
Visiter Héraklion, entre ruines minoennes et effervescence méditerranéenne
Le mot de la rédaction, mis à jour le 23/10/2025
L'odeur du café frappé se mêle aux embruns salés du port vénitien. À votre gauche, des étudiants crétois débattent politique sur la terrasse d'un kafeneio. À votre droite, une grand-mère en noir vend des herbes sauvages ramassées le matin même dans les collines. Bienvenue dans la capitale crétoise, là où 4 000 ans d'histoire se télescopent à chaque coin de rue.
Une ville pour les curieux, pas pour les contemplatifs
Si vous cherchez le charme carte postale des Cyclades, vous n'êtes pas au meilleur endroit. Bombardée pendant la Seconde Guerre mondiale, la cinquième ville de Grèce s'est reconstruite dans l'urgence, avec plus de béton que de poésie. Mais c'est précisément ce qui fait son authenticité.
Cette destination s'adresse aux amoureux d'archéologie qui rêvent de plonger dans la mystérieuse civilisation minoenne. Aux gourmands aussi, car la scène culinaire y est exceptionnelle. Les familles apprécieront la concentration de musées et de sites à portée de main.
En revanche, les budgets serrés et les amateurs de plages paradisiaques trouveront mieux ailleurs sur l'île. Une voiture n'est pas indispensable pour la ville elle-même, mais devient vite nécessaire pour explorer les trésors des environs.
Le choc minoen : Cnossos et son musée
Impossible de passer à côté du palais de Cnossos, à seulement 5 kilomètres du centre. Ces 20 000 mètres carrés de ruines racontent l'histoire de la première grande civilisation européenne. Arthur Evans a certes pris des libertés avec sa restauration début XXe siècle (ces colonnes rouges !), mais le site dégage une puissance troublante.
Les représentations de taureaux évoquent immédiatement le mythe du Minotaure et de son labyrinthe. On se perd avec plaisir dans le dédale des pièces, des entrepôts géants aux fresques délicates du mégaron de la Reine. L'acoustique de la salle du trône reste fascinante.
Le conseil d'ami : réservez votre billet combiné Cnossos + musée archéologique en ligne. Vous économiserez quelques euros et éviterez la file d'attente. Surtout, visitez le site tôt le matin ou en fin d'après-midi pour échapper aux groupes de croisiéristes.
De retour en ville, le musée archéologique d'Héraklion s'impose comme l'un des plus importants d'Europe. La collection minoenne y est époustouflante : le mystérieux disque de Phaistos aux symboles indéchiffrés, les bijoux d'or finement ciselés, les vases de Kamares aux motifs audacieux. Comptez au moins deux heures pour une visite digne de ce nom.
Déambuler dans le cœur vénitien
Le vieux port et sa forteresse de Koules offrent l'une des plus belles perspectives sur la ville. Cette imposante citadelle vénitienne du XVIe siècle, avec son lion de Saint-Marc sculpté sur la façade, raconte 20 ans de siège ottoman. La vue depuis le toit vaut le détour.
Remontez ensuite la rue du 25-Août, l'artère principale qui traverse la cité du nord au sud. Vous croiserez l'église byzantine Agios Titos, la loggia vénitienne reconvertie en mairie, puis la fameuse place des Lions et sa fontaine Morosini où se retrouvent étudiants et retraités.
Ne manquez pas le marché central rue 1866, un festival de couleurs et de senteurs. Entre les étals de fromages locaux (le graviera est à goûter absolument), les herbes de montagne et les olives à perte de vue, vous saisirez l'essence de la Crète. Le samedi matin, le marché de Pateles propose également des produits artisanaux.
Le conseil d'ami : grimpez sur les remparts vénitiens pour une promenade insolite. Ces fortifications du XVIe siècle font le tour de la vieille ville. Au bastion Martinengo, vous découvrirez la tombe de Níkos Kazantzákis, le grand écrivain crétois.
Les musées pour approfondir
Le musée historique de Crète, installé dans un élégant bâtiment néoclassique en bord de mer, retrace 1 700 ans d'histoire depuis l'époque byzantine. On y trouve les deux seuls tableaux d'El Greco exposés en Crète, ainsi qu'une maquette fascinante de la cité à l'époque vénitienne. L'entrée coûte 5 € et le musée ferme le dimanche.
Plus récent, le musée d'histoire naturelle plaît particulièrement aux familles. La reconstitution grandeur nature du Deinothirio, un mammifère géant qui vivait ici il y a 9 millions d'années, impressionne les petits comme les grands. Les dioramas sur l'écosystème crétois sont remarquablement bien conçus.
S'échapper vers les environs
À 25 kilomètres au sud, la plage de Matala et ses grottes creusées dans la falaise ont accueilli les hippies dans les années 1970. L'ambiance y reste décontractée, avec son sable grossier et ses eaux limpides de la mer de Libye. Les ruines du port romain de Gortyne valent également le détour en chemin.
L'île de Dia, au large de la côte nord, se rejoint en une heure de bateau. Cette réserve naturelle inhabitée offre des criques sauvages et des fonds marins explorés jadis par Jacques Cousteau. Plusieurs excursions en catamaran partent chaque jour du port.
Pour ceux qui ont le temps, les villages de montagne comme Archanes ou Peza proposent des dégustations dans leurs domaines viticoles. Le plateau du Lassithi et ses moulins à vent traditionnels constituent aussi une belle escapade d'une journée.
Le conseil d'ami : si vous avez deux jours pleins, prenez le ferry pour Santorin. Les fast boats mettent à peine 2 heures et vous permettent de découvrir les falaises volcaniques et les villages blancs des Cyclades avant de rentrer le soir même.
Où manger et boire à Héraklion ?
La capitale crétoise réserve d'excellentes surprises culinaires. Oubliez la moussaka touristique et plongez dans l'authentique cuisine de l'île. Les spécialités locales incluent les dolmadès (feuilles de vigne farcies sans viande), l'antikristo (agneau grillé au feu de bois), les horta (herbes sauvages à l'huile d'olive et citron) et les fameux kalitsounia, ces petits chaussons sucrés au fromage mizithra.
Chez Peskesi, les chefs puisent dans un répertoire vieux de 4 000 ans pour proposer des plats minoens revisités. Erganos séduit par son décor rustique avec bobines de laine et assiettes aux murs, tandis que la cuisine y respecte scrupuleusement la tradition. Un peu excentré, Merastri récolte des récompenses chaque année pour ses plats cuits au four à bois et ses pâtes maison servies dans un bouillon savoureux (chaque repas se termine par un shot de raki offert).
Pour les fruits de mer, direction Paralia en bord de mer, où le poisson du jour se déguste face aux flots. Ntoré Gastronomy, près du musée archéologique, propose une approche plus créative des classiques crétois. Les mezze à partager restent le meilleur moyen de goûter à tout sans se ruiner (comptez environ 5 € le plat).
Où dormir à Héraklion et aux alentours ?
Le centre historique concentre le plus large choix d'hébergements. Vous serez au cœur de l'action, à deux pas des monuments et de la vie nocturne animée. Des adresses comme l'Olive Green Hotel, le Domus Ariadne au design original ou l'ibis Styles Heraklion Central offrent un excellent rapport qualité-prix (entre 60 et 120 € la nuit).
Le quartier de Chianoporta, juste aux portes de la vieille ville, permet de profiter du calme tout en restant proche de tout. Pour les familles qui privilégient la plage, Agios Dimitrios et Ammoudara à l'ouest proposent des hôtels en bord de mer à 15 minutes de bus du centre. La plage n'est certes pas la plus belle de Crète, mais elle a le mérite d'être accessible.
Si vous louez une voiture, envisagez Agia Pelagia (30 minutes à l'ouest) ou Karteros (à l'est près de l'aéroport). Ces villages balnéaires plus tranquilles permettent de rayonner facilement dans toute la région.
Comment se rendre et se déplacer à Héraklion ?
L'aéroport international Nikos-Kazantzakis se trouve à seulement 5 kilomètres du centre-ville. De nombreuses villes françaises (Paris, Nice, Toulouse, Marseille, Lille) proposent des vols directs en été. Comptez environ 3h30 de vol depuis Paris et 120 € pour un billet aller-retour. Des bus réguliers (lignes 1 et 78) relient l'aéroport au centre en 20 minutes pour quelques euros.
Vous pouvez également arriver par ferry depuis Le Pirée (Athènes) ou les Cyclades comme Santorin et Mykonos. Le trajet depuis Athènes dure environ 9 heures en ferry classique, 6 heures en bateau rapide. Le port se situe au cœur de la ville.
Une fois sur place, le centre-ville se parcourt aisément à pied. Les sites principaux sont concentrés dans un rayon de 2 kilomètres. Des bus urbains desservent les plages proches et Cnossos (ligne 2). Pour explorer la Crète en profondeur, la location d'une voiture devient vite indispensable. Attention, les parkings du centre sont tous payants et parfois exigus.
Quand y aller ?
Le printemps (avril-mai) et l'automne (septembre-octobre) offrent le meilleur compromis : températures douces autour de 20-25°C, peu de touristes et prix abordables. L'été (juin-août) garantit le beau temps et la baignade, mais la chaleur peut être écrasante (30-35°C) et la foule omniprésente autour de Cnossos.
L'hiver (novembre-mars) séduit ceux qui fuient les masses, mais de nombreux hôtels et restaurants ferment leurs portes. Le climat reste toutefois agréable avec des journées ensoleillées autour de 15°C. Évitez si possible août, mois de pointe où les prix flambent et les sites d'intérêt croulent sous les visiteurs.



