


Le mot de la rédaction, publié le 01/10/2025
Blotti au pied du cap Diamant, le Quartier Petit Champlain déploie ses rues pavées comme un livre d'histoire à ciel ouvert. Ici, chaque pierre raconte quatre siècles de vie québécoise, depuis l'Habitation de Champlain jusqu'aux vitrines des artisans contemporains.
C'est sur ces terres que Samuel de Champlain établit en 1608 son fort, son poste de traite et sa résidence. La rue du Petit-Champlain elle-même, longue de 275 mètres, figure parmi les plus anciennes artères commerciales du continent. Baptisée rue des Meulles au début des années 1700, elle adopte son nom actuel au XIXe siècle pour se distinguer du boulevard Champlain voisin.
L'histoire du quartier connaît un tournant sombre au milieu du XIXe siècle. Délabrement, insalubrité et risques d'éboulis transforment le secteur en zone à risque. Il faut attendre les années 1970 pour qu'un projet de revitalisation audacieux, porté par l'entrepreneur Gérard Paris et l'architecte Jacques de Blois, redonne vie au quartier. Ils acquièrent progressivement dix-sept édifices patrimoniaux et imposent une nouvelle approche en rénovation historique.
En 1985, artisans et commerçants se regroupent en coopérative et rachètent ces immeubles, devenant les fiers gardiens d'un patrimoine sauvé de l'oubli.
L'architecture du Petit Champlain transporte instantanément en France du XVIIIe siècle. Les maisons de pierre recouvertes de crépi, les murs mitoyens surélevés servant de coupe-feu, les lucarnes saillantes et les toits à deux versants recréent l'ambiance des villes européennes. En hiver, lorsque la neige couvre les bâtiments patrimoniaux et que les illuminations scintillent de fin novembre à mi-février, le décor devient proprement féerique.
Le conseil d'ami : visitez le quartier tôt le matin ou en soirée pour éviter l'affluence touristique de la journée. L'atmosphère y gagne en authenticité, et vous profiterez pleinement des terrasses et des vitrines sans bousculade.
La coopérative regroupe aujourd'hui 45 commerces qui animent 29 immeubles historiques. On y trouve une concentration remarquable de créations artisanales : bottes et mocassins fabriqués localement, sculptures, bijoux, produits du terroir, vêtements de créateurs québécois.
Les boutiques débordent littéralement sur les rues piétonnes, créant une ambiance conviviale et chaleureuse. Le quartier compte également des cafés, restaurants et même le Théâtre Petit Champlain, véritable institution culturelle abritant la Maison de la Chanson.
Ses 59 marches relient depuis le XVIIe siècle la côte de la Montagne à la rue du Petit-Champlain. Construit entre 1685 et 1689 pour remplacer un sentier si abrupt qu'il provoquait de nombreux accidents, il porte plusieurs noms au fil du temps : escalier de Champlain, escalier du Quêteux, escalier de la Basse-Ville.
Ce n'est qu'au milieu du XIXe siècle que les guides touristiques londoniens lui donnent son surnom anglais "Breakneck Steps", traduit en français par "Casse-Cou". Malgré cette appellation intimidante, aucun accident grave n'y a été rapporté. Rénové en 1893 par l'ingénieur Charles Baillairgé qui le divise en quatre volées, puis restauré en 1968, l'escalier offre des paliers où s'installent boutiques et restaurants avec terrasses.
Inauguré il y a plus d'un siècle, cet ascenseur spectaculaire grimpe le cap Diamant et relie le Petit Champlain à la terrasse Dufferin. L'accès se fait par la maison Louis-Jolliet, ancienne résidence du célèbre explorateur découvreur du Mississippi. Durant la montée, la vue imprenable embrasse le fleuve Saint-Laurent et l'ensemble du quartier historique.
Deux trompe-l'œil colossaux enrichissent la promenade. La Fresque des Québécois, inaugurée en 1999, occupe 420 mètres carrés sur un mur de la rue Notre-Dame. Réalisée par douze artistes français et québécois en neuf semaines, elle met en scène une quinzaine de personnages historiques majeurs comme Samuel de Champlain, Jacques Cartier, Marie Guyart et Félix Leclerc, tout en intégrant des éléments architecturaux emblématiques de Québec.
Plus discrète mais tout aussi impressionnante, la Fresque du Petit-Champlain au 102 de la rue éponyme raconte l'histoire du Cap-Blanc, quartier populaire et portuaire. On y distingue le capitaine Bernier, navigateur québécois parti explorer le Pôle Nord, Lord Nelson tombé amoureux d'une Québécoise, des cageux acheminant le bois par flottaison, et des détails émouvants comme le boulet de canon incrusté dans la brique rappelant le bombardement anglais de 1759.
*Informations sujettes à variation