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Valence, la méditerranéenne qui fait tout comme il faut

On pourrait passer à côté de Valence sans y prêter attention, éclipsée par l'aura de Barcelone ou l'effervescence de Madrid. Ce serait une erreur monumentale. Cette ville ne crie pas son existence, elle la murmure avec une assurance désarmante.

Ici, le soleil brille 300 jours par an, la paella se déguste dans son berceau d'origine, et l'avant-garde architecturale côtoie des ruelles médiévales sans que personne ne trouve ça étrange. Valence a ce talent rare de mélanger les époques, les styles, les ambiances, avec une décontraction qui pourrait passer pour de la nonchalance si le résultat n'était pas aussi bluffant.

La destination parfaite pour les éclectiques

Valence s'adresse aux voyageurs qui refusent de choisir entre culture et farniente, entre patrimoine et modernité. Si vous aimez déambuler dans des centres historiques avant de plonger dans la Méditerranée, si vous appréciez autant un musée d'art contemporain qu'un marché débordant de produits frais, cette ville est faite pour vous.

Les familles y trouvent leur compte avec des plages sûres et des attractions comme l'Oceanogràfic. Les couples apprécieront l'atmosphère romantique du centre historique et les couchers de soleil sur la Malvarrosa. Les noctambules ne seront pas en reste avec la vie nocturne animée de Ruzafa et du Barrio del Carmen.

En revanche, si vous cherchez l'agitation permanente d'une capitale, vous risquez d'être déçu. Valence cultive un rythme de vie détendu, presque provincial. L'été, la chaleur peut être accablante, avec des températures frôlant les 35°C en août. Et si vous détestez les foules, évitez absolument la mi-mars et ses Fallas, quand la ville explose littéralement sous les feux d'artifice et les pétards.

Un budget raisonnable pour une grande ville

Valence reste abordable comparée à Barcelone ou Madrid, avec des prix inférieurs de 30 à 40%. Comptez entre 70 et 100€ par jour et par personne pour vous nourrir correctement, en profitant des menús del día à 10-15€ le midi. Les hébergements oscillent entre 80€ pour un hôtel correct et 150€ pour du milieu de gamme en centre-ville. Le transport public est donné avec un pass de 10 trajets à 8,50€.

Le cœur historique : quand l'histoire se vit au présent

Le Ciutat Vella, le centre historique de Valence, ne ressemble à rien d'autre. Ce n'est pas un musée à ciel ouvert figé dans le temps, mais un quartier vivant où les Valenciens font leurs courses, prennent leur café, sortent le soir. Les ruelles étroites du Barrio del Carmen débouchent sur des places ensoleillées où le temps semble ralentir. La Cathédrale et sa tour Miguelete dominent la Plaza de la Reina, offrant après 207 marches une vue imprenable sur les toits ocres de la ville.

À quelques pas, la Lonja de la Seda vous plonge dans le XVe siècle, quand Valence régnait sur le commerce de la soie. Cette bourse aux marchands, classée à l'UNESCO, impressionne par ses colonnes torsadées et ses plafonds vertigineux. Juste en face, le Mercado Central étonne par son architecture moderniste : une cathédrale dédiée aux produits frais, où les étals débordent de tomates gorgées de soleil, de poissons fraîchement pêchés et de jambons suspendus comme des œuvres d'art.

Les trésors cachés du centre

Le Palacio del Marqués de Dos Aguas mérite le détour rien que pour sa façade rococo délirante, avant de découvrir à l'intérieur le Musée national de la céramique et ses collections signées Picasso. Le Barrio del Carmen révèle au fil des ruelles un street-art saisissant, avec des fresques murales qui dialoguent avec les vestiges médiévaux des Torres de Quart et des Torres de Serranos.

Le conseil d'ami : pour vivre Valence comme les locaux, allez au Mercado Central un samedi matin. Commandez un almuerzo (en-cas de mi-matinée) dans l'un des bars : une cerveza accompagnée d'un bocadillo de jambon ou de tortilla. C'est bruyant, authentique, et délicieux.

La Cité des Arts et des Sciences : le vaisseau spatial valencien

Sortez du centre historique, longez l'ancien lit du fleuve Turia transformé en parc urbain de 9 kilomètres, et soudain, le futur surgit. La Cité des Arts et des Sciences s'étend sur deux kilomètres avec ses structures blanches imaginées par Santiago Calatrava. On aime ou on déteste, impossible de rester indifférent devant ces bâtiments qui semblent défier les lois de la gravité.

L'Oceanogràfic, le plus grand aquarium d'Europe, mérite à lui seul une demi-journée. Vous y traverserez le plus long tunnel sous-marin du continent, entouré de requins et de raies mantas, avant de découvrir les seuls bélugas d'Europe. Les dauphins font leur show dans le delphinarium, et le restaurant sous-marin offre une expérience unique, même si un peu touristique.

Le Musée des Sciences Prince Felipe, avec sa devise "interdit de ne pas toucher", ravira petits et grands avec ses expositions interactives. L'Hemisfèric, avec son œil géant de 100 mètres, projette des films IMAX sur un écran de 900 m².

Le conseil d'ami : achetez vos billets en ligne pour éviter la queue, et prévoyez une journée complète si vous voulez tout voir. Le billet combiné (Oceanogràfic + Musée + Hemisfèric) coûte environ 40€ et vaut le coup.

Ruzafa et l'Eixample : le Valence bobo et gourmand

Le quartier de Ruzafa (ou Russafa en valencien) incarne le Valence branché, multiculturel et créatif. Autrefois populaire, il est devenu le repaire des artistes, des cafés hipsters et des boutiques vintage. La Calle Cadiz, la Calle Sueca et la Calle Cuba concentrent bars à tapas, restaurants fusion et clubs où la fête dure jusqu'à l'aube. Le Mercado de Ruzafa, plus intimiste que le Mercado Central, propose des produits bio et des stands de street food.

Juste à côté, le quartier de Gran Vía et du Pla del Remei représente le Valence chic, avec ses larges avenues haussmanniennes, ses boutiques de luxe et le spectaculaire Mercado de Colón, un marché couvert de style moderniste transformé en espace gastronomique haut de gamme.

Le conseil d'ami : pour un apéritif parfait, installez-vous sur une terrasse de la Plaza del Barón de Cortes à Ruzafa vers 19h. Commandez une Agua de Valencia, le cocktail local à base de cava, jus d'orange et vodka, et laissez-vous porter par l'ambiance.

Les plages : la Méditerranée à portée de métro

À 15 minutes du centre en tram, les plages de Valence offrent plusieurs kilomètres de sable fin. La Malvarrosa est la plus connue, bordée par une promenade animée où s'alignent les restaurants de paella. Plus authentique, le quartier d'El Cabanyal conserve son âme de village de pêcheurs avec ses maisons colorées ornées de céramiques valenciennes. Les ruelles y dégagent une atmosphère cubaine étonnante, et les restaurants y servent du poisson d'une fraîcheur exemplaire.

Plus au sud, la plage d'El Saler, aux portes du parc naturel de l'Albufera, attire ceux qui cherchent des dunes sauvages et moins de monde. L'Albufera mérite d'ailleurs une escapade : ce lac d'eau douce entouré de rizières est le berceau de la paella. Les restaurants du village d'El Palmar, accessibles en 20 minutes de voiture, servent la paella la plus authentique qui soit, cuisinée au feu de bois avec du riz cultivé à deux pas.

Le conseil d'ami : pour éviter la foule de la Malvarrosa en été, poussez jusqu'aux plages de Patacona ou de Pinedo. Elles sont moins fréquentées et tout aussi agréables, avec en prime des parkings plus faciles à trouver.

Où manger et boire à Valence ?

Valence est le berceau de la paella valencienne, et ici, on ne plaisante pas avec la recette originale : du poulet, du lapin, des haricots verts, des garrofó (gros haricots blancs locaux), du safran, et surtout pas de fruits de mer. Les puristes vous le diront sans détour : la paella mixte viande-poisson est une hérésie touristique. Pour goûter la vraie, direction Casa Carmela ou Restaurante Levante, deux institutions qui cuisinent au feu de bois d'oranger.

Au-delà de la paella, ne ratez pas la fideuà (paella aux nouilles), l'all i pebre (ragoût d'anguilles et pommes de terre), ni les clóchinas, ces minuscules moules locales. Le matin, arrêtez-vous pour une horchata glacée accompagnée de fartons, ces petits pains briochés à tremper dedans. L'horchata, à base de souchet, se déguste à l'Horchatería Daniel, près de la Plaza de la Reina. Pour les tapas, Colmado de la Lola dans le Carmen propose huîtres, oursins et croquettes maison dans un décor rétro-chic.

Le conseil d'ami : la paella se mange traditionnellement au déjeuner, jamais le soir. Profitez du menu del día dans les restaurants de quartier : 10-15€ pour entrée, plat, dessert et boisson. Un rapport qualité-prix imbattable.

Où dormir à Valence et aux alentours ?

Pour un premier séjour, privilégiez le Ciutat Vella ou ses environs immédiats. Le quartier de La Seu, autour de la cathédrale, offre une ambiance élégante et calme. Le Barrio del Carmen convient mieux aux noctambules, avec ses bars ouverts tard et son atmosphère bohème. Ruzafa séduit les trentenaires en quête d'authenticité et de vie nocturne, avec des hôtels-boutiques et appartements Airbnb bien situés.

Les budgets serrés se tourneront vers Extramurs ou El Botànic, à 10 minutes à pied du centre, où les prix chutent de 20 à 30%. Pour les familles ou ceux qui privilégient la plage, El Cabanyal et Malvarrosa proposent des appartements avec vue mer, bien que l'animation nocturne y soit limitée. L'offre d'hébergement reste plus abordable qu'à Barcelone ou Madrid, avec des hôtels corrects dès 80€ la nuit.

Comment se rendre et se déplacer à Valence ?

L'aéroport de Valence-Manises se trouve à 8 km du centre. Le métro (lignes 3 et 5) relie le terminal au cœur de ville en 20-25 minutes pour 5,80€ (ticket + carte). Le bus 150 fait la même liaison pour 1,45€, mais en 30-45 minutes selon le trafic. Un taxi coûte environ 20-25€. Depuis Paris, Lyon ou Marseille, des vols directs atterrissent quotidiennement. La gare Joaquín Sorolla accueille les AVE (trains à grande vitesse) en provenance de Madrid (1h40) et Barcelone (3h).

Une fois sur place, le centre se parcourt facilement à pied. Le métro et le tram desservent efficacement les quartiers excentrés et les plages. Un ticket simple coûte 1,50€, mais la Valencia Tourist Card (15€ pour 24h, 20€ pour 48h, 25€ pour 72h) inclut les transports illimités et des réductions dans les musées. Les Jardins du Turia offrent 9 km de pistes cyclables sans voiture, idéales pour rejoindre la Cité des Arts depuis le centre à vélo. Oubliez la voiture en centre-ville : stationnement impossible et ruelles étroites garantissent la frustration.

Quand y aller ?

Les périodes idéales sont avril-mai et septembre-octobre, quand les températures oscillent entre 20 et 25°C, que le soleil brille sans écraser, et que les touristes se font rares. Le printemps offre en prime les Fallas mi-mars, une fête spectaculaire de cinq jours où la ville brûle d'immenses sculptures sous les feux d'artifice et les pétards. L'ambiance est électrique, mais les prix flambent et les hôtels affichent complet des mois à l'avance.

L'été (juin-août) attire les foules sur les plages, avec une chaleur parfois étouffante en août, quand le mercure dépasse régulièrement les 33°C. Si vous supportez la chaleur, juillet offre un bon compromis avec des températures élevées mais vivables et l'eau de mer à 25°C. L'hiver reste doux (10-16°C) et ensoleillé, parfait pour visiter sans la cohue, même si certaines attractions réduisent leurs horaires.