Visiter Hierapolis : avis, tarif 2025 et conseils pratiques

Hierapolis, la cité sacrée aux portes de l'enfer

Le mot de la rédaction, publié le 21/10/2025

Les gradins du théâtre romain se découpent sur le ciel anatolien, dominant les terrasses blanches de Pamukkale. Plus bas, les colonnes effondrées racontent 2000 ans d'histoire. Au détour d'une rue pavée, une caverne exhale des vapeurs toxiques : bienvenue à la porte de l'enfer, là où les prêtres antiques communiquaient avec Pluton.

Pourquoi découvrir Hierapolis ?

Fondée au IIe siècle avant notre ère par Eumènes II, roi de Pergame, la ville tire son nom de Hiera, épouse du héros Téléphos. "Cité sacrée" en grec, elle justifie pleinement cette appellation. Ses sources thermales ont attiré pendant des siècles des voyageurs venus de tout le bassin méditerranéen pour soigner leurs maux.

Hierapolis a connu son apogée sous l'Empire romain aux IIe et IIIe siècles, après avoir été totalement reconstruite suite au tremblement de terre de l'an 60. La cité devint également un important centre chrétien : saint Philippe, l'un des douze apôtres, y fut martyrisé et enterré. Inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1988, elle forme avec Pamukkale un ensemble unique mêlant prodiges naturels et vestiges archéologiques.

Le théâtre romain, joyau architectural

Impossible de manquer le théâtre qui domine le site. Construit sous les règnes d'Hadrien et de Septime Sévère, cet édifice monumental pouvait accueillir entre 10 000 et 15 000 spectateurs. Sa façade s'étire sur plus de 100 mètres, organisée en deux niveaux de gradins de 26 rangées chacun.

Ce qui fascine particulièrement, ce sont les reliefs sculptés de la scène, finement ciselés dans le marbre. Ils représentent des divinités et des scènes de la mythologie romaine. Malgré les séismes qui ont ravagé la région au fil des siècles, le théâtre a résisté grâce à la solidité de ses passages voûtés souterrains. Du sommet des gradins, la vue embrasse l'ensemble du site et les terrasses calcaires de Pamukkale qui scintillent en contrebas.

Le conseil d'ami : montez au théâtre en fin d'après-midi, vers 17h-18h en été. La lumière rasante sublime les reliefs sculptés et la chaleur devient supportable. Si vous visitez en hiver, profitez de l'illumination nocturne des principaux monuments : le spectacle est magique et vous échappez complètement aux foules.

La nécropole, mémoire des siècles

La nécropole nord figure parmi les plus vastes de Turquie avec plus de 1200 tombes. Elle s'étend sur plusieurs kilomètres le long de la route menant à l'entrée septentrionale du site. Tumulus hellénistiques, sarcophages romains ornés de bas-reliefs, tombes en forme de maisons : la diversité des sépultures reflète le cosmopolitisme de la cité antique.

Plusieurs tombes juives témoignent de l'importante communauté israélite qui vivait à Hierapolis. On y trouve également le célèbre tombeau de Marcus Aurelius Ammianos, dont le relief représente le plus ancien exemple connu de mécanisme à manivelle et bielle. Certains sarcophages portent des inscriptions détaillées mentionnant les professions des défunts et leurs bonnes actions.

L'atmosphère particulière de cette nécropole, avec ses tombes dispersées dans la garrigue parsemée de pins, invite à la contemplation. On comprend mieux pourquoi tant de malades venaient terminer leurs jours dans cette station thermale réputée pour ses vertus curatives.

Le Plutonium et les mystères du sous-sol

La porte vers les enfers

À proximité du temple d'Apollon se trouve une petite grotte que les Anciens considéraient comme l'entrée du royaume d'Hadès. Le Plutonium tire son nom de Pluton, dieu romain des morts. De cette cavité s'échappent des vapeurs de dioxyde de carbone d'origine géothermique, mortelles pour quiconque s'y aventure.

Les récits antiques de Strabon et de Damascius décrivent les cérémonies rituelles qui s'y déroulaient. Les prêtres eunuques de Cybèle, seuls capables de retenir leur souffle ou connaissant les courants d'air, y entraient indemnes tandis que les animaux sacrificiels succombaient instantanément. Les oiseaux attirés par l'air chaud tombaient raides morts au-dessus de la caverne.

Le site aujourd'hui

Redécouvert en 1965 par des archéologues italiens et rouvert au public en 2022, le Plutonium reste actif : les gaz toxiques continuent de s'en échapper. Pour des raisons de sécurité, l'accès direct à la grotte est interdit, mais on peut observer le site depuis une plateforme aménagée. Une réplique de la statue d'Hadès et Cerbère a été replacée à son emplacement d'origine lors de la restauration.

Les autres trésors d'Hierapolis

La piscine antique de Cléopâtre

Entre le musée archéologique et le temple d'Apollon, la piscine antique offre une expérience unique. Ses eaux thermales à 36°C sont parsemées de colonnes immergées et de blocs de marbre effondrés lors des tremblements de terre. Se baigner au milieu de ces vestiges crée une sensation surréaliste, comme si on flottait à travers l'histoire.

La légende veut que Cléopâtre elle-même se soit baignée dans ces eaux aux propriétés régénératrices. L'accès à la piscine nécessite un supplément de 6€ non inclus dans le billet d'entrée général. Prévoyez maillot de bain et serviette.

L'agora et les thermes

L'agora du IIe siècle, vaste place rectangulaire, constituait le centre commercial et politique de la cité. Les boutiques sous portiques accueillaient les marchands venus de toute l'Anatolie. À proximité, les grands thermes construits en énormes blocs de pierre sans mortier abritent aujourd'hui le musée archéologique. Ses collections présentent de magnifiques sarcophages sculptés, des statues divines et des objets du quotidien.

La rue à colonnes et la porte de Domitien

La rue Frontinus, longue artère bordée de colonnes, traverse la ville sur plus d'un kilomètre. Elle relie la porte sud à l'imposante porte de Domitien au nord, arc monumental à trois baies édifié en 82-83 par le proconsul Julius Frontinus. Les vestiges des latrines publiques à côté de la porte, avec leurs colonnes ornementées, témoignent du raffinement de la vie urbaine romaine.

Le martyrium de saint Philippe

Au sommet d'un escalier monumental, hors des remparts nord-ouest, le martyrium octogonal de saint Philippe impressionne par son organisation spatiale ingénieuse. Chapelles rayonnantes, salles polygonales et pièces triangulaires s'articulent autour de l'octogone central pour former une structure carrée. Ce chef-d'œuvre d'architecture paléochrétienne des IVe-VIe siècles marque le lieu où l'apôtre aurait été martyrisé et enterré.

Le conseil d'ami : si vous disposez de temps limité, priorisez le théâtre, la nécropole et le Plutonium. Louez un véhicule électrique type golf cart à l'entrée (environ 20€ pour une heure) : le site est immense et les distances entre monuments considérables, surtout sous le soleil d'été. Les conducteurs connaissent les meilleurs spots photo.

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* Tarif indicatif sujet à variation