Visiter Dubrovnik : quand les pierres séculaires narguent l'Adriatique

Le mot de la rédaction, mis à jour le 26/11/2025

Imaginez une cité médiévale suspendue entre ciel et mer, où chaque ruelle pavée débouche sur une vue digne d'une carte postale. Les remparts de calcaire blond encerclent la vieille ville comme un écrin protecteur, pendant que les toits de tuiles orangées s'étendent jusqu'aux eaux turquoise.

Mais attention, cette perle de la côte croate n'a rien d'un secret bien gardé : en plein été, elle croule sous le poids de millions de visiteurs venus vérifier si la réalité surpasse vraiment la légende de Game of Thrones. Entre splendeur architecturale et inflation touristique, elle fascine autant qu'elle interroge.

Une destination de carte postale au prix fort

Cette ville s'adresse d'abord aux amoureux d'histoire et d'architecture médiévale, à ceux qui rêvent de marcher sur des remparts millénaires avec la Méditerranée en toile de fond. Les couples en quête de romantisme et les fans de séries télé trouveront leur compte dans ce décor de cinéma grandeur nature.

En revanche, si vous fuyez la foule comme la peste, si les tarifs gonflés vous hérissent ou si vous cherchez l'authenticité d'un village croate préservé, évitez cette destinations entre juin et septembre. La ville est compacte, tout se fait à pied dans le centre historique, mais cette facilité a un coût.

Un budget qui pique, surtout intra-muros

Comptez minimum 85 à 115€ par jour et par personne en mode économe : 40 à 60€ pour l'hébergement, 25€ minimum par repas au restaurant, 35€ l'entrée aux remparts. Dans la vieille ville, les prix flambent : une bière peut grimper à 8€ sur le Stradun, et les restaurants affichent rarement moins de 30€ par tête. En juillet-août, les tarifs doublent carrément. Dormir hors des murs ou explorer les quartiers comme Lapad permet de respirer côté portefeuille.

La vieille ville, un labyrinthe de pierre classé à l'UNESCO

Franchir la Porte Pile à l'ouest, c'est basculer dans un autre temps. Le Stradun, cette artère principale aux dalles polies par des siècles de passages, file tout droit vers le port en traversant palais baroques, églises et placettes ombragées. La Fontaine d'Onofrio vous accueille dès l'entrée, massive et couverte de mousses. Sur votre gauche, le monastère franciscain abrite une pharmacie du XIVe siècle encore en activité, l'une des plus anciennes d'Europe.

Mais le vrai spectacle, c'est le tour complet des remparts. Deux kilomètres de murailles à parcourir en deux bonnes heures, avec des escaliers qui grimpent sans pitié jusqu'à la Tour Minceta au nord et le Fort Bokar au sud. D'un côté, vous surplombez les toits rouges et les cours intérieures ; de l'autre, la mer étale son bleu jusqu'aux îles Élaphites. Attention, sous le soleil de midi en plein été, l'expérience vire à l'épreuve d'endurance. Pensez casquette et bouteille d'eau, car l'ombre se fait rare là-haut.

Le conseil d'ami : Pour éviter la cohue, attaquez les remparts dès 8h du matin ou après 17h. La lumière dorée de fin de journée sublime les pierres, et vous croiserez dix fois moins de monde.

Au-delà des remparts : plages et escapades marines

Contrairement aux idées reçues, on peut aussi bronzer et se baigner ici. La plage de Banje, juste à l'est de la vieille ville, offre une vue imprenable sur les fortifications et l'île de Lokrum en arrière-plan. Galets, transats payants, bar branché : l'ambiance est plus jet-set que sauvage. Pour quelque chose de plus isolé, descendez l'escalier raide qui mène à Sveti Jakov, une petite crique à 20 minutes de marche vers le sud. Le panorama depuis le chemin vaut à lui seul le détour.

Si vous avez une journée devant vous, filez vers Lapad et sa plage de Copacabana, idéale pour les familles avec ses eaux calmes et ses activités nautiques. Mais la vraie pépite, c'est la plage de Sunj sur l'île de Lopud, dans l'archipel des Élaphites : du sable fin (rarissime en Croatie), une eau translucide, et une ambiance décontractée. Comptez une heure de ferry depuis le port de Gruž.

Le conseil d'ami : Pour un bain de soleil atypique, cherchez l'entrée discrète dans les remparts sud qui mène à la plage de Buža. Des plateformes de pierre au ras de l'eau, un bar à cocktails, et zéro sable dans le maillot.

Le mont Srđ, le balcon qui domine tout

À 412 mètres d'altitude, le mont Srđ offre la vue carte postale par excellence : toute la ville à vos pieds, les îles qui parsèment l'horizon, et l'Adriatique qui s'étire à perte de vue. Deux options pour y monter : le téléphérique en quatre minutes (tarifs variables selon saison), ou le sentier de randonnée pour les jambes aguerries. Au sommet, le Fort Impérial du XIXe siècle accueille un musée consacré à la guerre d'indépendance croate des années 90, un rappel que l'histoire récente a laissé des cicatrices profondes.

Le coucher de soleil depuis là-haut est légendaire, mais vous ne serez pas seul à l'admirer. Arrivez un peu avant pour décrocher une place stratégique. Le petit restaurant au sommet sert des plats corrects sans révolutionner la gastronomie, mais avec un tel panorama, on pardonne facilement la carte un brin touristique.

Lokrum et les Élaphites, respirations vertes sur fond d'azur

À quinze minutes de bateau depuis le vieux port, Lokrum joue les îles mystérieuses. Classée réserve naturelle, elle déroule des sentiers ombragés sous les pins, un jardin botanique luxuriant, et un monastère bénédictin en ruines. Les paons se baladent en liberté, ajoutant une touche surréaliste. Le lac salé surnommé la Mer Morte permet une baignade flottante assez amusante. Plusieurs criques rocheuses invitent à piquer une tête dans une eau d'une clarté troublante. Attention, l'île ferme en fin d'après-midi et il est interdit d'y passer la nuit.

Plus loin, l'archipel des Élaphites se compose de trois îles habitées : Koločep la verdoyante avec ses criques secrètes, Lopud et sa fameuse plage de sable, et Šipan la rurale avec ses oliveraies et ses vestiges romains. Les ferries publics partent de Gruž plusieurs fois par jour, mais les excursions organisées qui enchaînent les trois îles en une journée ont la cote. C'est l'occasion de voir une Croatie plus posée, où les habitants vivent encore de la pêche et de l'agriculture.

Le conseil d'ami : Si vous avez le temps et le budget, passez une nuit sur Lopud. Une fois les touristes à la journée repartis, l'île retrouve son âme tranquille, et vous aurez les plages pour vous seul au lever du soleil.

Où manger et boire à Dubrovnik ?

La cuisine dalmate fait la part belle aux poissons et fruits de mer fraîchement pêchés dans l'Adriatique. Goûtez absolument le brudet, un ragoût de poisson mijoté dans une sauce tomate relevée, ou le riz noir teinté par l'encre de seiche. Les huîtres de Ston, à une heure de route, sont considérées parmi les meilleures du monde : certaines tables les servent crues avec un filet de citron. Côté terre, la pasticada (veau mariné longuement dans une sauce au vin et aux prunes, servi avec des gnocchis) réchauffe les cœurs. Pour le dessert, la rožata, sorte de crème caramel parfumée à la liqueur de rose, clôture le repas en douceur.

Dans la vieille ville, le Restaurant 360° affiche une étoile au guide, une vue vertigineuse sur les remparts et des prix à la hauteur (comptez 180€ le menu dégustation). Pour moins ruiner votre budget, sortez des murs : Konoba Dubrava propose une cuisine traditionnelle honnête, et Lady Pi-Pi, perchée au-dessus de la ville, sert des grillades fumées sur sa terrasse bondée (pas de réservation, prévoyez d'attendre). Le marché de Gundulić le matin permet de croquer dans des fruits gorgés de soleil et d'acheter du miel local.

Où dormir à Dubrovnik et aux alentours ?

Dormir intra-muros dans la vieille ville a un charme indéniable, mais ça se paie cash : comptez minimum 100 à 150€ la nuit pour une chambre double en haute saison, souvent le double en juillet-août. En contrepartie, vous êtes au cœur de l'action, et vous pouvez rentrer à pied après une soirée. Les chambres chez l'habitant (sobe) et appartements (apartman) offrent un meilleur rapport qualité-prix, à condition de réserver très en avance.

Pour des tarifs plus respirables, explorez Lapad et Babin Kuk : ces quartiers balnéaires regroupent hôtels, auberges et résidences touristiques, avec un accès facile en bus vers le centre (lignes 4, 5, 6). Gruž, près du port et de la gare routière, joue la carte locale et pratique. Enfin, Cavtat, charmant village côtier à 20 km au sud, séduit ceux qui veulent fuir l'agitation tout en restant à portée de navette.

Comment se rendre et se déplacer à Dubrovnik ?

L'aéroport se trouve à Čilipi, 20 km au sud-est. La navette Platanus rejoint la vieille ville en 30 minutes pour 6€ l'aller simple, avec des départs calés sur les arrivées de vols. Les bus urbains (lignes 11, 27, 38) font le même trajet pour 4 à 5€ mais mettent plus de temps. Un taxi coûte entre 35 et 45€, pratique si vous êtes chargé ou arrivez tard.

Une fois sur place, oubliez la voiture : le centre historique est entièrement piéton, et le stationnement autour des remparts relève du parcours du combattant (et coûte une fortune). Le réseau de bus urbains Libertas est efficace pour rallier les plages et les quartiers périphériques (2€ le ticket, 4€ le pass 24h). Pour Lokrum, les bateaux partent toutes les demi-heures du vieux port (30€ avec entrée incluse). Les ferries vers les Élaphites décollent du port de Gruž.

Quand y aller ?

Les mois de mai, juin et septembre offrent le meilleur compromis : températures agréables (20 à 25°C), mer déjà chaude, et affluence supportable. Les prix restent raisonnables, et vous profiterez des terrasses sans jouer des coudes. Juillet-août, c'est le plein rush : la ville étouffe sous le poids des touristes et des croisiéristes, les tarifs explosent, mais c'est aussi la période du Festival d'été (théâtre, musique, folklore du 10 juillet au 25 août) qui enflamme la cité.

L'automne (octobre) reste doux et lumineux, parfait pour les balades sur les remparts avec une lumière dorée. L'hiver (novembre à mars) voit les prix chuter et la ville retrouver son calme, mais beaucoup d'établissements ferment, et la pluie peut s'inviter plusieurs jours d'affilée. Le mois de novembre est clairement à éviter, sauf si vous aimez les villes fantômes sous la bruine.