Fujikawaguchiko : au pied du géant endormi
Le reflet parfait du mont Fuji à la surface du lac, un instant suspendu à 7h du matin avant que les nuages n'engloutissent le sommet.
Cette image, vous l'avez sans doute vue mille fois. Mais la sentir, la respirer, l'air frais chargé d'humidité, le silence troublé uniquement par le clapotis d'un pédalo au loin, ça ne s'explique pas, ça se vit. Fujikawaguchiko n'est pas une simple escale touristique au Japon : c'est une communion lente avec la montagne la plus sacrée de l'archipel.
Une retraite contemplative, pas une aventure extrême
Si vous cherchez l'adrénaline ou les nuits animées, allez festoyer ailleurs :). Fujikawaguchiko s'adresse aux âmes qui veulent ralentir : amoureux de paysages grandioses, couples en quête de ryokan romantiques avec bain privatif, familles désireuses d'initier leurs enfants à la beauté japonaise. Les photographes y trouveront leur paradis, à condition de se lever tôt : après 9h, le sommet joue souvent à cache-cache.
Le rythme ici est contemplatif. On flâne autour du lac à vélo, on sirote un thé face à la montagne, on se glisse dans un onsen fumant au crépuscule. Les impatients s'ennuieront ferme. Ceux qui fuient les foules seront déçus en haute saison (avril et novembre), quand les bus déversent leur flot de visiteurs.
Un budget intermédiaire pour le Japon
Comptez entre 100 et 200 € par jour et par personne pour un séjour confortable : une nuit en ryokan avec demi-pension (à partir de 150 € la chambre double), un repas de hoto autour de 10-15 €, et les transports locaux couverts par un pass bus touristique. Les hébergements de luxe avec onsen privé et vue sur le Fuji peuvent atteindre 400 € la nuit.
Traquer le Fuji : les panoramas incontournables
C'est depuis les rives du lac Kawaguchiko que vous obtiendrez vos plus beaux clichés de la montagne sacrée. La rive nord offre les vues les plus dégagées, surtout au lever du soleil. Le parc Oishi, avec ses parterres de lavandes en été et ses cosmos en automne, compose un premier plan idéal pour immortaliser le géant.
Pour prendre de la hauteur, le téléphérique du mont Kachi-Kachi vous hisse à 1 075 mètres en quelques minutes. La plateforme d'observation offre une perspective saisissante sur le lac et le Fuji. Un tanuki géant en statue vous y accueille, clin d'œil au folklore local.
Le conseil d'ami : arrivez avant 8h30 au téléphérique pour éviter la cohue des tours organisés et profiter d'un ciel généralement plus dégagé.
La pagode Chureito
À quelques kilomètres de Fujikawaguchiko, la pagode Chureito offre l'une des vues les plus photographiées du Japon. Après avoir gravi les 400 marches du sanctuaire Arakurayama Sengen, le panorama sur la pagode rouge avec le Fuji en toile de fond est à couper le souffle, surtout pendant la floraison des cerisiers en avril ou les érables flamboyants de novembre.
Musées et culture : l'autre visage de la région
Le Musée d'Art Kubota Itchiku, trois étoiles au Guide Michelin, mérite à lui seul le déplacement. Cet artiste a consacré sa vie à ressusciter le Tsujigahana, une technique ancestrale de teinture sur kimono datant du XIVe siècle. Son œuvre majeure, La Symphonie de la Lumière, déploie 46 kimonos illustrant les saisons japonaises : un travail malheureusement resté inachevé mais bouleversant.
À deux pas, le Kawaguchiko Music Forest surprend par son atmosphère d'Europe centrale transplantée au pied du Fuji. Ce musée abrite une collection d'orgues mécaniques et de boîtes à musique anciennes, dont un orgue français de 1905 mesurant 5 mètres de haut. Les jardins façon conte de fées offrent un décor parfait pour une pause photo.
Le conseil d'ami : le pass bus touristique Red Line dessert tous ces sites. Achetez-le à la gare de Kawaguchiko pour environ 1 500 ¥ la journée.
Le lac et ses activités au fil de l'eau
Le lac Kawaguchiko, avec ses 20 km² de superficie, invite à la lenteur. La balade à vélo sur la rive nord reste l'activité reine : comptez 2 à 3 heures pour faire le tour complet, avec des arrêts photo à chaque virage. Les plus contemplatifs opteront pour une croisière en bateau ou une sortie en canoë au lever du jour, quand le reflet du Fuji se dessine sur l'eau immobile.
En automne, le Momiji Corridor (corridor des érables) transforme la rive nord en tunnel végétal aux teintes flamboyantes. Le Festival des feuilles d'automne de Fujikawaguchiko, qui se tient chaque année en novembre, anime les berges avec des stands de nourriture et des illuminations nocturnes.
Le conseil d'ami : la location de vélo électrique (environ 1 500 ¥ la journée) change la donne si vous comptez explorer plusieurs lacs, les montées peuvent être traîtres.
Où manger et boire à Fujikawaguchiko ?
La star incontestée des tables locales, c'est le hoto : des nouilles plates et épaisses mijotées dans un bouillon miso avec du potiron, des champignons et des légumes de saison. Ce plat rustique, que l'on dit apprécié par le seigneur guerrier Takeda Shingen avant ses batailles, réchauffe l'âme après une journée au bord du lac. Hoto Fudo, avec ses sept établissements autour du lac, est l'adresse de référence, le restaurant en forme de nuage près du musée d'art vaut le détour.
Les amateurs de nouilles découvriront aussi les Yoshida Udon, plus fermes et mâcheuses, parfois servies avec de la viande de cheval. Pour les palais aventureux, le basashi (sashimi de cheval) est une spécialité de la préfecture de Yamanashi. Côté douceurs, les biscuits à la pomme locale et le Shingen Mochi (mochi saupoudré de kinako) font d'excellents souvenirs.
Où dormir à Fujikawaguchiko et aux alentours ?
L'expérience ultime reste la nuit en ryokan avec onsen privatif face au Fuji. Des établissements comme le Konansou, le Mizno Hotel ou le luxueux Fufu Kawaguchiko proposent des chambres avec bain thermal sur balcon et vue imprenable. Réservez plusieurs mois à l'avance, surtout en haute saison.
Pour les budgets plus serrés, des ryokans plus simples comme le Ryokan Fuji ou le Yamagishi Ryokan offrent l'expérience tatami et onsen partagé à des tarifs raisonnables. Le glamping a aussi fait son apparition, avec des dômes géodésiques offrant des réveils face à la montagne.
Comment se rendre et se déplacer à Fujikawaguchiko ?
Depuis Tokyo, le bus express reste l'option la plus pratique : comptez environ 2 heures depuis la gare routière de Shinjuku (terminal Busta) pour 2 200 ¥ l'aller. En train, il faut changer à Otsuki sur la ligne Fujikyu, ce qui allonge le trajet à 2h30 environ.
Sur place, le réseau de bus touristiques (lignes Red, Green et Blue) dessert l'ensemble des sites autour des lacs. Un pass journée coûte entre 1 500 et 2 500 ¥ selon la zone couverte. La voiture offre plus de liberté pour explorer les cinq lacs, mais le stationnement peut poser problème en haute saison.
Quand y aller ?
Deux fenêtres magiques s'imposent : début avril pour les cerisiers en fleurs autour de la pagode Chureito, et mi-novembre pour les érables flamboyants du Momiji Corridor. L'été permet l'ascension du mont Fuji depuis la 5e station (accessible en bus), mais la chaleur et l'humidité peuvent être éprouvantes. L'hiver offre les ciels les plus dégagés pour observer le Fuji enneigé, mais les températures descendent sous zéro.