Figueras, là où Dalí a posé sa folie

Le mot de la rédaction, mis à jour le 03/12/2025

Un œuf géant vous toise depuis un toit rouge sang. Bienvenue à Figueras, ville natale de Salvador Dalí, où le surréalisme s'est ancré dans la pierre.

À 30 kilomètres de la frontière française, cette cité catalane de 40 000 habitants vit dans l'ombre tutélaire du maître, mais elle possède une âme bien à elle. Ses ruelles pavées, sa Rambla bordée de platanes centenaires, ses places qui s'animent au rythme des marchés : tout ici respire une Catalogne préservée du tourisme de masse. Les locaux s'y retrouvent le soir à la Plaça del Sol pour l'apéritif, loin des hordes qui déferlent le jour au musée.

Une escale ou une destination ?

Beaucoup de visiteurs ne font que passer. Ils arrivent de Barcelone le matin, visitent le musée Dalí, et repartent le soir. C'est dommage. Figueras mérite qu'on s'y attarde, surtout si vous comptez explorer la Costa Brava ou les villages de l'Empordà. Elle constitue un camp de base idéal, moins cher et plus tranquille que les stations balnéaires.

Cette ville plaira aux amateurs d'art et d'architecture, aux curieux qui aiment flâner sans programme, aux gastronomes en quête de cuisine catalane sans chichi. Elle décevra ceux qui recherchent la plage au pied de l'hôtel ou l'animation nocturne débridée. Les familles avec enfants y trouveront leur compte grâce au musée du jouet et à la forteresse de Sant Ferran, parfaite pour les apprentis chevaliers.

Un budget raisonnable pour la Catalogne

Comptez entre 60€ et 100€ par nuit pour un hôtel correct en centre-ville. Un repas dans un restaurant local coûte 15€ à 25€, les tapas sur la Rambla avoisinent les 3€ à 5€ pièce. L'entrée du théâtre-musée Dalí varie de 15€ à 20€ selon la saison.

Le théâtre-musée Dalí : bien plus qu'un musée

Commençons par l'évidence. Le théâtre-musée Dalí attire un million de visiteurs par an, ce qui en fait l'un des musées les plus fréquentés d'Espagne. L'artiste l'a conçu lui-même sur les ruines de l'ancien théâtre municipal, détruit pendant la guerre civile. Chaque salle est une installation, chaque couloir une mise en scène. La fameuse salle Mae West avec son canapé en forme de lèvres, la Cadillac pluvieuse dans la cour, les hologrammes et les trompe-l'œil : tout relève du spectacle total.

La crypte abrite la tombe de Dalí. On y descend dans un silence presque religieux, étrange contraste avec l'exubérance des étages supérieurs. La collection Dalí Joies, accessible avec le même billet, expose les bijoux conçus par l'artiste. Des pièces extravagantes où rubis et or composent des cœurs qui battent mécaniquement.

Conseil d'ami : réservez vos billets sur Internet plusieurs jours à l'avance, surtout en été. L'office de tourisme propose un forfait à 22€ environ incluant une visite guidée du centre-ville et l'entrée au musée, une bonne affaire qui vous évite les files d'attente.

Se perdre dans le centre historique

Sortez du musée et levez les yeux vers l'église Sant Pere, accolée au bâtiment. Son clocher gothique catalan contraste joliment avec les œufs du musée. Puis laissez-vous dériver dans les ruelles. La Plaça de l'Ajuntament et son hôtel de ville néoclassique offrent un premier point d'ancrage. Les rues adjacentes serpentent vers d'autres places, chacune avec son caractère.

Les mardis, jeudis et samedis matins, le marché s'installe à la Plaça del Gra. Les étals débordent de fruits gorgés de soleil, de charcuteries ibériques, de fromages de brebis. Salvador Dalí lui-même ne manquait jamais le marché du jeudi, prétextant que c'était un jour de fête. Achetez de quoi composer un pique-nique et filez au Parc del Bosc, poumon vert de 45 000 m² où les familles se retrouvent à l'ombre des arbres.

La Plaça de Catalunya, reconnaissable à sa structure photovoltaïque moderne, marque la jonction entre ville ancienne et quartiers récents. Ne manquez pas de vous promener sur la Rambla, cette avenue ombragée bordée de cafés où l'on sirote un verre de vin de l'Empordà en regardant passer les promeneurs. Une statue rend hommage à Narcís Monturiol, autre fils illustre de la ville, inventeur du premier sous-marin.

Architecture éclectique et maisons bourgeoises

Figueras cache des façades remarquables pour qui sait lever le nez. Direction la Plaça de l'Escorxador où trois styles cohabitent : la Casa Bonaterra néoclassique, une librairie rationaliste et une pharmacie Art déco. Cette place résume à elle seule l'éclectisme architectural de la ville.

Les amateurs de modernisme catalan traqueront la Casa Salleras et ses motifs floraux, la Casa Cusí aux fers forgés élaborés, ou encore la Casa Puig-Soler aux fines colonnes. La Casa Mas Roger, ancienne demeure de Salvador Dalí, mérite également le détour. L'office de tourisme distribue un plan des itinéraires architecturaux.

Le Castell de Sant Ferran : une forteresse colossale

À dix minutes du centre, le Castell de Sant Ferran étonne par ses dimensions. Construite au XVIIIe siècle pour protéger la frontière des invasions françaises, cette forteresse bastionnée est la plus grande d'Europe. Ses remparts s'étendent sur plus de trois kilomètres. On s'y promène librement, on grimpe sur les murailles pour admirer le panorama sur la plaine de l'Empordà et les Pyrénées.

La visite des citernes souterraines en jeep et zodiac constitue une expérience à part. On descend dans les entrailles de la forteresse, on navigue sur des bassins d'eau noire, éclairés par la lampe du guide. Les enfants adorent. Les claustrophobes moins.

Excursions depuis Figueras

La ville rayonne sur une région d'une richesse folle. Cadaqués, le village blanc où Dalí avait sa maison, se trouve à 45 minutes de route. Roses et ses plages dorées, à 20 minutes. Le monastère de Sant Pere de Rodes, perché sur les hauteurs du Cap de Creus, offre des vues à couper le souffle.

Plus proche, le village de Peralada constitue la promenade dominicale préférée des habitants. Son château abrite un musée, un casino et des jardins où il fait bon flâner. Le festival de musique qui s'y tient chaque été attire les mélomanes. À Vilabertran, à trois kilomètres, le monastère roman restauré accueille en août un festival dédié à Schubert.

Où manger et boire à Figueras ?

La cuisine de l'Empordà marie la mer et la montagne dans des plats dits "mar i muntanya". On y croise des recettes associant poulet et crevettes, seiches et escargots. La butifarra dolça, une saucisse douce à consommer crue ou cuite, fait la fierté locale. L'oignon de Figueras, rosé et savoureux, accompagne nombre de plats. Goûtez les flaonas, ces petits chaussons sucrés qui terminent les repas en douceur.

Évitez les restaurants collés au musée Dalí, souvent médiocres et surfacturés. Préférez les adresses autour de la Rambla ou dans les rues adjacentes. Le restaurant Duran, où Dalí avait ses habitudes, perpétue une gastronomie soignée dans un cadre élégant. Can Jeroni, sur la place du marché, sert une cuisine familiale transmise de mère en fille depuis quatre générations. Pour les tapas, la Sidreria Txot's propose une terrasse agréable et un bon rapport qualité-prix.

La région produit des vins sous l'appellation DO Empordà. Plus de 30 caves ouvrent leurs portes aux visiteurs le long de la route des vins. En juin, la Foire aux vins transforme la Rambla en gigantesque dégustation à ciel ouvert.

Où dormir à Figueras et aux alentours ?

Le centre-ville, autour de la Rambla, permet de tout faire à pied. Les hôtels y sont nombreux, des auberges économiques aux établissements plus raffinés comme l'Hotel Duran ou l'Hotel Pirineos. Pour plus de calme, le quartier de Sant Ferran, près de la forteresse, offre des hébergements spacieux avec parking.

Si vous comptez rayonner dans la région, un logement près de la gare Figueres-Vilafant facilite les déplacements. Les villages environnants comme Vilabertran ou Peralada proposent des chambres d'hôtes au calme, dans un cadre rural. Les tarifs restent inférieurs à ceux de Barcelone ou des stations balnéaires de la Costa Brava.

Comment se rendre et se déplacer à Figueras ?

Depuis la France, l'accès est simple. En voiture, l'autoroute AP-7 depuis Perpignan vous y dépose en 30 minutes. Comptez environ 1h30 depuis Montpellier, 2h30 depuis Toulouse. Le péage coûte une dizaine d'euros depuis Le Perthus.

Le train constitue l'option la plus pratique. La gare Figueres-Vilafant, sur la ligne à grande vitesse, reçoit les TGV depuis Paris en 5h environ. Depuis Barcelone, les trains AVE et Avant effectuent le trajet en 55 minutes pour 7€ à 20€ selon l'anticipation de la réservation. On compte une quinzaine de liaisons quotidiennes. L'aéroport de Gérone-Costa Brava, à 45 minutes, offre une alternative pour les vols low-cost.

Sur place, tout se parcourt à pied. Le centre-ville est compact, les principales attractions se trouvent à quelques centaines de mètres les unes des autres. Une voiture devient utile uniquement pour explorer les environs.

Quand y aller ?

Le printemps et l'automne offrent les meilleures conditions : températures douces, foule modérée, lumière magnifique sur les paysages. L'été attire les foules au musée Dalí, les files d'attente s'allongent et les prix grimpent. La tramontane, ce vent du nord caractéristique, souffle régulièrement et rafraîchit les journées chaudes. L'hiver reste doux mais certains établissements ferment ou réduisent leurs horaires. Évitez le mois d'août si vous détestez la cohue.