Visiter Le Grau-du-Roi, l'authenticité camarguaise face à la Méditerranée

Le mot de la rédaction, publié le 22/09/2025

L'odeur salée du large se mélange aux effluves d'aïoli qui s'échappent des terrasses du port. Entre les mâts qui tintent dans la brise et les cris des mouettes, une vieille dame en espadrilles négocie le prix des tellines avec un pêcheur aux mains tannées. Bienvenue au Grau-du-Roi, ce petit bout de Camargue planté face à la Grande Bleue, où les traditions du delta du Rhône rencontrent l'art de vivre méditerranéen dans un décor authentique que n'ont pas encore défiguré les promoteurs immobiliers.

Le Grau-du-Roi, refuge des amoureux de nature sauvage et de simplicité

Cette station balnéaire du Gard séduit les familles en quête d'authenticité et les amoureux de la nature. Ici, pas de grands complexes hôteliers ni de plages privées clinquantes : le charme opère par la simplicité. Les passionnés d'ornithologie et de photographie nature y trouvent leur paradis, tandis que les enfants adorent les balades à cheval dans les marais salants et les parties de pêche improvisées sur le môle.

Côté budget, comptez entre 80 et 120 euros par jour pour un couple en haute saison, logement et repas compris. Une voiture n'est pas indispensable pour profiter du centre-ville et des plages principales, mais elle devient précieuse pour explorer les étangs environnants et la Petite Camargue.

Les amateurs de fête et de vie nocturne trépidante risquent de s'ennuyer : ici, l'animation se limite aux apéritifs en terrasse et aux concerts occasionnels sur le port.

Le port et ses traditions vivantes

Le cœur battant de la ville reste son port de pêche, où les pointus colorés déchargent leur pêche quotidienne dès l'aube. Les étals du marché aux poissons regorgent de dorades royales, de loups de mer et de ces fameuses tellines que les locaux récoltent à marée basse. L'ambiance rappelle les petits ports méditerranéens d'autrefois, avant l'invasion touristique.

Le long des quais, les chantiers navals traditionnels perpétuent l'art de construire les barques camarguaises à fond plat. Ces embarcations typiques, reconnaissables à leur proue relevée, naviguent depuis des siècles dans les eaux peu profondes des étangs. Quelques artisans acceptent encore de faire visiter leurs ateliers et de partager leurs secrets de fabrication.

Le conseil d'ami : arrivez au port vers 16h30 pour voir rentrer les bateaux de pêche et acheter du poisson ultrafrais directement aux pêcheurs.

Les plages sauvages et les étangs secrets

La plage de l'Espiguette

À 10 kilomètres du centre, cette immense étendue de sable fin s'étire sur 18 kilomètres sans un seul bâtiment à l'horizon. Les dunes mouvantes, sculptées par le vent marin, abritent une flore rare et des colonies de sternes. L'eau cristalline et les fonds sablonneux en font un paradis pour les familles, même si l'absence totale d'ombre oblige à prévoir parasols et crème solaire haute protection.

Les étangs de la Petite Camargue

L'étang du Ponant et ses voisins offrent un spectacle ornithologique permanent. Flamants roses, hérons cendrés et aigrettes évoluent dans ces eaux saumâtres bordées de tamaris et de salicornes. Les sentiers de randonnée aménagés permettent d'observer cette faune exceptionnelle sans la déranger, notamment depuis les observatoires du Scamandre.

Le conseil d'ami : louez des vélos électriques chez Vélo Camargue pour parcourir facilement les 20 kilomètres de pistes cyclables qui sillonnent les marais.

Les saveurs camarguaises et les traditions taurines

La manade du Cheval Blanc propose des démonstrations d'équitation camarguaise et des initiations au tri du bétail. Les gardians en costume traditionnel font revivre les gestes ancestraux de cette culture unique, tandis que les chevaux blancs galopent dans les prés salés sous les encouragements des visiteurs. L'ambiance reste familiale et authentique, loin du folklore commercial.

Les arènes temporaires installées lors des férias accueillent les courses camarguaises, où les raseteurs tentent d'arracher les cocardes fixées aux cornes des taureaux. Ces spectacles, bien moins violents que la corrida espagnole, perpétuent une tradition millénaire dans une ambiance de fête populaire.

Le conseil d'ami : réservez votre déjeuner à la manade en avance : les tables d'hôtes affichent souvent complet, surtout le dimanche.

Où manger et boire au Grau-du-Roi ?

La cuisine locale mélange les influences camarguaises et méditerranéennes avec un talent inégalé. La telline, ce petit coquillage nacré, se déguste sautée à l'ail et au persil ou en beignets croustillants. Le riz rouge de Camargue accompagne traditionnellement les gardiane de taureau, ce ragoût parfumé aux herbes des marais. Ne manquez pas la rouille de seiche, cette spécialité locale qui embrase agréablement les papilles.

Chez Mémé Georgette, sur le port, trois générations se succèdent aux fourneaux pour servir la meilleure bouillabaisse du littoral gardois. Les habitués viennent dès l'ouverture pour s'assurer une table en terrasse face aux bateaux de pêche.

Où dormir au Grau-du-Roi et aux alentours ?

Le centre-ville concentre la plupart des hébergements, des petits hôtels familiaux aux locations saisonnières dans les résidences du front de mer. Pour plus d'authenticité, optez pour les mas camarguais reconvertis en chambres d'hôtes dans la campagne environnante, à Saint-Laurent-d'Aigouze ou Vauvert.

Les campings de l'Espiguette offrent un accès direct à la plage sauvage, mais l'absence d'ombre naturelle peut poser problème en plein été. Réservez au moins trois mois à l'avance pour espérer une place en juillet-août.

Comment se rendre et se déplacer au Grau-du-Roi ?

L'aéroport de Montpellier se trouve à 45 minutes en voiture. La gare SNCF la plus proche est Nîmes, reliée au Grau-du-Roi par la ligne de bus départementale 132 en 1h15. En voiture depuis Paris, comptez 7h via l'A9 jusqu'à la sortie Gallargues.

Sur place, tout se fait à pied ou à vélo dans le centre. Les navettes estivales relient gratuitement le port aux plages principales et aux campings de l'Espiguette toutes les 30 minutes.

Quand y aller ?

Mai-juin et septembre offrent les meilleures conditions : températures agréables, mer encore chaude et affluence raisonnable. Juillet-août voient déferler les familles, avec des prix qui doublent et des plages bondées. L'hiver reste doux mais venteux, parfait pour observer les oiseaux migrateurs dans les étangs.