Bonifacio, la citadelle suspendue entre ciel et Méditerranée

Le mot de la rédaction, mis à jour le 03/12/2025

Le vent souffle fort dans les Bouches de Bonifacio, et avec lui, une odeur singulière de sel et de maquis. À 70 mètres au-dessus des flots, des maisons semblent défier la gravité, agrippées à des falaises de calcaire si blanches qu'elles aveuglent sous le soleil de midi.

Cette ville-forteresse, bâtie par les Génois au XIIe siècle, ressemble à un décor de cinéma improbable, et pourtant elle est bien réelle, habitée, vivante. Le spectacle le plus saisissant de Corse se mérite : il faut accepter de grimper, de se perdre, et parfois d'avoir les jambes qui tremblent au bord du vide.

Une destination qui ne laisse personne indifférent

Bonifacio s'adresse d'abord aux amoureux de patrimoine et de panoramas vertigineux, à ceux qui s'émerveillent devant l'alliance de la pierre et de la mer. Les familles y trouveront leur compte grâce aux plages accessibles aux alentours et aux excursions en bateau qui fascinent petits et grands. Les couples en quête de romantisme seront comblés par les couchers de soleil depuis le cimetière marin.

En revanche, si vous cherchez la tranquillité absolue en juillet-août, oubliez cette destination : la ville est prise d'assaut et les ruelles de la Citadelle se transforment en fourmilière. Les personnes à mobilité réduite auront également du mal à profiter pleinement des escaliers et dénivelés omniprésents. Et sans voiture, explorer les plages environnantes devient un véritable casse-tête.

Un budget salé, comme l'air marin

Comptez environ 100 à 150 € par jour en haute saison : 80-120 € pour une chambre correcte, 30-50 € pour les repas, et quelques dizaines d'euros pour les activités. Hors saison, un séjour de trois jours peut descendre sous les 320 € tout compris, mais entre juin et août, les prix s'envolent et les hébergements affichent complet des mois à l'avance.

La haute ville : un labyrinthe génois suspendu dans le vide

Pénétrez dans la Citadelle par la Porte de Gênes et son pont-levis d'un autre temps. Le Bastion de l'Étendard, plus haut bastion de France, offre un panorama à 360° sur le port, les falaises sculptées par l'érosion et le plateau de Campu Rumanilu. Les salles du musée retracent l'histoire mouvementée de la ville, des rivalités entre Pisans et Génois jusqu'aux récits des pêcheurs locaux.

Perdez-vous ensuite dans les ruelles pavées : l'église Sainte-Marie-Majeure, commencée par les Pisans et achevée par les Génois, domine la place avec son clocher octogonal qui sert encore de repère aux navigateurs. À quelques pas, l'église Saint-Dominique, rare exemple d'architecture gothique en Corse, mérite un détour.

Le conseil d'ami : montez tôt le matin, avant 9h, pour profiter des ruelles presque désertes et d'une lumière dorée qui sublime les façades blanches. Vous éviterez la cohue et la chaleur écrasante de la mi-journée.

L'escalier du Roy d'Aragon et le sentier des falaises

Il faut des cuisses solides pour s'attaquer aux 187 marches de l'escalier du Roy d'Aragon, taillées à même la falaise. La légende raconte qu'il aurait été creusé en une seule nuit par les troupes aragonaises en 1420, mais les historiens sourient : cette faille naturelle a simplement été aménagée au fil des siècles. La descente, vertigineuse, n'est pas recommandée à ceux qui craignent le vide.

En bas, un sentier côtier longe la roche blanche et offre une vue dégagée sur la Méditerranée et, par temps clair, sur les côtes de Sardaigne au loin. Depuis la chapelle Saint-Roch, le chemin mène jusqu'au phare de Pertusato, où le spectacle des falaises battues par les vagues au coucher du soleil vaut amplement l'effort.

Le conseil d'ami : investissez dans le Pass Monuments (disponible à l'office de tourisme) qui regroupe l'accès au Bastion et à l'escalier à tarif réduit. Les familles peuvent demander le livret-jeu gratuit pour les enfants.

Par la mer : grottes, falaises et îles paradisiaques

La plus belle façon de découvrir Bonifacio reste l'approche maritime. Les excursions en bateau permettent d'admirer la citadelle depuis les flots, de naviguer sous les surplombs rocheux et de pénétrer dans les grottes marines creusées par l'érosion, dont la célèbre grotte du Sdragonato où un rayon de soleil dessine une silhouette de dragon.

Les îles Lavezzi, à une trentaine de minutes de navigation, forment un archipel de rochers granitiques cernés d'eaux cristallines. Réserve naturelle protégée, elles sont un spot de choix pour la plongée et le snorkeling. Plus proches, les plages du Petit et du Grand Sperone rivalisent de beauté avec les Caraïbes, tandis que la baie de Rondinara, élue plusieurs fois plus belle plage d'Europe, dessine un parfait croissant de sable.

Le conseil d'ami : pour éviter les foules sur les Lavezzi, privilégiez les départs avant 10h ou après 15h. La plage de Piantarella, à 15 minutes en voiture, offre un cadre similaire avec parking gratuit et moins de monde.

La marina et l'ambiance du port

Le port de Bonifacio, niché au fond d'une calanque de 1,5 km de profondeur, est l'un des mouillages les plus convoités de Méditerranée. Les façades colorées de la ville basse se reflètent dans l'eau tandis que les terrasses des cafés s'animent dès l'apéritif. C'est ici que bat le cœur festif de la cité, avec ses bars et restaurants qui ne désemplissent pas jusqu'à tard dans la nuit.

De la montée Saint-Roch, accessible depuis le port, vous pouvez rejoindre la haute ville à pied, mais préparez-vous mentalement : l'ascension est sportive. Un escalier mécanique et un petit train touristique offrent des alternatives pour les jambes fatiguées.

Où manger et boire à Bonifacio ?

La gastronomie bonifacienne mêle influences corses et génoises. La spécialité locale par excellence reste les aubergines à la bonifacienne (mirizani), farcies et gratinées, à déguster dans les trattorias de la marine ou de la haute ville. Le brocciu frais, fromage de brebis ou de chèvre, se décline en omelettes, cannelloni ou tourtes.

Côté charcuterie, les figatelli (saucisses de foie fumées) accompagnent idéalement un verre de vin de Figari. Pour le sucré, les canistrelli aux amandes se croquent à l'heure du café. Le marché du mardi matin sur le port permet de ramener les meilleurs produits locaux : fromages fermiers, miel de maquis et liqueurs artisanales.

Où dormir à Bonifacio et aux alentours ?

La haute ville offre le charme des hôtels de caractère avec vue sur les falaises, mais les prix y sont élevés et le stationnement compliqué. Le secteur du port permet d'être au cœur de l'animation, pratique pour les soirées. Pour plus de calme et des tarifs plus doux, les environs de Sant'Amanza ou la route du golf de Sperone proposent des établissements noyés dans le maquis, à quelques minutes en voiture.

Les campings comme le Campo di Liccia, à l'ombre des chênes verts et des oliviers, constituent une alternative économique avec piscine et accès facile aux plages. Pensez à réserver plusieurs mois à l'avance pour la période estivale : les hébergements s'arrachent.

Comment se rendre et se déplacer à Bonifacio ?

L'aéroport de Figari, le plus proche, se trouve à 20 minutes de route. Comptez environ 1h50 de vol depuis Paris, 1h15 depuis Lyon ou Marseille, avec des billets oscillant entre 100 et 200 € selon la saison. Des navettes régulières relient l'aéroport à la ville.

En ferry, les départs depuis Nice, Marseille ou Toulon arrivent à Porto-Vecchio, à 30 minutes de route. Depuis la Sardaigne, la traversée Santa Teresa di Gallura – Bonifacio prend seulement 50 minutes (environ 30 € par personne, 65 € avec voiture). Sur place, la voiture reste indispensable pour explorer les plages et l'arrière-pays. En été, la circulation sature l'entrée de la ville : privilégiez les parkings de la ville basse (7 € la demi-journée avec navette incluse) plutôt que de tenter l'ascension en voiture.

Quand y aller ?

La période idéale s'étend d'avril à juin et de septembre à octobre : températures agréables entre 22 et 28°C, fréquentation raisonnable et prix modérés. Juillet-août, c'est la foule assurée, les tarifs au sommet et les plages bondées. L'hiver offre une sérénité rare mais beaucoup de commerces ferment, et l'île entre en hibernation partielle.