahan et Mumtaz Mahal (monuments funéraires factices, les vraies dépouilles reposant dans une crypte inaccessible) sont protégés par une balustrade de marbre ajouré. Les motifs ressemblent à de la dentelle minérale. L'acoustique amplifie chaque murmure, créant une atmosphère presque mystique.
Le Taj Museum, ouvert en 1906, expose plans originaux, miniatures persanes et objets ayant appartenu aux souverains moghols. Comptez 20 minutes pour cette visite complémentaire.
De l'autre côté de la Yamuna, ces jardins moghols restaurés offrent la vue la plus spectaculaire sur le monument sans aucune barrière visuelle. Au coucher du soleil, la silhouette du dôme se découpe sur le ciel embrasé. Peu de touristes font l'effort de traverser le fleuve, vous y serez presque seul.
*Informations sujettes à variation