
Le mot de la réaction, publié le 22/10/2025
Trois mascarons de pierre crachent leur eau fraîche dans un bassin courbe. Derrière eux, une image rare en terracotta du XVIIIe siècle représente São José de Botas, patron des bandeirantes. Le Chafariz de São José n'est pas qu'une simple fontaine coloniale : c'est le cœur hydraulique d'une ville qui a traversé les siècles sans perdre son âme.
Construit en 1749 par la Câmara Municipal de São José Del Rei, ce monument incarne toute la sophistication et les contradictions de l'époque coloniale. Considéré comme le plus beau chafariz du Brésil, il se distingue par son architecture baroque travaillée dans des blocs de quartzite local. Sa façade rappelle celle d'une église, avec ses pilastres, son fronton curviligne et ses volutes élégantes.
Mais au-delà de sa beauté, ce chafariz raconte une histoire sociale brutale. Il fut conçu avec trois fonctions distinctes : abreuver la population libre à l'avant, servir de lavoir aux esclaves à gauche, et désaltérer les animaux et les esclaves à droite. La ségrégation était inscrite dans la pierre même.
Observez le monument de profil : vous remarquerez une particularité troublante. Le chafariz présente une inclinaison d'environ 15 degrés, conçue pour qu'en cas d'effondrement, la structure s'écroule sur les esclaves et les animaux à l'arrière, épargnant ainsi les maîtres assis à l'avant. Cette géométrie cruelle témoigne de la hiérarchie sociale implacable du Brésil colonial.
Le Chafariz de São José est l'unique fontaine de l'État de Minas Gerais à posséder un oratoire avec une image de saint. La statue de São José de Botas, protecteur des explorateurs, veille sur les lieux depuis près de trois siècles. Au-dessus, une croix sculptée porte le blason royal du Portugal, rappelant la tutelle de la métropole.
Les trois carrancas sculptées crachent toujours leur eau cristalline. Cette eau descend de la Serra de São José par un ancien aqueduc de pierre d'environ un kilomètre, partant du Bosque da Mãe D'água. Habitants et touristes viennent encore remplir leurs gourdes à cette source.
Une légende tenace circule parmi les visiteurs : certains croient qu'il faut boire à une seule des trois fontaines pour s'assurer richesse, santé ou amour, mais personne ne s'accorde sur quelle carranca offre quel don. D'autres affirment plus simplement que boire cette eau garantit votre retour à Tiradentes. À vous de tester !
Le conseil d'ami : Le calçamento devant le Chafariz est l'un des rares endroits préservant le pavage original de la ville en pierres pé-de-muleque. Prenez le temps d'observer ces galets irréguliers usés par trois siècles de passages : ils ont vu défiler toute l'histoire de Tiradentes.
Inscrit au registre des Belas Artes de l'IPHAN le 3 décembre 1949, le chafariz fait partie intégrante du circuit historique de la ville. Tout itinéraire à Tiradentes passe inévitablement par ce monument. Le patio entouré de murets avec des bancs de pierre invite à la pause contemplative, tandis que les maisons coloniales colorées qui bordent le largo créent un décor digne d'une peinture.
Notez toutefois que l'état de conservation peut varier. Si certains visiteurs louent la préservation du site, d'autres ont récemment signalé des problèmes d'entretien. Vérifiez avant votre visite que les fontaines fonctionnent pour profiter pleinement de l'expérience.
*Informations sujettes à variation