
Visiter Ibiza : l'île aux mille visages
Le mot de la rédactionn, mis à jour le 26/11/2025
Le parfum des pins se mêle à l'iode, les bougainvillées explosent contre les murs blancs, et quelque part entre la côte sauvage et les terrasses qui surplombent la mer, un DJ balance ses premiers morceaux tandis qu'un hippie vend ses créations sur un marché voisin. Bienvenue sur une île qui refuse obstinément de se laisser enfermer dans une seule définition.
Ibiza, la Mecque des fêtards... mais pas que
Si vous cherchez des nuits blanches, des DJ internationaux et l'énergie électrique des clubs mythiques, vous êtes au bon endroit. Pacha, Amnesia, Ushuaïa ne sont pas des légendes urbaines mais bien des temples où l'on danse jusqu'à l'aube. Entre juin et septembre, l'île vibre au rythme de cette folie collective.
Mais réduire Ibiza à sa vie nocturne serait une erreur monumentale. Les familles y trouvent des criques protégées aux eaux translucides, les amateurs d'histoire explorent Dalt Vila, la citadelle médiévale classée à l'UNESCO, et les hédonistes plus tranquilles se prélassent dans des restaurants champêtres entourés de citronniers.
L'île est aussi un sanctuaire hippie assumé depuis les années 70, avec ses marchés artisanaux, ses communautés bohèmes et son esprit peace and love toujours bien vivant. Cette dualité fait toute sa magie : on peut bronzer sur une plage familiale l'après-midi et danser dans un superclub le soir.
Budget redoutable si vous ne faites pas attention
Attention, Ibiza peut vous ruiner si vous ne contrôlez pas vos dépenses. Comptez entre 100 et 150 euros par jour et par personne en mode routard malin (auberge de jeunesse, cuisine maison, transport en bus), entre 200 et 300 euros pour un séjour confortable avec hôtel correct et quelques restaurants, et bien au-delà de 500 euros si vous visez le luxe avec beach clubs huppés et suites avec vue.
Les clubs coûtent entre 30 et 80 euros l'entrée, un repas dans un restaurant traditionnel tourne autour de 25 à 40 euros, et une location de voiture démarre à 35 euros par jour. Les prix explosent en juillet-août, période à éviter si votre budget est serré.
Les plages : du bling-bling aux criques secrètes
Commençons par Ses Salines, la plage des people où les corps bronzés défilent entre pins parasols et dunes protégées. L'ambiance est électrique, la musique house flotte depuis les beach clubs chics, et oui, vous croiserez peut-être une célébrité. Le sable blanc s'étire sur 1,5 kilomètre et les eaux cristallines invitent à la baignade, mais préparez-vous à partager l'espace et à mettre la main au portefeuille pour les transats.
À l'opposé du spectre, Cala Conta offre des panoramas de carte postale avec ses îlots rocheux qui émergent d'une mer turquoise éclatante. Les familles adorent ses eaux peu profondes, les photographes ses couchers de soleil légendaires, et les plongeurs ses fonds marins peuplés de vie. Arrivez tôt ou en fin d'après-midi pour éviter la cohue estivale.
Pour les amateurs d'authenticité, cap vers le nord et les petites criques comme Cala Xarraca ou Aigües Blanques. Ces plages sauvages, souvent accessibles par des chemins caillouteux, sont le royaume des habitués qui fuient la foule. L'absence de beach club et de transat est justement leur charme : vous posez votre serviette sur le sable chaud et vous profitez.
Le conseil d'ami : pour éviter les 100 euros de deux transats à Cala Conta, baladez-vous sur la droite vers Cala Escondida, une petite sœur cachée où l'accès est libre et l'ambiance décontractée, avec même un petit chiringuito écolo pour grignoter.
Ibiza Town : entre histoire millénaire et marina de luxe
La capitale mérite qu'on s'y attarde au moins une journée. Grimpez dans les ruelles pavées de Dalt Vila, la vieille ville fortifiée qui surplombe le port. Les remparts du XVIe siècle racontent l'histoire des pirates et des conquérants, tandis que les galeries d'art contemporain et les boutiques bohèmes rappellent que l'île ne vit pas que de son passé.
En bas, le quartier de La Marina grouille de vie avec ses terrasses, ses boutiques de créateurs et ce mélange détonnant de yachts milliardaires et de vendeurs ambulants. Le contraste est saisissant : d'un côté les megayachts amarrés à Ibiza Magna, l'un des ports les plus onéreux du monde, de l'autre les bars à tapas où les locaux se retrouvent.
Le mercredi et le samedi, le marché hippie de Las Dalias à San Carlos mérite le détour. Depuis 1954, artisans, musiciens et vendeurs de bijoux bohèmes s'y donnent rendez-vous dans une ambiance festive et colorée.
Le conseil d'ami : visitez Dalt Vila en fin d'après-midi pour profiter de la lumière dorée sur les pierres blanches, puis redescendez vers Sa Penya, le vieux quartier de pêcheurs transformé en dédale de bars branchés, pour l'apéro.
Le nord sauvage et authentique
Si vous cherchez l'Ibiza tranquille et préservée, mettez le cap au nord. Santa Agnès de Corona, minuscule village perdu dans les terres, devient féerique en janvier-février quand les amandiers en fleurs transforment la plaine en tapis blanc rosé. Le reste de l'année, c'est un havre de paix avec son église blanche et ses quelques maisons traditionnelles.
Sur la côte nord, Portinatx séduit les familles avec ses trois plages protégées et ses eaux calmes. Plus sauvage, Cala de Sant Vicent déploie un arc de sable doré au pied de collines boisées. Et puis il y a Benirràs, la plage mythique des hippies où chaque dimanche au coucher du soleil, les tambours résonnent pour une cérémonie improvisée qui attire curieux et habitués.
San Juan, le village oublié du temps
Le village de San Juan incarne l'Ibiza rural et discret. Ici, pas de clubs ni de touristes en string, juste une église blanche, quelques maisons éparpillées et le sentiment que le temps s'écoule différemment. C'est le point de départ idéal pour explorer les chemins de randonnée qui serpentent entre pinèdes et falaises.
Le conseil d'ami : louez une voiture pour explorer le nord, les bus sont rares et les plus beaux spots nécessitent de sortir des sentiers battus. Téléchargez les cartes hors ligne, le réseau est capricieux dans certaines zones.
Santa Eulalia et l'est paisible
À l'opposé de l'agitation de San Antonio, Santa Eulalia cultive une atmosphère familiale et décontractée. Sa promenade en bord de mer bordée de palmiers, sa plage de sable fin et son éventail de restaurants en font une base idéale pour les familles et ceux qui recherchent le calme.
Le village mérite qu'on grimpe jusqu'à l'église de Puig de Missa, perchée sur sa colline, d'où la vue embrasse toute la baie. En contrebas, le marché hippie d'Es Canar, baptisé Punta Arabí, déploie ses 500 étals depuis 1973 : bijoux artisanaux, vêtements ethniques, tatouages au henné et musique live créent une ambiance joyeuse.
Les plages de l'est comme Cala Llenya ou Cala Nova restent relativement préservées du tourisme de masse. Bordées de pins, elles offrent des eaux calmes parfaites pour les enfants et les amateurs de paddle.
Le conseil d'ami : si vous séjournez à Santa Eulalia, rejoignez à pied ou à vélo les criques voisines via le sentier côtier. Le parcours entre Cala Pada et Es Canar offre des points de vue magnifiques et permet de découvrir des plages désertes accessibles par des escaliers discrets.
Où manger et boire à Ibiza ?
La cuisine ibizienne est un mariage entre terre et mer, simplicité et saveurs franches. Le plat emblématique reste le bullit de peix, ce ragoût de poissons de roche servi avec des pommes de terre et un aïoli généreux, suivi d'un arroz a banda cuit dans le bouillon parfumé. On le déguste dans les restaurants traditionnels de bord de mer comme Can Pujol ou Port Balansat, où la recette se transmet de génération en génération.
Ne passez pas à côté des sobrasada et butifarra, ces saucisses de porc épicées typiques des Baléares, du sofrit pagès, ragoût copieux de viandes et légumes de saison idéal après une nuit blanche, ou encore du flaó, ce cheesecake au fromage frais et à la menthe qui conclut parfaitement un repas.
Pour l'expérience agrotourisme, les restaurants de ferme comme Can Muson ou Atzaró proposent des plats bio dans des jardins paradisiaques, où l'on déjeune sous les orangers au son de la musique live. Les chiringuitos, ces petites paillotes de plage, servent poissons grillés et salades fraîches à prix doux. Enfin, le village de Santa Gertrudis, en plein cœur de l'île, concentre d'excellents restaurants et bars à vin dans une ambiance bohème chic.
Où dormir à Ibiza et aux alentours ?
À Ibiza Town, posez vos valises dans le quartier de La Marina ou Figueretas pour être au cœur de l'action et pouvoir rentrer à pied après une soirée. Playa d'en Bossa convient aux noctambules qui veulent être à deux pas des clubs et de la plage.
Les familles et les amateurs de tranquillité préféreront Santa Eulalia ou les villages de San José et San Carlos, d'où rayonner vers les plages. San Antonio séduit les jeunes fêtards avec ses auberges bon marché et sa proximité avec Café Mambo et les clubs de la Sunset Strip.
Pour un séjour authentique, optez pour un agroturismo, ces fermes traditionnelles transformées en chambres d'hôtes de charme, souvent nichées dans la campagne entre oliviers et amandiers. Comptez 100 à 150 euros la nuit pour une chambre double en saison, le double voire le triple dans les établissements de luxe. Les villas en location conviennent aux groupes d'amis, avec des prix démarrant à 1000 euros la semaine hors saison.
Comment se rendre et se déplacer à Ibiza ?
L'aéroport d'Ibiza se trouve à 7 kilomètres au sud de la capitale et reçoit des vols directs depuis les principales villes européennes. Les compagnies low-cost multiplient les liaisons en été, avec des billets dès 50 euros l'aller-retour depuis Paris, Bruxelles ou Genève si vous réservez à l'avance. Le ferry depuis Barcelone ou Valence constitue une alternative romantique, avec des traversées de 8 à 9 heures et des tarifs autour de 80 euros.
Sur place, le réseau de bus public est correct et bon marché (2 euros le ticket) mais limité en soirée et vers les plages isolées. Louer une voiture s'impose pour explorer l'île en toute liberté, d'autant que les distances sont courtes. Comptez 35 euros par jour en moyenne. Les scooters, très populaires, coûtent environ 20 euros par jour mais attention aux routes glissantes, surtout après la pluie.
Les taxis sont nombreux mais onéreux : comptez 25 à 30 euros pour un trajet aéroport-Ibiza Town. En été, des navettes maritimes relient Ibiza Town, Playa d'en Bossa, Figueretas et certaines plages, offrant un moyen agréable et original de se déplacer.
Quand y aller ?
La saison bat son plein de juin à septembre, avec un pic en juillet-août où l'île affiche complet et les prix flambent. Mai et juin offrent le meilleur compromis : températures agréables autour de 25°C, clubs déjà ouverts pour les soirées d'ouverture mythiques, plages encore respirables et tarifs plus doux. Septembre reste excellent avec une mer chaude, moins de monde et les closing parties épiques qui marquent la fin de saison.
Évitez août si vous détestez la foule et la chaleur écrasante, à moins d'être prêt à partager chaque centimètre carré de sable et à payer le prix fort. L'hiver (novembre à mars) transforme Ibiza en île paisible où la plupart des clubs ferment, mais les températures douces permettent de belles balades et les prix chutent drastiquement.








